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Israel est-il la cause de la remontée de l'antisémitisme en Europe ?

Israel est-il la cause de la remontée de l'antisémitisme en Europe ?(info # 010709/14) [Analyse]

Par Guy Millière

 

La question qui sert de titre à cet article peut sembler absurde. Elle ne l'est pas. Elle est l'indice d'une perversion grave des esprits, augmentée d'une tentative menée par certains d'exacerber la diabolisation d'Israël.

 

Des commentateurs en Europe, mais aussi aux Etats Unis, répondent à la question par l'affirmative et prétendent que oui, Israël est la cause de la remontée de l'antisémitisme en Europe.

 

Quelle raison invoquent-ils ? Le « comportement d'Israël », bien sûr.

 

Si vous leur demandez de quel comportement ils parlent, ils vous répondront en évoquant les "massacres" commis par Israël à Gaza, ou la "colonisation" opérée par Israël dans les "territoires palestiniens occupés".

 

Si vous leur dites que la façon dont ils décrivent ce qu’ils affirment est très biaisée, puisque ne se trouvent évoqués, pour ce qui concerne les "massacres", ni les quatre mille roquettes tirées vers Israël par le Hamas, sans lesquels Israël n'aurait pas eu à riposter, et à tenter de détruire les installations de lancement de ces projectiles, ni l'utilisation par le Hamas de boucliers humains, et puisque ne se trouvent pas davantage évoqués, pour ce qui concerne les "colonies", la volonté d'épuration ethnique antijuive de l'Autorité Palestinienne et de disposer d'un territoire Judenrein.

 

Si vous leur rétorquez que seule l’AP peut rendre impensable l'existence de villes et de villages juifs dans un territoire appelé Judée-Samarie bien avant que quiconque n’avait envisagé de les rebaptiser "territoires palestiniens", ils vous diront que c'est vous qui parlez de manière biaisée.

 

La cause, pour eux, est entendue une fois pour toutes. Israël a essentiellement tort. Les ennemis d'Israël ont essentiellement raison. Israël est un pays que ses ennemis ont raison d'agresser et d'attaquer, car ils sont "opprimés", et toute riposte israélienne est, par définition, "disproportionnée" puisque c'est une riposte israélienne, celle d’une entité "colonisatrice".

 

Quand des Israéliens sont tués, c'est le "cycle de la violence", et quand des Arabes meurent, placés là par le Hamas aux fins qu'ils soient tués, c'est un crime israélien ; car le Hamas ne peut pas avoir tort : il est l'une des incarnations des "opprimés de la colonisation".

 

L'existence de citoyens israéliens arabes, chrétiens et musulmans, est, bien sûr, ignorée par ces gens, et ils n'en parlent d'ailleurs jamais ; ce qui leur permet de dire incidemment qu'Israël est « raciste », voire qu'Israël est un « pays d'apartheid ».

 

En sous-jacence à tout cela, il y a l'adhésion de ces gens à la falsification des faits et au vocabulaire mis en place par la machine de propagande palestinienne et, au-delà, islamique.

 

Il y a la diabolisation sournoise et omniprésente d'Israël qui en résulte. La volonté d'isoler un Israël diabolisé, avant de passer à la prochaine étape, énoncée ici ou là par ces gens lorsqu'ils se laissent aller à des confidences : la (re)naissance d'un pays juif au Proche Orient, vous suggèreront-ils, a été une erreur qui devra être rectifiée.

 

Ces gens vous affirmeront bien sûr qu'ils aiment les Juifs. Ils vous le jureront, la main sur le cœur. Ils ajouteront, qu'hélas, Israël donne une image désastreuse des Juifs.

 

Et ils glisseront subrepticement le tracé d'une ligne de démarcation séparant les bons Juifs, ceux qui se font discrets, se comportent en citoyens européens irréprochables et qui n'ont aucun penchant pour Israël (s'ils dénoncent Israël, c'est encore mieux !), et les mauvais Juifs, ceux qui sont trop ostensiblement juifs et qui ont de la sympathie pour Israël, voire de la famille en Israël.

 

Comme ils sont délicats, ces gens ne parlent pas explicitement de bons ou de mauvais Juifs, bien sûr. Ils disent, par exemple, que les organisations juives « outrepassent leur rôle » et attirent la détestation sur elles en défendant Israël.

 

Ils désignent comme traîtres les Juifs qui décident de partir pour Israël ou qui, simplement, envisagent de le faire et les définissent alors comme des adeptes de Belzébuth.

 

Ils somment, en quelque sorte, les Juifs de choisir le camp du rejet d'Israël en leur demandent de voir que c'est l'abominable Israël qui est la cause de presque tous les maux qu'ils subissent.

 

Ils exonèrent les antisémites.

 

Ils laissent entendre subliminalement que si des Juifs qui défendent Israël sont agressés, c'est de leur faute, puisqu'ils défendent un pays indéfendable, et c'est la faute du pays indéfendable lui-même.

 

Un grand hebdomadaire français, L'Express, a consacré un numéro spécial cet été à ce thème. C'est à noter et c'est inquiétant. Le New York Times a consacré une série d'articles à ce thème aussi. Un certain Bruce M. Shipman, pasteur épiscopalien travaillant à l'université de Yale, s'est particulièrement illustré dans ce registre, et a chargé Israël de tous les péchés du monde, ajoutant, cela semble un enchaînement naturel, que si les Juifs se détournaient d'Israël, « bien des choses iraient mieux ».

 

Bruce M. Shipman est sans doute allé trop loin dans la société américaine telle qu'elle est encore. Il a suscité une vive controverse.

 

Si le grand hebdomadaire français avait suscité une controverse en France, ce serait moins inquiétant ; mais il n'en a suscité aucune.

 

Seuls des intellectuels juifs ont relevé ce qu'avait publié L’Express. Vous l'aurez compris : ces intellectuels juifs sont sans doute de mauvais Juifs, et très probablement des adeptes de Belzébuth.

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