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DE LA MORALE EN POLITIQUE, par Shmuel Trigano

DE LA MORALE EN POLITIQUE

 

Shmuel Trigano

 

Trois événements ont défrayé la chronique israélienne ces derniers temps. Le premier, sans doute le plus fort, a été rapporté par le journal Israël Hayom, révéléant au public que le Syndicat des médecins israéliens avait adopté une nouvelle règle, préconisant, en situation d'urgence grave où les blessés sont nombreux et l'équipe médicale limitée, de soigner non plus comme avant en premier lieu les victimes mais, si le cas se présente, le blessé le plus grave et donc possiblement le meurtrier quand il a été touché par la police si elle était là. Ce changement de politique, pris à l'initiative de l'ONG "Médecins pour les droits de l'homme", prend un relief particulier avec les assassinats islamistes au poignard (à l'heure actuelle, 22 personnes assassinées, 347 blessés ou traumatisés), encouragés et célébrés par l'Autorité et  la société palestiniennes ( dont 65% soutient les meurtres de Juifs). Une victime pourrait donc mourir faute de soins immédiats, dispensés à l'assassin plus gravement blessé , "avec amour et de tout cœur" (Dr Israël Eilig) comme aux victimes? L'émoi publique est d'autant plus grand que la décision a été prise secrètement pour éviter tout débat forcément politique. La question qui se pose: à quoi sert d'être citoyen d'un Etat qui ne vous accorde aucun intérêt particulier en cas de danger?

 

Le deuxième cas a aussi à voir avec une ONG du nom de "Brisons le silence". Derrière ses finalités "morales", son agenda politique est évident: accuser mensongèrement Israël de crimes de guerre à travers tournées mondiales de conférences, rapports, etc, avec l'audience planétaire que lui permettent des finances considérables. Le gouvernment lui a désormais interdit tout prosélytisme auprès des soldats, des écoles et universités où elle diffusait sa propagande, ce qui provoque la fureur de la gauche israélienne qui accuse le gouvernement de mettre en danger la "démocratie" et la liberté d'opinion. En somme, un Etat en guerre devrait souffrir sans réagir que certains de ses citoyens, stipendiés par des puissances extérieures, concourrent à ruiner sa légitimité sur la scène internationale et dans son opinion publique?

 

Il est important de souligner que dans les deux cas il s'agit d'ONG. C'est le nouvel acteur de l'ère "post-démocratique". Ces associations s'instituent  juges des affaires publiques, mènent des actions judiciaires contre l'Etat au nom des "droits de l'homme". Sans démocratie interne, sans contrôle externe, la plupart sont stipendiées en secret par des Etats (notamment européens, "champions des droits de l'homme" comme on sait), au point qu'on les qualifie d’Organisations Non Gouvernementales Gouvernmentales (les GONG). L'Etat démocratique est leur cible. Leur mode d'action en Israël: porter atteinte à son renom auprès de l'opinion publique et lui imposer une politique via le recours à la Cour Suprême. Elles sont le fer de lance de la campagne anti-israélienne mondiale.

 

Dans ces deux situations, la morale est invoquée par les activistes de ces ONG, mais de quelle morale s'agit-il si elle est administrée par des acteurs qui ne signalent pas par leurs œuvres et qui n'assument aucune responsabilité dans des circonstances où aucune réciprocité ne régit les protagonistes (la guerre "asymétrique" que symbolise bien le couteau de cuisine meurtrier)? Le plus grave est qu'outre ce court-circuitage de la démocratie les droits du citoyen sont systématiquement mis entre parenthèses au nom des droits de l'homme. Ce qui revient à méconnaître la souveraineté de l'Etat, seul garant de ses citoyens, encore plus en état de guerre. Sous le jour des droits de l'homme, il n'y a plus d'agresseur ni d'ennemi. L'acte de guerre est banalisé, les fronts intérieur et extérieur déniés.

 

On doit viser bien sûr à ce que la politique soit morale mais aucune association ne peut l'incarner sans l'instrumentaliser et ruiner son aura. Le postmodernisme a instrumentalisé la morale qui joue aujourd'hui le rôle que jouait autrefois l'idéologie. Les acteurs politiques rivalisent de "vertu". Dans l'arène stratégique, c'est la cause de terribles erreurs d'appréciation. La politique - et la guerre - relèvent d'une autre logique! Les droits de l'homme doivent s'adosser aux droits du citoyen et ne pas les recouvrir. C'est parce que la citoyenneté, qui suppose Etat et tribunal, a des droits, que les droits de l'homme peuvent être respectés. Saper l'autorité de l'Etat, c'est aussi ouvrir la porte à la violence.

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