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Je me souviens...

Je me souviens...

 

Du jour où debout sur le seuil de notre maison familiale à la Goulette au 7 Rue du Limousin, maman s’apprêtait à quitter définitivement sa terre natale. C’était en 1988.

Elle fermait définitivement plus de 68 ans de vie sur cette terre en tournant la clef dans la serrure abandonnant vieilleries et ustensiles usés comme elle.

Sa valise était prête lorsque je suis venu la chercher. J’étais intrigué car elle n’avais pas versée une seule larme en cours de route. Bizarre...

Je me hasardais à lui dire...en cours de route...

‘...Ech’biq me bkitch yè mââ... ? (Pourquoi n’as pas pleuré maman... ?’)

‘...Bqit ââla ou’bouq bâ’dââ... ! Le yech’ouini... !’ (‘...J’ai déjà pleuré sur ton père , que D ieu garde mes enfants...

Sa réponse me rassura. Je baissais la tête devant ce que j’appelle un exemple de détachement.

Elle allait rejoindre à Paris, mon frère Max, qui l’avait devancé un an plutôt.

Un an plus tard, ma femme et mes enfants prirent le même chemin pour des raisons personnelles sans que rien ne vienne troubler ma quiétude.

J’allais tourner une page fidèle de 45 ans de ma vie avec ma ville de naissance.

Ma famille dés les premiers jours s’installa chez ma belle mère.

Je restais donc seul pendant trois jours, juste le temps d’expédier quelques affaires urgentes.

Je me souviens de ce 30 Août 1989. Il y a deux choses qu’un déraciné n’oublie pas, le jour de sa naissance, la date où il perd ses parents, le jour de son mariage, les jours de naissance de ces enfants et le jour où il quitte son pays.

Il faisait beau. Tout le quartier somnolait en cet après midi bien ensoleillé. Je me suis installé dans mon jardin et regardais la balançoire que j’avais faite pour mes enfants, les fleurs que j’avais planté et le mur que j’avais construit pour jouer au ‘chistera’ mais sans pelote basque....LE SKOUATCH....

Ma valise était fin prête et elle attendait que je la prenne par son anse.

L’heure arrivait et avant de tout fermer, je jetais un dernier coup d’œil dans la chambre des enfants aux lits bien faits, à ma chambre, à ma cuisine dans laquelle tous les appareils ménagers étaient débranchés. Un filet d’eau s’échappait de dessous le frigo. Je le torchais consciencieusement. Je revoyais pour la dernière fois, mes cadres accrochés, les meubles de mon salon ; tout était en ordre.

L’heure de mon départ approchait. Personne pour me jeter le verre d’eau. Donc je ne reviendrais plus de si tôt. J’ai mis dix ans pour revoir mon pays. Le temps de la déprime.

J’étais bien triste, je l’avoue. La gorge nouée mais pas un brin de larmes à l’horizon. Ma maman m’est revenue en mémoire.

Enfin, je me décidais à lever l’ancre. Je fermais la porte de la maison puis je cadenassais le portail de fer forgée comme on cadenasse son âme.

J’avais l’impression de sceller définitivement ma vie ancienne à travers cette fermeture.

La rue était déserte et je regagnais la grande rue pour héler un taxi.

30 minutes plus tard, j’étais à l’aéroport.

Deux heures après, j’étais dans l’avion qui m’emmenait loin de mon pays, laissant mes ancêtres sous terre, loin de mon père z’al, loin de ma patrie de naissance, de ma jeunesse dorée, de mes terrains de jeux, de la plage et des filles que ‘j’avais connu...’ etc...Loin de ...z...i...

L’immigré que je devenais en si peu de temps, l’apatride déplacé du moment mettait définitivement un terme à son vécu pour aller vivre en terre étrangère. Une terre avec laquelle je n’avais aucune affinité.

45 ans de vie commune, sans que rien ne vienne troubler mon esprit hormis les quelques évènements malheureux que j’ai supporté avec stoïcisme mais avec la peur au ventre.

Le divorce brutal a eu des séquelles dans ma santé mais grâce à D ieu je m’en suis remis et aujourd’hui j’écris avec aisance, l’écrit a expurgé ma NOSTALGIE.

Ma TUNISIE, ne fut que joie et bonheur ....Tristesse car l’OUAHCH ouel ghorba...ne m’a pas quitté.

Albert.

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Merci Albert pour ton récit. Ce serait bien si beaucoup des nôtres, comme toit, racontent ici leur départ. Ce ferait un irremplaçable album souvenir. Harissa devrait nous y inciter en permanence.

J'en ai, le plus simplement du monde, pleuré.........Albert, reviens !!! hamadi khammar

REVENEZ ALORS A VOTRE PAYS ? POURQUOI VOUS NE REVENEZ PAS OU AU MOINS Y PASSER VOS VACANCES?

Nous les juifs tunisiens nous gardont toujours ce pays au fond de nos coeur , la nostalgie nous accompagne et ne nous quittera jamais , car avouant le nous adorant cette tunisie , pour nous juifs tunisiens cette tunisie ai notre pays du lait et du miel .

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