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EIN Esemch, par Emile Tubiana

 

EIN Esemch

 

par Emile Tubiana

 

Lorsque j'avais neuf ans j'avais opte pour la synagogue d'E'in Esemch (l'oeil du soleil) qui avait été aménagée par le grand-père de Leila Fitoussi dans une chambre au premier étage de sa maison dans l'ancien quartier arabe. C'était a E'in Essence que la plupart des Juifs habitaient avant l'arrivée des Français a Beja.

 

Chacune des familles qui habitaient dans ce quartier pouvait raconter le passe lointain de Beja. Elles connaissaient l'histoire de chaque famille juive et musulmane qui habitait ou qui avait habite Beja. Elles déterminaient l'âge et les événements en fonction des années passées dans chacune de ces anciennes maisons du quartier. Cette synagogue servait dans mon temps les vieux qui n'avaient pas quitte le quartier. La nouvelle synagogue du "Rebat" etait un peu loin pour les vieux. La plupart n'avaient jamais bouge de ce quartier, leurs familles y habitaient depuis des siècles.

 

Les samedis j'allais prier dans cette petite synagogue. Les vieux de cette synagogue étaient pieux et pauvres, mais ils dégageaient de la bonté et de la gentillesse. Quand j'étais avec eux, je sentais que je respirais l'air de la vie. Ces vieux me transmettaient un sentiment céleste et une pureté humaine émanait de leurs personnes.

 

En un mot, ce qu'il y a de plus haut dans l'être. C'étaient pour moi des moments solennels. J'étais le seul enfant, parmi ces vieux, qui savait bien lire l'hébreu. Les femmes, avec leurs chemisettes bouffantes, leurs jupes faites d'un morceau de tissu qu'elles roulaient autour de leur corps, qu'on appelait "Fouta", leurs têtes couvertes de "Takritas" (foulards) attendaient en bas dans la cour et écoutaient les sons des chansons liturgiques et des prières qui sortaient par une petite fenêtre de la synagogue que les hommes laissaient ouverte durant le service. Quand je lisais la panacha de la semaine du Seder Tora, ( le rouleau en parchemin), tous étaient silencieux pour m'écouter. Une fois la lecture terminée, je devais faire le tour de tous ces vieux qui me félicitaient avec des compliments hébraïques, comme: "Hazak Veematz", ou "Hazak ou Baroukh" ou "Tizke Le Chanim Rabot" ou "Tizke le Hayim". ("Sois fort et courageux" ou "Sois fort et béni" ou "Que tu vives de nombreuses années" ou "Que tu mérites la vie"). C'était la coutume.

 

Une fois les prières du samedi terminées, ces femmes nous accueillaient dans la cour ou elles avaient prepare la table avec de la Boukha (boisson alcoolique de figues) et de la "Tfina Kameh" (pieds de veau avec du blé) ou de la "Tfina Camounia" (pieds de veau avec des pois chiches, de l'ail et du cumin) ou de la "Tfina Pekaila" (épinards frits a l'huile avec des pieds de veau et de la viande), ou encore de la "Tfina Nikitous" une soupe de poulet préparée avec des morceaux de sellerie et des pates fines rondes faites a la main) qui avaient cuit lentement toute la nuit et que l'on mangeait avec les grains de couscous.

 

Chaque semaine nous nous régalions d'une autre Tfina. En sortant je me sentais purifie par tout ce que cette ambiance créait en moi. Ces sentiments me pénétraient jusqu'au trefond de moi-même, je les gardais jalousement comme un trésor sacré et en sortant, et de crainte de les perdre, j'évitais mes meilleurs amis, que je pouvais rencontrer dans la rue. Je flânais dans les ruelles qui me paraissaient vides, afin de retarder mon entrée a la maison. Ainsi je réussissais à prolonger cet agréable état d'âme. Je me croyais le seul a être enveloppe de ces doux sentiments. Je les considérais personnels et sacrés. Mes parents et mes amis ne pouvaient pas comprendre que mon isolement était volontaire. J'avais beaucoup de compréhension et du respect pour eux.

 

Aujourd'hui, je me sens privilégié de pouvoir me refugier a certains moments dans ces agréables souvenirs. Je me rends compte, qu'il n'est pas donne a tout le monde de trouver son petit coin personnel et paisible. Malgré l'évolution que nous pouvons passer dans la vie, nous avons tous le besoin de nous retirer en nous-mêmes et dans notre propre monde.

 

Ce même sentiment émanait aussi d'un Viel homme musulman qui était pieux et qui venait visiter papa au magasin, ce qui me fait penser que certaines personnes possèdent cette sérénité, sans rapport a quelle religion elles appartiennent. Depuis j'ai appris à respecter tous les êtres, quels qu'ils soient.

 

Copyright Emile Tubiana

Extrait du livre"   les tresors caches" (du meme auteur )

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c'etait le bon vieux temps,quelle memoire?yaatik essaha.

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