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En Tunisie, les islamistes radicaux sortent de l'ombre

En Tunisie, les islamistes radicaux sortent de l'ombre

 

Le parti islamiste tunisien, le Front de la réforme, qui prône l'application de la charia, a réuni dimanche à Tunis pour la première fois ses militants et a appelé les autorités à renoncer à la séparation du religieux et du politique. 

Ils avaient jusqu'ici planqué leurs pancartes et leurs slogans. Sortant parfois de l'ombre dans la vieille ville de Tunis, ou à Monastir, pour s'en prendre aux jeunes filles sans le hijab. Depuis peu, ils font entendre leur voix. Et se démarquent du parti Ennahda, associé au pouvoir, depuis la chute de Ben Ali. Le Front de la réforme, qui se veut un parti ouvertement islamiste et qui prône l'application de la charia, a réuni pour la première fois, dimanche, au coeur de la capitale tunisienne ses partisans.

Il a appelé, ni plus ni moins, les autorités à renoncer à la séparation du religieux et du politique.

Le chef de ce mouvement autorisé depuis le mois de mars, Mohamed Khouja a expliqué à l'AFP s'être adressé à l'Assemblée nationale constituante «pour que la charia soit inscrite comme l'unique source de législation» en Tunisie. «La séparation entre la religion et le politique est une grande erreur, car la politique c'est la gestion des affaires des gens», a ajouté Foued Ben Salah, membre du bureau politique du parti.

Pour un Etat islamique

Devant quelque 300 militants réunis au Palais des Congrès de Tunis, les responsables du parti ont présenté leur programme qui vise à l'instauration en Tunisie d'un Etat islamique. Interrogé par l'AFP sur les violences déclenchées en juin par des jeunes salafistes, Mohamed Khouja a indiqué souhaiter les attirer afin que ces derniers participent à la vie politique. «Beaucoup de jeunes n'ont pas trouvé quelqu'un qui les écoute. Nous les comprenons, et pour cela nous essayons de les attirer et de les encadrer», a-t-il dit, estimant qu'ils devaient participer sur le terrain politique «à la construction de la nouvelle Tunisie».

L'Assemblée nationale constituante qui doit achever d'ici octobre la rédaction d'une nouvelle Constitution est dominée par une coalition tripartite rassemblant les islamistes d'Ennahda et deux partis de centre-gauche, le Congrès pour la république et Ettakatol. En mars dernier, Ennahda, principale formation politique du pays qui dirige le gouvernement de coalition, a annoncé que la charia ne serait pas inscrite dans la loi fondamentale tunisienne, au grand soulagement de ses partisans de la coalition.

«Une alliance avec des partis dont la référence est l'islam est probable s'il y a des projets en faveur du peuple et du pays. Si ces partis se trompaient, nous leur dirions qu'ils commettent des fautes et nous essayerions de les corriger», a déclaré le chef de file du Front de la Réforme. Rached Ghannouchi, le chef d'Ennahda principal vainqueur des élections de l'après Ben Ali, était présent à la réunion de ce mouvement mais ne s'est pas exprimé devant les militants.

 

LeParisien.fr

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