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Dany Boon : « J’ai su que ma conversion au judaïsme s’était bien passée quand j’ai commencé à recevoir des insultes antisémites »

Dany Boon : « J’ai su que ma conversion au judaïsme s’était bien passée quand j’ai commencé à recevoir des insultes antisémites »

 

Rencontre à Tel Aviv avec un hypocondriaque tendre et humble, à l’occasion de la sortie israélienne de Supercondriaque, qui veut nous faire rire tout en nous émouvant pour toucher notre néshama.

Quand avez-pris conscience de savoir faire rire ?                                      

J’avais 5 ans et je faisais tout pour faire rire ma maman qui n’allait pas très bien et ça marchait. J’ai alors découvert que l’on m’avait offert un don et qu’il fallait que j’en sois digne.                                                     

Né d’un père kabyle et d’une mère catholique, comment avez-vous traversé l’enfance ?                                                                                     

Ma famille maternelle nous a rejetés, mes parents et moi. J’ai connu le racisme de ma propre famille contre mes parents, celui de certains français et des arabes contre les kabyles, celui des kabyles et des arabes contre les français. En fait, dès qu’on est une minorité on en « prend plein la tête ».

 

Vous dites que c’est justement ce rejet qui vous a permis de développer votre sensibilité.                                                                                          

Le fait d’avoir vécu l’exclusion m’a poussé à essayer de comprendre pourquoi on ne m’aimait pas et donc à m’ouvrir aux autres, questionnement que l’on retrouve d’ailleurs dans le judaïsme.

 

Diriez-vous qu’il y a une montée de l’antisémitisme en France ?                                                                                                      

Oui et c’est dramatique. J’ai vécu 4 ans à Los Angeles et là-bas on peut rester devant la syna avec talit et kippa. Je me suis dit que c’était ça la normalité et pas ce que l’on vivait en France où l’on nous demande de nous cacher.

 

L’avez-vous ressenti à vos propres dépends depuis votre conversion ?     

Oui, et ce sont les insultes reçues qui m’ont fait comprendre que ma conversion s’était bien passée ! Un jour, deux journalistes m’ont provoqué « à présent que vous êtes juif, vous êtes riche ». «J’étais déjà très riche quand j’étais catholique et je connais beaucoup de juifs pauvres » leur ai-je répondu. Je pense avoir réagi comme il le fallait, je n’ai pas voulu alimenter. Et je connais en effet beaucoup de juifs pauvres car je suis très impliqué dans les associations Meir Panim ou Hadassah.

"C'est ma mère qui a crocheté toutes les kippot de mon mariage"

 

Estimez-vous que Dieudonné soit un comique ?                                         

Non. Pour faire rire, il faut aimer les autres. Dès qu’on aime plus les autres, on ne peut plus donner, on ne peut plus faire rire. J’ai été menacé à la suite de mes déclarations sur Dieudonné et longtemps protégé, par ma mère.

 

Comment avez-vous annoncé votre conversion à votre mère ?
Je lui ai tout simplement dit que je passais du Nouveau Testament à l’Ancien. C’est elle qui a crocheté toutes les kippot de mon mariage et brodé Daniel en hébreu sur la mienne. Claude Berry qui était là en avait d’ailleurs été très touché et quant à ma mère, ima shéli, elle s’en est sortie avec une kippa elbow.

 

Votre « conversion d’amour » comme vous la nommez a-t-elle changé votre vie ?                                                                                                           

Non, elle m’a juste rassuré. J’ai retrouvé dans le judaïsme beaucoup de similitudes avec ce que j’avais vécu, essayer de comprendre l’exclusion et faire rire pour faire tikoun en est une.

Par Nathalie Sosna-Ofir Actualite Juive

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