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Gros revers pour l’aviation israélienne Par Jean Tsadik

Le RQ-170 Sentinel américain C’est à cet appareil que le drone iranien pourrait ressembler

 

Gros revers pour l’aviation israélienne (info # 010810/12) [Analyse]

Par Jean Tsadik © Metula News Agency

 

Hier, dimanche, des F-16 ont effectué du radada (passages à très basse altitude) sur diverses places fortes du Hezbollah dans la région de Nabatiyeh – ville du Liban-sud, à 13km de la rédaction de Métula – dans la section centrale de la frontière israélo-libanaise.

 

Certaines sources font état d’attaques simulées contre ces objectifs, mais nous n’avons constaté que des vols au raz des pâquerettes. Toujours est-il que ce genre d’acrobaties possède un effet assez terrifiant sur ceux qui sont survolés, et j’en parle en connaissance de cause.

 

Sûr aussi que, dans ces situations, les pilotes procèdent le doigt sur le collimateur, et qu’il suffirait que les miliciens en-dessous allument un système de missile sol-air, ou lâchent une salve de canons antiaériens pour que les avions ne les engagent pour de vrai.

 

Mais les Hezbollani sont bien encadrés et leurs chefs connaissent les retombées probables d’une nouvelle confrontation avec les Hébreux, et ils ont, dès lors, dominé leurs nerfs.

 

La démonstration de force de la Khe’l Avir (l’Armée de l’air israélienne) entendait servir d’avertissement à Hassan Nasrallah et à ses combattants, pour leur indiquer ce qui les attend en cas d’éclatement du conflit dont ils ne cessent de parler.

 

Pour Jérusalem, il s’agissait également de réagir suite à l’incursion d’un drone iranien, la veille, dans son espace aérien. L’appareil, qui avait décollé du sud de la ville côtière libanaise de Sidon, avait longé la côte méditerranéenne de l’Etat hébreu, puis avait obliqué sur Gaza en direction de l’Est, et survolé le territoire israélien, avant d’être abattu par des chasseurs sur l’exceptionnel vignoble de la forêt de Yatir, en plein désert du Néguev.

 

A en croire les communiqués de Tsahal, l’avion sans pilote aurait été identifié alors qu’il se trouvait encore sur la mer mais les militaires auraient patiemment attendu "qu’il survole une région désertique afin de l’abattre, pour éviter de blesser des résidents au sol".

 

Avec toute l’estime que nous portons à la Khe’l Avir, nous ne pouvons toutefois pas authentifier cette version des faits, car elle est contradictoire. Si ce compte-rendu était véridique, pourquoi ne pas avoir descendu le drone sur la mer ? Il n’y a rien de plus inhabité que la mer.

 

Si les radars avaient effectivement identifié l’appareil ennemi alors qu’il se trouvait encore sur la Méditerranée, et si des chasseurs-bombardiers l’encadraient dès cette portion de son exploit, pour quelle raison lui auraient-ils permis de pénétrer dans notre espace aérien et de le survoler durant une vingtaine de minutes ?

 

En fait, ils auraient dû l’anéantir bien avant qu’il ne franchisse la ligne côtière, car à trois ou cinq mille pieds [env. mille à deux mille mètres], en face de Gaza, on peut déjà filmer quantité de dispositifs sensibles que Jérusalem n’a aucune envie de voir inspecter par les Perses.

 

Et puis, de la région survolée, on peut apercevoir sans problème les infrastructures du réacteur de Dimona, censé, selon des sources étrangères, abriter l’arsenal nucléaire israélien. On peut aussi contempler à l’envi les installations de défense de ce site.

 

D’autre part, avant de pouvoir examiner ses débris, il était impossible de savoir si l’engin ne transportait pas de charge explosive, comme le petit drone intercepté durant la guerre de 2006, qui était doté d’une charge de 30 kilos.

