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Histoire des Cohen Solal

 

                            Histoire des Cohen Solal (suite)

 

Apres avoir publié il y a une quinzaine d`années une première histoire des Cohen Solal, je vais essayer de la mettre á jour et de la compléter.

Tout d`abord, un retour sur le sens de ce nom.

Souvent, un deuxième patronyme est rajouté á Cohen pour préciser l`identité de celui qui le porte

Il est généralement accepté que le mot Solal avec ses variantes (Choulal, Cholal…) pourrait venir de l`hébreu et signifier être déchaussé (שולל) (comme les prêtres "Cohenim" dans le temple).

Solel veut dire aussi en hébreu frayer un chemin (לסלול דרך)ainsi qu`induire en erreur (להוליך שולל), mais aussi "nier" (לשלול)

D`origine arabe, ça serait un homme au caractère doux (Cholal) ou un fabriquant de panier en osier (sallal)

D`origine Espagnol, il y aurait peut être deux possibilités sous les formes de Xulell ou  Soall.

Dans mes recherches, y compris dans des documents datant du XIV siècle  en Espagnol, le nom de Xulell n`est jamais juxtaposé á celui de Cohen. Je ne pense donc pas que cette famille puisse être considérée comme celle des Cohen Solal (ou Choulal). Il semblerait en tout cas que ces Xulell durent se convertir en 1391 pour échapper aux massacres ou á l`expulsion et prirent les noms de Requesens et Francesc dans l`ile de Majorque.

Au tout début du XIV, les Juifs furent expulsés de l`Occitanie (région qui inclut Bordeaux á l`ouest, Marseille á l`est), surtout vers la Catalognevoisine et l`île de Majorque. Des communautés Juives s`y trouvaient déjà antérieurement (une synagogue y avait été construite déjà au XIII siècle).

En 1306, une certaine Regina vivant dans cette région, fille de Vidal de Montpellier, rédige un testament et désigne comme héritiers (entre autres) Abraham de La Rotxela(de La Rochelle), Jucef Cohen (ou Choen), et Yucef de Soall.

Ce document nous permet de comprendre tout d`abord que les Juifs en Espagneácette époque rajoutaient á leur nom celui de leur région d`origine (de La Rochellepar exemple). Nous apprenons aussi que des Cohen habitaient déjà á cette époque la région. Nous apprenons enfin que des De Soall habitaient aussi cette région. Pas loin de Castres et a une centaine de kilomètres de Toulouse, il y a une ville qui s`appelle Soual, de cette région même d`où les Juifs furent expulsés. Le son "ou" n`existe pas en Espagnol. Soual pourrait être donc devenu Soall. Un Cohen aurait donc pu s`appelé Cohen de Soall, et après quelques temps, Cohen Solal tout court.

Peut être…

Suivant d`autres sources, la famille Cohen Solal serait venue du Maroc á Majorque á la fin du XII siècle pour fuir l`invasion des Almohades qui avaient décrété qu`aucun Juif ne pourrait rester au Maroc (ou alors se convertir) et y serait retournait a la fin du XIV, pour fuir les massacres ou les conversions des Juifs en 1391.

Il existe au Maroc une colline qui porte le nom de Choulal dans le Parc National de Tazekka, pas loin de Tazza.

Serait ce l`origine du nom Cohen Choulal?

Au XVIII, le sultan du Maroc demanda á des familles riches et essentiellement Juives des grandes villes d`aller s`installer á Essaouira pour en faire un grand centre commercial et de devenir des courtiers royaux. Une de ces familles était des Cohen Solal et au XIX siècle, elle faisait toujours partie des familles qui y prospéraient.

Le premier Cohen Solal proprement dit daterait de la fin du XIV siècle. Ce nom toutefois n`apparaît que dans des documents d`Alger, mais dans aucun document d`origine de Majorque ou même d`Espagne.

Il s`agirait de David Cohen Solal, qui après avoir été forcé de quitter Majorque á la suite de massacres de Juifs, s`établit á Mostaganem en Algérie et en devint le rabbin.

Son fils, Avraham Ha Cohen Solal (1350-1430), rabbin d`origine de Majorque lui aussi, disciple du grand rabbin d`Alger Rabbi Simeon Ben Zemah Duran, s`établit áHonein en Algérie.

Son fils Hayim Kohen Solal et son descendant Nathan (mort en 1460) devinrent de riches négociants.

Nathan (qui fut aussi rabbin de Tlemcen) s`établit par la suite á Jérusalem (1502), ville qu`il dut quitter á cause des impôts énormes imposés par les Mamelouks. Il se rendit au Caire, oú il devint le  Naguid (représentant de la communauté Juive auprès du roi) et s`attacha á en renouveler son importance.

Son neveu Issac Ha Cohen Choulal fut le dernier Naguid des Juifs d`Egypte. Une rue (Choulal) porte son nom á Jérusalem, ville ou il vint (en 1515) finir ses jours (en 1525)

Ceux qui restèrent en Algérie continuèrent à faire partie des dirigeants de la communauté.

