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En Israël, les Femmes du Mur gagnent du terrain

«C'est une victoire historique», a lancé fièrement Anat Hoffman, l'égérie des Femmes du Mur.

En Israël, les Femmes du Mur gagnent du terrain

 

L'appel des ultraorthodoxes contre celles qui revendiquent le droit de prier comme elles l'entendent n'a eu que peu d'écho.

L'esplanade du Mur des lamentations a pris hier des allures de champ de bataille. Le site le plus sacré du judaïsme a été le théâtre d'une nouvelle épreuve de force à l'occasion des cérémonies pour le nouveau mois du calendrier hébraïque. D'un côté, trois cents féministes religieuses juives qui entendaient prier comme elles l'entendent dans la portion du Mur réservée aux femmes se sont frayé un chemin à travers une foule de deux cents ultraorthodoxes rendus furieux par cette «désacralisation». Pour éviter une mêlée générale, la police avait pris ses précautions et déployé d'importants renforts dans la vieille ville de Jérusalem. Le pire a été évité. Seules quelques échauffourées se sont produites.

Sur le terrain, les membres du groupe des Femmes du Mur ont marqué un deuxième point. Le mois dernier, après vingt ans de lutte, elles avaient déjà obtenu d'un tribunal le droit de prier, de lire la Torah et de chanter à haute voix tout en portant des châles traditionnels de prières devant le Mur, vestige du Temple juif détruit par les Romains en l'an 70. Quelques jours plus tard, la première prière organisée légalement par ces femmes avait dégénéré en affrontements.

Cette fois, des médias ultraorthodoxes avaient appelé à une mobilisation générale. Les troupes n'ont pas suivi. Seuls quelques jeunes séminaristes ultraorthodoxes ont répondu présent. «C'est une victoire historique», a lancé fièrement Anat Hoffman, l'égérie des Femmes du Mur, après avoir chanté l'hymne national à la fin de la cérémonie. Mais pour elle, la «libération du Mur» est loin d'être achevée.

Une «provocation»

La polémique ne porte pas seulement sur des questions de doctrine religieuse. Les Femmes du Mur regroupent surtout des représentantes des courants libéral et conservateur du judaïsme, majoritaires aux États-Unis, mais minoritaires en Israël face aux ultraorthodoxes partisans d'une vision beaucoup plus stricte de la pratique religieuse, qui contrôlent le Mur des lamentations et les institutions religieuses. «Nous n'acceptons pas que le Mur reste une synagogue ultraorthodoxe», a coutume de proclamer Anat Hoffman, qui s'insurge aussi contre les «discriminations» dont sont victimes les femmes dans le judaïsme. «Les hommes ont par exemple droit à une portion de 75 % du Mur pour prier, tandis que les femmes doivent se contenter du reste», s'indigne-t-elle.

Cette femme de conviction a donné de sa personne. Ces dernières années, elle a été plusieurs fois arrêtée, parfois sans ménagements, par la police et houspillée par des contre-manifestants pour avoir prié à haute voix et revêtu le châle de prière, avant la décision de justice du mois dernier.

Dans l'autre camp, ce qui est vécu comme une «provocation» passe très mal. «Le fait de transformer le Kotel (le Mur en hébreu) en une forteresse barricadée à cause d'un petit groupe n'est pas à l'honneur du peuple juif et des sites saints du judaïsme», déplore le rabbin ultraorthodoxe Shmuel Rabinovitch, qui officie au Mur des lamentations. Le nouvel arrangement n'a d'ailleurs pas apaisé tensions et passions. Une des militantes féministes a été prise récemment pour cible par des inconnus qui ont badigeonné des slogans hostiles dans sa cage d'escalier et sur la porte de son appartement à Jérusalem. Des lettres de menaces ont également été adressées à des rabbins ultraorthodoxes. Le processus de paix entre les deux camps risque de prendre du temps.

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