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Hongrie. Le tribun antisémite se découvre des origines juives

 

Hongrie. Le tribun antisémite se découvre des origines juives

 

Csanad Szegedi, un député européen du parti d'extrême-droite hongrois Jobbik, a reconnu qu'il avait des origines juives. Dans un parti dont la rhétorique est fondée sur l'antisémitisme, cela fait désordre.

Au Jobbik, on hait les Juifs. Ce parti hongrois d'extrême-droite nationaliste ne cache pas son antisémitisme, il en fait même un fond de commerce. Notre reporter Alfred de Montesquiou en avait rendu compte en février dernier, lorsqu'il avait rencontré Sandor Porzse, cadre dirigeant de la formation politique et député. Très agressif envers les Roms, l'homme expliquait aussi qu'un «complot juif mondial» vise à «coloniser la Hongrie ou lui voler ses ressources». Jusqu'à récemment, Csanad Szegedi, élu au Parlement européen sur les listes du Jobbik, partageait volontiers les opinions de son camarade de parti. Ce jeune homme de 29 ans affirmait ainsi à longueur d'interviews que l'élite culturelle juive salit les symboles nationaux hongrois ou encore que des Juifs israéliens effectuent dans le pays des achats massifs de biens immobiliers. Il n'avait pas hésité à porter à Strasbourg l'uniforme de la Garde hongroise, sorte de milice du Jobbik qu'il a contribué à fonder, avant que l'organisation ne soit dissoute en 2009. Csanad Szegedi était un parfait petit soldat du parti. Jusqu'à ce qu'il découvre ses origines juives.

Selon ses affirmations, Csanad Szegedi n'a appris l'origine de ses grands-parents, rescapés d'Auschwitz, qu'en décembre 2011, note le «Wall Street Journal». Il semble que ces derniers aient préféré cacher à leurs enfants leur histoire. Le député européen a choisi de révéler publiquement la nouvelle fin juin. Pour le Jobbik, cela a fait l'effet d'une bombe. Cédant à la pression, Csanad Szegedi a dû abandonner ses fonctions au sein du parti antisémite. Le chef du Jobbik, Gabor Vona, a juré fin juillet que le parti ne l'avait pas évincé en raison de ses origines.

L'antisémite d'hier décide de partir à la découverte de la communauté juive

Le parti affirme aussi que le jeune élu européen a tenté d'acheter le silence d'un repris de justice qui lui avait apporté les preuves de ses origines juives. C'est au nom de ces soupçons de corruption que Csanad Szegedi a été chassé du parti et qu'il est pressé d'abandonner son mandat à Strasbourg, ce qu'il refuse. Lui jure en tout cas qu'il n'a pas tenté d'acheter les faveurs du maître-chanteur. Et la presse hongroise a révélé des documents internes du Jobbik, dont une lettre dans laquelle le vice-président du parti assure que «s'il n'avait pas menti sur ses origines, [Szegedi] ne serait jamais devenu parlementaire».

Confronté à une révélation probablement bouleversante pour un militant de la haine des Juifs tel que lui, Csanad Szegedi a décidé de réagir en s'intéressant d'un peu plus près à son héritage. Ainsi que le rapporte la Jewish Telegraphic Agency, une agence de presse de la communauté juive américaine, l'antisémite repenti a tenu à rendre visite au rabbin Shlomo Koves, un responsable de la communauté juive de Hongrie. «En tant que rabbin, il est de mon devoir de recevoir quiconque recherche des conseils spirituels ou des informations sur le judaïsme», a expliqué l'homme de foi. «Si j'ai tenu quelque propos que ce soit qui a offensé la communauté juive ces dernières années, je demande pardon. Maintenant que j'ai été confronté à mes racines juives, chose que je ne regrette pas, il me semble particulièrement important de nouer le lien avec les leaders de la communauté juive hongroise», a pour sa part déclaré Csanad Szegedi, qui a aussi promis de visiter le site du camp d'extermination d'Auschwitz, en Pologne.

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