 

Or d’après les images de l’annihilation du drone distribuées par Tsahal, on peut, à en juger par l’intensité de l’explosion, déjà en déduire qu’il ne s’agissait pas d’un appareil de poche, mais d’un avion de taille moyenne. Un aéronef capable de véhiculer une charge d’une centaine de kilos, peut-être même davantage.

 

Et une ogive iranienne de cette taille survolant les abords du lieu le plus sensible d’Israël, c’est assurément un scénario catastrophe !

 

L’observation des débris a permis d’écarter l’hypothèse d’un drone muni d’une charge explosive, mais tout de même… il a pu prendre des images et les envoyer à Téhéran. Et cela constitue à n’en pas douter un cuisant échec pour l’IDF au niveau de la protection du territoire et de ses sites stratégiques, ne nous voilons pas la face.

 

Deux semaines environ après l’ultimatum lancé aux ayatollahs par le 1er ministre Netanyahu depuis la tribune des Nations Unies, l’incident de dimanche est objectivement inquiétant et fait office de signal d’alarme général. 48 heures après les faits, je puis vous assurer que Tsahal se trouve en état de branle-bas général, et que l’on y passe au peigne fin tous les systèmes d’identification et d’interception d’objets volants dans le ciel israélien.

 

Nous, de déplorer le contenu des communiqués du porte-parole de l’Armée. Vouloir nous faire croire que l’on a sciemment laissé un aéronef se diriger vers le Néguev tandis que l’on avait l’opportunité de l’abattre en pleine mer est faire insulte à notre intelligence.

 

Pour l’occasion, Tsahal s’est "hissée" au niveau de communication de l’état-major égyptien ou syrien. Pour ce qui est de sa crédibilité, c’est tout bonnement déplorable, fragilisant la fiabilité des informations qu’elle nous communiquera à l’avenir.

 

Non seulement nul n’est à l’abri de la tentation de désinformer, mais de plus, nous sommes étonnés de la naïveté de l’intention des militaires. Ils ne pouvaient pas imaginer que les gens de la branche – ils sont des centaines – se laisseraient abuser par une niouze niveau AFP. Alors pourquoi avoir tenté le coup ?

 

Et certains, depuis dimanche, font courir la rumeur selon laquelle, si les F-16 n’ont pas abattu le drone plus tôt, c’était pour permettre à nos spécialistes d’avoir le temps d’étudier ses caractéristiques. Etudier un appareil ennemi inconnu à la verticale d’un réacteur nucléaire. Drôle d’idée, non ?

 

Mieux vaut relever le commentaire du général de réserve Shlomo Brom, actuellement analyste stratégique à l’Institut National d’Etudes sur la Sécurité (INSS) : "Il a parcouru une distance relativement longue, indiquant un haut niveau de sophistication".

 

L’un de ses confrères à l’INSS, Yftah Shapir, partage notre impression de "signal d’alarme", dans sa remarque : "Le drone pourrait être un message indiquant qu’ils (les Iraniens) ont la capacité d’envoyer cela, et de le faire peut-être avec des armes".

 

Car c’est là le second volet de l’avertissement de dimanche : le premier étant que nos systèmes de défense ne sont semble-t-il pas infaillibles, le deuxième, que la technologie développée par la "République" Islamique pourrait être sous-estimée en Occident et en Israël, et que Téhéran bluffe moins qu’il n’y paraît.

 

Le drone descendu dimanche, à titre d’exemple de cet avancement technologique, pourrait être un clone iranien du RQ-170 Sentinel (sentinelle) américain, qui s’était écrasé en 2012 sur le territoire de la "République" Islamique. Or les Iraniens ont annoncé, en avril dernier, qu’ils étaient parvenus à construire une réplique à leur façon du RQ-170, et qu’ils disposaient dorénavant de drones capables d’emporter des missiles à plus de 2000 kilomètres de leur point de lancement. Mais personne ne les avait crus.