Parmi eux, Moise Ben Itshak Cohen Solal fut un grand négociant, ainsi qu`un grand philanthrope. Ses fils s`établirent aussi au Maroc et au début du XIX siècle, Marseille devint le centre de leurs activités.

Vers 1770, Nessim cohen Solal se maria avec Messaouda Cohen Solal en Algérie et leur arbre généalogique a été établi par un certain David Gordon (complet jusqu`au début du XX siècle) sur internet.

Une tombe datant de 1788 porte le nom de Moise Cohen Solal à Alger et révèle que lui et toute sa famille moururent de la peste.

Au XIX siècle, Haim Cohen Solal et son frère Jacob, fondèrent la première imprimerie qui publia des livres en hébreu, y compris la célèbre Haggadah d`Alger  

Au début du XIX siècle, des Cohen Solal d`origine Marocaine se trouvaient á Londres, dans le quartier financier, regroupés autour de la synagogue Bevis Marks, qui était la synagogue des Juifs d`origine Espagnole et Portugaise. Ces familles venaient en général de Gibraltar  et certains y sont même nés (comme un certain Nathan Cohen Solal en 1820 dont la descendance vit aujourd`hui dans le sud de la France).

De Salonique, un certain Amram Cohen Solal, né en 1911 á Sétif, et Lucien né á Alger  en 1904, furent déportés par les Nazis, avec le reste de la communauté en Mai 1944.

A la fin du XVI siècle, le Grand Duke Ferdinand I, afin de peupler la ville de Livourne en Italie, publie tout une série de lois visant à favoriser l`établissement des Juifs dans cette ville et d`en faire un grand centre commercial. Au début, cette ville fut peuplée surtout de Juifs d`origine Portugaise, chassés de leur pays par l`Inquisition. Par la suite, cette communauté se trouva renforcée par les Juifs chassés d`Oran (1667). Les Juifs furent autorisés á revenir á Oran au début du XVIII siècle et en furent chassés a nouveau  en 1735. Un certain Jacob Cohen Solal refusa de quitter la ville et y resta jusqu`á ce que les Juifs puissent y revenir trois ans plus tard.

Les contacts commerciaux se développèrent évidemment avec les Juifs d`Afrique du nord et des Cohen Solal de Tunisie et d`Algérie furent très actifs pendant cette période qui dura plus de 200 ans. A Livourne même, des Cohen Solal, venus d`Algérie au XVII siècle, avaient pignon sur rue et s`occupaient eux aussi, entre autres, et comme beaucoup d`autres, de contrebande d`armes.

Quand l`importance économique de Livourne déclina, la communauté Juive se dispersa et des Cohen Solal (peut être ceux d`Algérie) vinrent s`installer a Tunis á la fin du XIX siècle ou ils fournirent des responsables communautaires et des caïds.

Dans les registres matrimoniaux des Juifs Portugais de Tunis (les Juifs de Livourne ou Grana), nous trouvons les noms de deux Hacohen Solal (Abraham et Chalom) qui marièrent leurs fils respectifs (Nathan et Salomon) en 1869. Acette époque, les deux communautés étaient complètement séparées et ne se mariaient qu`entre eux.

D`autres Cohen Solal devaient se trouver déjà a Tunis (les Tounsa).Des tombes portant les noms de Cohen Solal, datant du XVIII et XIX siècles se trouvaient dans l`ancien cimetière de Tunis. Il s`agissait souvent de familles patriciennes de lignée rabbinique. Ils fournirent des caïds et des responsables communautaires au XIX et XX siècles.

 Mon arrière arrière grand père, né probablement au milieu du XIX siècle était un rabbin á Tunis, un document de l`époque l`attestant. Une photo le montre habillé á la façon juive tunisienne, portant un grand pantalon bouffon tenu par une large ceinture de flanelle et un beau gilet brodé en fil d`argent avec des boutons argentés, un couteau en travers de sa ceinture.

J`ai constitué l`arbre généalogique de toute sa descendance.

Mon adresse: pcohensolal@yahoo.com

Mis á jour: Avril 2011

 

        

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Nous te sommes très reconnaissants de ce complément d'information. C'est à ta première publication que nous avons fait ta connaissance et que nous avons ainsi appris que nous avions les mêmes ancêtres.

Permets moi cependant de te dire que le son ou existe bel et bien en espagnol et qu'il n'y a donc pu y avoir de Cohen de Soall qui serait + tard transformé en Cohen Solal.

Par ailleurs, quid d'éventuels ascendants qui auraient de Salonique vers Tunis il y a quelques siècles ? c'est toujours ce qu'on disait lorsque j'étais petite. Que t'ont appris tes recherches à ce propos ?

Merci de tes réponses
N.Uzan

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