Frères de coeur

"Frères de coeur"

C'est une histoire qui commence par une tragédie et finit en happy end familial. Un jour de 2008, Yaniv Pozoarik, un militaire israélien de 20 ans, est abattu par un camarade de chambrée (accident ou assassinat ? Il semblerait que la deuxième option soit la plus probable). 

Ses parents, effondrés, comme on l'imagine, décident alors de faire une chose merveilleuse : ils acceptent que leur fils défunt donne six de ses organes, dont son coeur. Il est aussitôt transplanté dans la poitrine de Saleem Louayh. 

Jusqu'ici, rien d'exceptionnel, sinon un petit miracle de chirurgie, pratiqué depuis une quarantaine d'années. Mais la scène se passe en Israël. Et Yaniv était juif et Saleem est arabe. A aucun moment, les parents de Yaniv ne se sont questionnés sur la couleur de peau ou la religion de celui à qui leur cher disparu sauvait la vie. C'était un homme, et voilà tout. Peu de gens, hélas, pensent comme eux en Israël, pays où pour des raisons religieuses, le don d'organes n'est pas très courant - ceci, alors même que ce n'est défendu ni par la Torah ni par le Coran, et que seule une poignée de rabbins extrémistes, parfaitement minoritaires, l'interdit.

Le plus étonnant, c'est que le maître d' oeuvre de cette belle opération a un nom tout prédestiné, le docteur Lavee (prononcer « la vie ») ; que Saleem a perdu ses parents et qu'après avoir rencontré les parents de son défunt donneur, il fi nit par les appeler « papa » et « maman » ! Mieux : plein de gratitude envers cette famille d'adoption et pour ne pas gâcher le sursis inouï que le destin lui a prodigué, Salim se fait un devoir d'être heureux ici-bas. Du coup, il en fait des tonnes en grandes déclarations d'amour et moments forts d'émotion. C'est du reste le premier reproche qu'on pourrait adresser à ce documentaire : il a tendance à jouer les tire-larmes avec une complaisance un peu gênante. Le second, c'est qu'une fois passées les dix premières minutes, on pressent que son auteure a épuisé ce beau sujet et ne sait plus où poser sa caméra. Mais comme Saleem est sympa et les parents de Yaniv, admirables de dignité, on leur pardonne tout.