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JÉRUSALEM : UNE VENGEANCE STÉRILE, par Jacques BENILLOUCHE

JÉRUSALEM : UNE VENGEANCE STÉRILE

 

par Jacques BENILLOUCHE

            

          Les effroyables meurtres de Juifs à Jérusalem ne peuvent être ni expliqués et ni justifiés car ils symbolisent l’horreur au paroxysme. L’assassinat de manière sauvage, à la hache, de fidèles désarmés qui prient dans une synagogue, pour le même Dieu que les terroristes, est la preuve que l’inhumanité a encore sa place dans le monde au XXIème siècle. Mais la vengeance déplacée, qui ne résout rien et qui ne calme pas la douleur des familles, dérange les esprits occidentaux. La manière dont on rend responsables les parents des actes de leurs enfants choque à certains égards.

 

Des parents innocents

L’expérience prouve, depuis longtemps, que les parents arabes ne contrôlent plus leurs enfants soumis au lavage de cerveau de prêcheurs islamistes qui les endoctrinent jusqu’à transformer leur personnalité. Les populations sont démunies face aux sermons belliqueux et aux lectures islamiques qui poussent les jeunes à s’isoler socialement pour s’enfoncer dans le cercle étroit des organisations islamiques. Si même elles approuvent leurs actes, c’est souvent sous la contrainte face à la barbarie de chefs sans scrupules. Alors on peut se poser la question sur les véritables coupables mais il n’est pas certain que les démolitions punitives des maisons des parents de terroristes assouvissent vraiment le désir de vengeance.

On obtient généralement l’effet inverse. On accroît la haine et l’on crée de nouvelles générations de vengeurs arabes qui veulent réparer ce qui a été fait à leurs parents innocents, ou alors coupables ne pas avoir empêché les méfaits de leurs enfants. Double peine pour eux. Des centaines de maisons palestiniennes ont été détruites dans le cadre d’une répression sans objectif politique et sans résultat notable sur la baisse des actes de terrorisme. Au contraire, cela décuple les intentions des terroristes qui se donnent à présent des objectifs ambitieux d’atteindre des ministres israéliens de premier plan.

Il est vrai qu’avec ces démolitions Israël touche au plus sensible chez les Arabes, le culte de la maison. La plus grande injure contre un Arabe  a toujours été «Ekhli darek», que ta maison soit détruite. Le droit est certes respecté par Israël qui applique une loi britannique de 1945, toujours en vigueur. Menahem Begin s’était élevé contre cette application à la fois du temps où il en était victime et ensuite quand il était au pouvoir. Sous le mandat britannique, il avait jugé que cette réglementation était «nazie». En 1950, il s’était opposé au premier ministre dans des termes tellement durs qu’ils étonnent dans sa bouche : «Il y a des lois tyranniques, il y a des lois non éthiques, il y a des lois nazies. La loi, fondée sur les ordonnances d’urgence britanniques que vous utilisez, est nazie, tyrannique et non éthique. Une loi non éthique est aussi une loi illégale». Ces lois n’ont jamais été abrogées et elles figurent  toujours dans la panoplie utilisée par les tribunaux israéliens.

 

Effet peu dissuasif

            Tsahal, qui exécute les ordres du pouvoir politique, est convaincu que ces démolitions n’ont aucun effet dissuasif et qu’elles génèrent au contraire des conflits de plus en plus violents. D’ailleurs le ministre de la défense Moshé Yaalon, alors chef d’État-Major, avait décidé en 2005 de l’arrêt définitif des démolitions punitives car il était persuadé qu’elles n’avaient aucun impact sécuritaire. Il avait compris qu’en s’opposant aux destructions, il n’exprimait aucune sympathie pour les tueurs.

            Il ne s’agit ici ni de principe de droit et ni de morale mais d’efficacité. Le droit est respecté puisque la Cour suprême autorise ces démolitions. Quant à la morale elle ne peut pas exister face à des tueurs déterminés qui souillent les principes de l’humanité. L’efficacité se juge aux résultats qui prouvent que rien n’arrête les tueurs, même pas la démolition de la maison de leur famille. 

          De toute façon, selon les préceptes de leurs maîtres, ils craignent plus l’Enfer que les représailles de Tsahal car ils n’ont pas le droit de s’attacher aux biens matériels. Ils sont absous par avance de leurs actes parce qu’ils défendent la cause d’Allah et qu’ils se préparent un chemin direct vers le Paradis en devenant l’instrument du prophète : «Ce n’est pas vous qui les avez tués, c’est Allah qui les a tués (coran, VIII. 17).» Les meurtriers, selon ce précepte, se croient innocents de leurs crimes de sang et jugent les démolitions comme une injustice à l'égard de leur famille.

