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CONTES ET LEGENDES DE TUNISIE, par Albert Simeoni : Le manicotti.

CONTES ET LEGENDES DE TUNISIE, par Albert Simeoni : Le manicotti.

 

 

 

Le 17 Avril 1902, vers les 14 Heures 30, Maïra Abitbol épouse Nathan, est debout devant sa dekhana (bâtie avec un fourneau) manque d’imagination pour bien honorer la fête de Ytro.

Comme chaque année, la famille s’accommode des qqs pâtisseries et confiseries que son mari, rabbin à la hara, apporte dans son couffin.

Maïra, devant sa pate pétrie, peine à imaginer ce qu’elle pourrait créer d’innovent pour surprendre son mari et ses enfants. Elle décide d’étaler sa miche de pâte sur le plan de travail tout en lui donnant une forme rectangulaire, mais très fine avec son rouleau, un bout de manche à balai.

Comme inspirée par une fée pâtissière, elle découpe des fines lamelles qu’elle laisse reposer. Son intention est de les plonger, plus tard, dans l’huile chaude pour en faire des lamelles frites et ensuite les saupoudrer de sucre.

Elle verse une bonne quantité d’ huile d’olive vierge dans une casserole qu’elle pose sur la grille de sa dokhana, puis elle va se reposer un moment sur le divan.

Elle s’assoupit tandis que l’huile chauffe.

Sa fille Kmi’ché, âgée de 9 ans, rentre dans la cuisine et remarque ces lamelles de pâtes fines étalées en bon ordre.

Pour s’amuser un peu, elle se saisit de l’une d’elle. Elle l’enserre autour d’une cuillère en bois et la plonge dans l’huile bien chaude. Elle laisse la matière se dorer légèrement, puis retire la cuillère et voilà qu’une forme se crée, une pâtisserie ronde, aux lamelles bien serrées.

Elle pose cette dernière sur une écuelle en bois pour l’égouttage. Elle récidive l’opération au moment où sa maman réveillée en sursaut, se précipite dans sa cuisine. Et là elle voit sa fille faire des ronds de pâtisseries.

‘…Ech’kââ’da tââ’mel ye benti… ? ‘Qu’est ce que tu fais ma fille… ?’
‘…Chey habit net’jabél ye mââ… ! Je voulais m’amuser… !’
‘…Kifféch ââmelt el fourmat e’dou… ? Comment a tu fais pour faire ces formes… ?’

Et de lui montrer la façon de procéder.

Maïra n’en revient pas. Elle s’exécute sur le champ, essaye de régulariser les formes tant bien que mal. Une heure plus tard, toutes les lamelles en forme rondes sont frites.

Avec un peu plus de maitrise, ces dernières se retrouvent bien régulières dans leur rondeur.

Un fois les formes égouttées, elle les saupoudre de sucre. Elle en goute une et trouve cela très délicieux.

Son mari rentre le soir et le voilà bien surpris de constater cette nouvelle pâtisserie trôner sur la table.

‘…Chnoué e’dou yé mrââ… ? Qu’est ce donc cela femme…?’
‘ …Basta m’douara ou mghel’fé bél soccor… ! Une forme de pate ronde saupoudrée de sucre… !’

Le lendemain, elle décide de faire gouter son œuvre à sa voisine. Cette dernière est enchantée tant par la forme que par ce gout croustillant et fondant.

En qqs jours, Maïra se fait connaitre, dans le quartier de la Hara pour ses ‘…Basta m’dourin … !’

Elle décide de commercialiser sa sucrerie pour deux demi sous la pièce.

Elle enchaine les commandes à tel point que sa cuisine ne suffit plus à contenir les plateaux et les paquets.

Faute d’espace, elle loue une petite grange, juste en face de chez elle, qu’elle aménage en atelier de fabrication. Sa renommée est faite.

‘…Ye mââ, loucen fi youd, el soccor tgha’dessem fél ââchel... ?’Maman, et si au lieu de saupoudrer avec du sucre tu ne les plonges pas dans un bain de miel… ?’

La Basta ‘mdoura… ! Prit ainsi le nom de DEBLA ( manicotte) grâce à l’idée géniale de la fille de Maïra.

Son arrière- petit- fils ouvrira sa première boutique au centre ville de Tunis sous l’enseigne de NATHAN.

A Paris, deux boutiques ‘…CHEZ NATHAN ‘voient le jour en 1950, une dans le quartier de Montmartre, l’autre sur le Bd de Belleville.

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