De nos peurs et de nos angoisses
Par Ariel Amar
Président de la Commission Ile de France du CRIF
Nous savions déjà ce qu’il peut en coûter de porter une kippa ou plus simplement de se rendre dans une synagogue. Et avec horreur, nous avons vécu ces dernières années des moments douloureux. Je veux parler de cette multitudes d’actes antisémites perpétrés par des voyous et des lâches, depuis le mois d’octobre 2000 : plus de 7000 actes ou menaces antisémites. Faut-il rappeler le meurtre d’Ilan Halimi, lâchement assassiné ?
Faut-il rappeler l’assassinat de Jonathan Sandler (30 ans), de son fils Arieh (5 ans), de Gabriel Sandler (4 ans), de Myriam Monsonego (7 ans) commis par un fanatique islamiste, endoctriné à la haine des Juifs et plus généralement de l’Occident, qui a perpétré ces meurtres horribles, après avoir assassiné le maréchal des logis-chef Imad Ibn Ziaten (30 ans), le soldat de première classe Mohamed Farah Chamse-Dine Legouad (24 ans) et son ami Abel Chennouf (25 ans).
Nous prévenions que le climat était mauvais, il se détériorait. Nous disions aussi que lorsque l’on touche aux Juifs, cela n’augure rien de bon pour les autres et pour la France. C’est tout juste la preuve que quelque chose de grave est en train de se passer.
Toutes les digues ont sauté les unes après les autres. Cela fait des années que nous ressentons que les langues se délient et que l’on désigne aussi et avec une grande facilité des minorités. Sous les prétextes fallacieux « d'humour » ou d'information certaines minorités sont montrées du doigt ou stigmatisées.
Tout ne peut pas être dit, la liberté d’expression doit s’arrêter là où commence l’incitation à la haine. Mais, le mouvement a pris de l’ampleur. Avec quelle facilité, on désigne des boucs émissaires, fussent-ils noirs, Roms, ou autres.
Et, ce à quoi nous assistons montre que nous sommes dans une position intenable. La France serait-elle raciste ? Surement pas, mais il y a en France, des racistes. Il y a en France, des antisémites. Et ces gens polluent notre société et notre "vivre ensemble", et entretiennent un climat délétère.
Bien sûr, tant de choses ne sont pas comparables, et gardons-nous de généraliser. Mais, devrait-on assister sans réaction à cette montée de l’intolérance ? A cette montée de la violence ? Devrions-nous nous taire ? Faire comme si cela faisait partie d’un éventuel « prix » à payer dans une société qui doute, qui a peur, qui ne sait plus, qui ne sait pas.
Alors, revenons aux fondamentaux : on ne peut pas tout dire. On ne peut pas désigner de boucs émissaires, on ne peut pas faire comme si tout était normal. Dans une France malade, il nous faut réagir, nous élever et lutter d’une manière implacable contre les vieux démons d’extrême droite, contre l’islamisme qui menace la République et contre l’extrême gauche qui, insidieusement et peut-être sans s’en rendre compte, met aussi en danger la démocratie. C’est en nous élevant, que nous rappellerons les valeurs de la République. Pour lutter contre ceux et celles qui mettent à mal notre pays, nous devons rassembler toutes les forces démocratiques pour maintenir la cohésion nationale et faire de la lutte contre toutes les formes d’incitation à la haine directe ou indirecte une priorité nationale, une cause nationale.
Faisons en sorte que la France, pays des droits de l’Homme sorte grandie des difficultés actuelles et soyons tous unis contre le racisme et l'antisémitisme.
Ainsi nous contribuerons à donner tout son sens à notre belle devise républicaine:
LIBERTÉ, ÉGALITÉ, FRATERNITÉ
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