 

Et si un appareil de cette taille respectable, douze mètres d’envergure sur cinq de long, a décollé de Sidon sans que nous ne nous en apercevions, c’est plus inquiétant encore. Nous qui sommes censés être capables d’enregistrer tous les mouvements aériens sur tous les aéroports arabes…

 

Certes, mais cet objet volant intrusif n’a probablement pas pris l’air depuis un aéroport balisé, et il était vraisemblablement confectionné en matériaux composites, difficiles à repérer sur un écran radar. Mais personne n’a promis aux militaires que la guerre contre l’Iran serait un pique-nique, qu’elle ne se composerait que d’une succession de victoires, ni que l’ennemi est stupide ou qu’il a levé les bras avant même le début du cœur de la confrontation.

 

Ce dont on a désormais la preuve illustrée est que la phase durant laquelle Téhéran se contentait d’armer la milice du Hezbollah afin qu’elle mène des opérations de guérilla contre l’Etat hébreu est désormais révolue.

 

En dotant ses supplétifs chiites libanais des armes les plus sophistiquées de son arsenal, la théocratie perse a maintenant intégré le Liban dans son dispositif militaire. C’est précisément ce qu’il fallait comprendre lorsque nous vous avions montré que c’était le drapeau iranien qui flotte sur Kfar Kileh, face à Metula.

 

La "République" Islamique a, de facto, annexé le pays aux cèdres, et la présence des minorités hostiles sunnite et chrétienne, de même que celle, sur le terrain, de son armée nationale – d’ailleurs sévèrement phagocytée par le Hezb. – apparaissent désormais comme des avatars. Des détails que les ayatollahs se proposent d’écraser massivement dès que l’occasion se présentera.

 

Et si Israël a retenu ses bombes, hier, c’est parce qu’il savait pertinemment que s’il ne l’avait pas fait, il aurait réalisé la seule manœuvre permettant encore de résoudre la Guerre civile syrienne. En liguant tous les protagonistes contre les Juifs.

 

Pour Téhéran, il n’est pas souhaitable que la Guerre civile libanaise attende la chute des al Assad avant de se déclencher. D’un point de vue logistique, il sera plus ardu de défaire les chrétiens et les sunnites sans pouvoir disposer de la profondeur du territoire syrien. Pour pallier cet inconvénient, les Pasdaran multiplient au Liban les provocations intercommunautaires, avec l’aide du Hezb, d’agents syriens et de soldats déjà passés sous leur commandement.

 

Quant aux Libanais non-chiites, ils ne verront pas d’un bon œil le lancement du drone de Yar Yatir (la forêt de Yatir) à partir de leur sol. Ils savent bien que ces armes sont aussi bien dirigées contre l’Etat hébreu que contre eux. On observe d’ailleurs un rapprochement de moins en moins discret entre les chefs du Courant du 14 mars – indépendantiste, antisyrien et anti-iranien – et Israël.

 

De notre promontoire à 400 mètres du Liban, nous ne serions pas surpris, en cas de conflit, d’assister à une alliance entre le 14 mars et les Hébreux. C’est même le contraire qui nous étonnerait.

 

Il faudra alors faire un peu plus qu’effrayer les poules et les dindons du Liban-sud en effectuant du radada sur les chaumières, également remplies de roquettes jusqu’au grenier. Jusqu’à preuve du contraire, on considèrera à Tsahal le Liban comme faisant partie du dispositif militaire d’Ahmadinejad. Et pas uniquement pour lancer des Katiouchas d’une conception vieille de 70 ans, loin s’en faut.

 

Aux Israéliens de boucher rapidement les failles de leurs systèmes et de cesser de s’imaginer qu’ils sont seuls à pouvoir accomplir des prouesses technologiques. Ce dimanche, la théocratie médiévale de Perse leur a démontré le contraire ; elle l’a fait dans le domaine des avions sans pilote, que l’on croyait jusqu’alors mondialement dominé par les savants israéliens. Pourtant, un drone iranien a survolé sans encombre le Néguev vingt minutes durant.

 

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