Je suis venu vous dire, portrait de Gainsbourg en artiste maudit
C'est l'histoire un peu triste d'un homme qui ne s'aime pas et se rêve peintre de la Renaissance, poète ou concertiste. Artiste maudit, oui, mais pas chanteur. Encore moins pianiste de bar. Juif ashkénaze d'origine russe, il a l'âme slave, autrement dit compliquée et inapte au bonheur - cet état imbécile.
Depuis tout petit, personne ne l'aime, même pas sa mère qui ne l'a pas désiré ni son père qui le dérouille. Pour son malheur, Lucien Ginzburg, dit Serge Gainsbourg, vit dans une époque qui lui semble étriquée, sans génie et où le succès tient à peu de chose: une Marseillaise reggae, un billet de 500 francs brûlé.
«La gloire, quelque part, a détruit mon âme», susurre-t-il en guise d'ouverture à ce documentaire très sombre, parfois complaisant, qui lui est consacré. Pas de quoi rire, le malheur lui va si bien. Éternelle Gitane au bec, on suit donc la lente autodestruction d'un chanteur à texte qui, un beau jour, décide de retourner sa veste. Histoire de se protéger, il se définit cynique, misogyne et provocateur. Ses fans et ses femmes - Anna Karina, Brigitte Bardot, Jane Birkin et Bambou - en sauront quelque chose. Que reste-t-il aujourd'hui de Gainsbourg? Un air entêtant de Javanaise.
Je suis venu vous dire (Gainsbourg par Ginzburg). Documentaire de Pierre-Henry Salfati. Durée: 1 h 38.
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