Le gouvernement ne doit pas donner l’impression qu’il s’attaque au plus faible ou qu’il fasse preuve de faiblesse parce qu’il se trouve impuissant à endiguer la violence contre les civils. Il doit sévir au sommet en fermant certaines mosquées qui diffusent des messages de haine. Comme en Egypte où les autorités ont fermé la mosquée chiite «Husseiniya» au Caire et ont confisqué les publications, les affiches et les enregistrements trouvés dans la mosquée. Il faut mettre fin à Jérusalem à des prêches qui poussent les fidèles au crime en expulsant à Gaza les imams s’ils prônent ouvertement la mort. Il faut empêcher que des députés arabes, à l’instar de Basel Ghattas, se permettent par provocation de se présenter à la tribune de la Knesset en arborant le foulard palestinien et en  insultant le peuple juif et l’armée. Bref, il faut s’attaquer aux forts. Trop de démocratie tue la démocratie.

 

Image de marque d’Israël

Ces démolitions d’habitations appartenant a priori à des innocents, sauf si on accuse les parents d’avoir enfanté des monstres, n’améliorent pas l’image de marque déjà désastreuse d’Israël dans le monde. Elles poussent certains pays, par réaction, à adopter les thèses anti-israéliennes et à réclamer la création d’un État palestinien sans que l’on connaisse ses contours, ses attributions et même ses dirigeants. Israël se grandirait en frappant les vrais coupables, ceux qui tiennent réellement les armes des assassins et qui leur inculquent le diable dans leur têtes.

Face à ce qu’il considère comme une injustice, le monde occidental se dresse contre Israël et l’on ne peut pas vivre dans notre petit village sans tenir de l’opinion internationale. Dans une action commune inquiétante, les ambassadeurs d’Allemagne, de France, de Grande-Bretagne, d’Italie et d’Espagne ont exigé«l’arrêt des destructions des maisons des Palestiniens impliqués dans des attaques, jugeant cette politique contre-productive». Bien sûr ils condamnent les attaques terroristes et les meurtres d’Israéliens mais ils estiment que la destruction des maisons est une «mesure punitive qui exacerbe les tensions».

On ne peut, par fierté et par orgueil, ignorer ces mises en garde quand il s’agit de pays jusqu’à présent amis et alliés. Certains irresponsables incultes, toujours prêts à la détente quand il s’agit de la politique française, en ont profité pour assener des coups bas à l’ambassadeur de France, Patrick Maisonnave, le rendant seul responsable de cette déclaration commune. Ils l’avaient d’ailleurs déjà fait à l’égard de son prédécesseur Christophe Bigot et de la diplomate Sonia Barbry, dans des termes insultants qu’on n’utilise même pas contre son pire ennemi.

 

Séparation

            Il n’est pas nécessaire d’être un expert en sécurité pour identifier les mesures pour protéger la population juive de Jérusalem. À l’époque, les nationalistes s’étaient élevés contre la construction du mur de sécurité, le long de la ligne verte, qui créait selon eux une scission de fait entre les terres du Grand Israël et compromettait l’annexion totale de la Cisjordanie. Ils craignaient que cette clôture de sécurité ne matérialise une frontière définitive. On connaît le résultat qui a permis d’éradiquer le terrorisme en Israël et de générer plusieurs années de calme et de sécurité.

Aujourd’hui il faut ériger une barrière de protection identique qui sépare les quartiers arabes de Jérusalem, hors Lieux Saints, avec leurs 200.000 Arabes, potentiellement terroristes. D’ailleurs ces derniers ne sont pas répertoriés comme des citoyens israéliens et ils ne se considèrent pas eux-mêmes comme tels. Qu’ils émargent donc au budget de l’Autorité palestinienne et qu’ils créent le désordre contre elle. Ces zones sont des zones de non-droit, à la limite de l’insalubrité, souvent abandonnées à leur sort par la municipalité qui ne voit pas l’intérêt d’y investir, et surtout, jamais fréquentés par les Juifs. Ces quartiers n'apportent rien à l'Histoire du peuple juif. Comme dans un couple il faut savoir rompre quand le vin est tiré.

La coupure existe déjà virtuellement puisque c’est un héritage d’avant 1967. Bien sûr par idéologie, les nationalistes n’accepteront jamais cette atteinte à l’unicité de la Capitale mais la sécurité a un prix et la vie des Israéliens mérite certains sacrifices. La démolition des maisons ne pourra que susciter d’autres meurtres inévitables car il est très facile d’égorger un enfant sur le chemin de l’école ou de poignarder un rabbin dans sa synagogue.  D’ailleurs, malgré les démolitions, la violence continue puisque deux étudiants d’une Yeshiva ont été poignardés vendredi 21 novembre en début de soirée, près du Mont des Oliviers à Jérusalem.

Le cycle infernal va reprendre et la peur s’installe dans les esprits et dans les foyers juifs. C’est peut-être le but que veulent atteindre les terroristes qui visent aussi la vie économique du pays en dissuadant les touristes de se rendre dans les Lieux Saints. Déjà les spécialistes se plaignent d’une baisse de la fréquentation des hôtels dont le taux de remplissage a été divisé par deux Le gouvernement israélien doit donc user d’une autre stratégie que la démolition des maisons pour mettre un terme au terrorisme et rassurer la population. Il doit donner un signal fort de sa détermination à briser l'action des terroristes.  

Temps et Contretemps

http://benillouche.blogspot.fr/2014/11/jerusalem-une-vengeance-sterile.html

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