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Iran : c’est terriblement grave

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Iran : c’est terriblement grave (info # 012911/13) [Analyse]

Par Stéphane Juffa © Metula News Agency

 

"La suspension commencera fin décembre ou début janvier", a déclaré aujourd’hui le représentant iranien auprès de l'AIEA.

 

"La période de gel de six mois de certaines activités nucléaires controversées de l'Iran commencera fin décembre ou début janvier", a annoncé ce vendredi le représentant iranien, en marge de la réunion du Conseil des gouverneurs de l'Agence Internationale de l'Energie atomique (AIEA).

 

"Nous prévoyons que nous devrions commencer à appliquer les mesures conclues par les deux parties fin décembre ou début janvier", a déclaré Reza Najafi.

 

Lequel a encore ajouté que des discussions préliminaires avec l’AIEA avaient eu lieu au sujet de son rôle de vérificatrice des mesures envisagées à Genève, la semaine dernière, durant les six premiers mois de 2014.

 

Au temps pour les détracteurs de la Ména, qui trouvaient excessive voire déplacée la distinction que nous observons entre le "Plan d’action conjoint" qui a été discuté dans la capitale lémanique et l’inexistant accord révélé par le Président Barack Obama, les 5+1 et tous les media à part la Ména !

 

Relevons à ce propos la précision de Reza Najafi, qui parle pudiquement des "mesures conclues" et non d’un "Accord sur le Premier Stade Concernant le Programme Nucléaire de la République Islamique d’Iran", comme annoncé par la Maison Blanche.

 

La première différence fondamentale d’interprétation vient ainsi d’éclater. Elle tient au fait que, dans un traité, la date d’entrée en vigueur de son application serait clairement déterminée.

 

Ce qui n’est évidemment pas le cas dans le "Plan d’action conjoint", bâclé, qui ne comprend aucun engagement au sens juridique – pas plus que sémantique d’ailleurs – ni date de mise en œuvre.

 

Lors, lorsque l’on a affaire à un régime de voyous rusés, c’est à ce genre de désagréments que l’on s’expose en négligeant de faire les choses comme l’exigent le sens des responsabilités et la prudence.

 

Et je vous assure que ce n’est pas la dernière fois que les ayatollahs vont exploiter l’absence de traité en bonne et due forme. Les 5+1 ont sans doute imaginé, dans leur désir incoercible d’annoncer au monde que la paix avait été préservée par leurs soins, qu’il était évident que les mesures envisagées à Genève dimanche dernier entreraient en vigueur immédiatement.

 

Cela découle du principe de bonne foi, que l’on devrait envisager avec circonspection lorsque l’on négocie avec une dictature qui a démontré des centaines de fois qu’elle était dénuée de scrupules dans la poursuite de ses aspirations.

 

Il n’existe aucune nécessité de passer des contrats avec des gens n’essayant pas à tout prix de fabriquer l’arme absolue, tout en menaçant de rayer de la carte des pays avec lesquels ils ne s’entendent pas.

 

Lors, quand on est obligé de s’accorder avec de tels énergumènes, on ne spécule pas sur le fait qu’ils agissent ou agiront de bonne foi. La prudence conseille au contraire de discuter tout en gardant à l’esprit qu’ils feront tout ce qu’il est possible afin d’exploiter les failles d’un éventuel agrément.

 

Dans le cas qui nous intéresse, en l’absence d’un accord formel, il n’y a que des failles de ce genre.

 

Il n’est d’ailleurs pas certain que Téhéran ait besoin d’avoir encore recours à des subterfuges de ce type. Car il est de mon devoir de journaliste de rappeler à tout le monde que, selon le très sérieux Institut Américain pour la Science et la Sécurité Internationale (ISIS), les Perses ne seraient plus qu’à trois semaines de la capacité de concevoir une bombe atomique.

 

Ce qui, à en croire l’ISIS – ce qui est nettement plus sage que de faire confiance à l’ayatollah Rohani -, générerait une situation doublement particulière : d’une part, la "République" Islamique commencera à appliquer les "mesures" visant à l’empêcher d’obtenir la Bombe alors qu’elle la possèdera déjà, et de l’autre, elle bénéficiera d’une levée partielle des sanctions économiques qui la paralysent, de la part des Etats qu’elle aura floués de A à Z.

 

On est en présence d’une prise de risque et d’un calcul absurdes par essence de la part des cinq membres permanents du Conseil de Sécurité et de l’Allemagne.

 

Avec la France, par l’intermédiaire de Laurent Fabius, qui s’est empressée de faire savoir que les sanctions commenceraient à être allégées dès décembre, soit avant que l’Iran ne fasse le moindre geste pour freiner son projet nucléaire… Voilà qui est passablement énorme !

 

Il reste trois possibilités pour suppléer au contenu de la déclaration de Reza Najafi à Vienne : 1. S’assurer que Téhéran a agi par pure provocation afin de tester le degré de conviction et de coordination des 5+1 dans l’application du "Plan d’action conjoint", et obtenir de sa part un engagement - formel et vérifiable cette fois ! - à appliquer immédiatement le gel de son projet nucléaire. 2. Annoncer publiquement que l’Iran a brisé l’entente obtenue dans la ville du bout du lac – même s’il n’y a pas eu d’entente du tout ; au vu de l’urgence de la situation et des rapports de force, cela n’a aucune importance – et mettre sur pied sans délai une alternative militaire occidentale. 3. Compter sur Israël et ses partenaires régionaux providentiels pour mettre fin à cette farce explosive avant qu’il ne soit trop tard.

 

A considérer le manque de clairvoyance des chefs d’Etat des 5+1, la fausse information qu’ils ont propagée à propos de la pseudo-signature d’un traité censé juguler le péril nucléaire iranien, l’enthousiasme affiché par leurs acteurs économique pour la reprise des relations commerciales avec les Perses, l’absence de volonté des Occidentaux d’engager une action armée, leur incapacité à évaluer le danger auquel leur attitude expose la planète, je crains – tout en espérant me tromper – que seule l’alternative no.3 soit envisageable.

 

On risque en effet de voir les chefs des gouvernements impliqués agir comme s’ils n’avaient rien vu ni entendu, comme si les propos de Reza Najafi ne portaient pas à conséquence, ou encore, comme s’ils avaient reçu des assurances fiables de la part des dirigeants iraniens, garantissant que le gel interviendrait immédiatement, en dépit des déclarations de leur haut-fonctionnaire auprès de l’AIEA.

 

Cela m’ennuie de terminer ainsi ce papier en jouant les oiseaux de mauvais augures, mais personne ne pourra dire que nous n’avions pas prévenu de ce qui est en train de se passer : une infraction critique à l’ "esprit" de Genève, de nature à invalider le rationnel des négociations avec la "République" Islamique, allant jusqu’à lui permettre de fabriquer sa bombe. Une infraction qui ne suscite pas instantanément une annulation des "mesures conclues" par les 5+1 et l’ouverture sans délai d’une alternative militaire.

 

C’est terriblement grave.

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