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Jet privé pris en Tunisie : MAM exclut de démissionner

 

Jet privé pris en Tunisie : MAM exclut de démissionner

 

Elle ne démissionnera pas sur des «choses fausses» et dénonce les «mensonges» du Canard enchaîné. Accusée d'avoir bénéficié des largesses d'un homme d'affaires tunisien proche du président déchu Ben Ali, la ministre des Affaires étrangères a récusé mercredi les affirmations de l'hebdomadaire satirique, qui affirme qu'elle a voyagé dans un avion appartenant à un proche du clan Ben Ali. Elle a rejeté mercredi toute idée de démission, réclamée par l'opposition socialiste, se disant «meurtrie».

Selon le Canard enchaîné, la ministre et son conjoint ont utilisé entre Noël et le Jour de l'An cet avion pour aller de Tunis à Tabarka, avec des membres de leur famille, les parents de Michèle Alliot-Marie. Le journal présente Aziz Miled, le propriétaire de l'avion et de l'hôtel où a séjourné le couple, comme un proche de Belhassen Trabelsi, beau-frère de l'ex-président Zine el Abidine Ben Ali. Le cabinet de la ministre ne niait pas dès mardi soir l'utilisation du jet par MAM mais relativisait les liens d'amitié entre le propriétaire de l'appareil et la famille Trabelsi. Une argumentation reprise par le compagnon de la ministre mercredi matin sur RTL.

 

Ollier dénonce un «amalgame»

 

«M. Miled est plus une victime qu'autre chose du clan Ben Ali. Certainement, il connaissait le président Ben Ali, mais il a construit sa fortune de ses propres mains et il a été spolié par M. Trabelsi qui lui a, il y a quelques mois, pris 20% de sa compagnie alors qu'il en était propriétaire totalement, et exigeait de devenir président de la société», a ajouté Patrick Ollier. Aziz Miled figure toutefois sur la liste des personnes dont la Suisse a gelé les avoirs après le départ de Ben Ali, soulignant qu'il était associé au frère de l'épouse du président déchu. Il avait appelé dans une tribune le président à se porter candidat à l'élection présidentielle de 2014.

Ces justifications n'ont pas suffi à faire retomber la polémique. Interrogée mercredi après-midi lors des questions au gouvernement, la ministre des Affaires étrangères s'est à nouveau défendue, affirmant qu'elle n'avait «pas l'intention de laisser dire n'importe quoi». «Si je prends mes vacances parfois en Tunisie, c'est à mes frais, voyages et hôtels», a-t-elle assuré. Pour elle, Aziz Miled «est un chef d'entreprise respecté en Tunisie», qui «a été rétabli dans ses droits» après la chute de Ben Ali.

L'intervention de Michèle Alliot-Marie à l'Assemblée :

«C'est un ami. Nous le reçevons à Saint-Jean-de-Luz (le fief de MAM, ndlr) et à Paris, nous faisons des excursions ensemble. Quand je suis en vacances, je pense que je peux avoir des amis», a ajouté la ministre mercredi soir sur Canal+.«Je n'ai pas pensé à mal», a précisé sur France 2 la ministre, en ajoutant qu'au vu de la «polémique» et «l'émotion» suscitées, elle ne le referait pas.

Pour sa défense, Michèle Alliot-Marie a aussi cherché à minimiser au 20 heures de France 2 la teneur des heurts qui ont éclaté en Tunisie avant son voyage, qui a eu lieu entre le 24 et le 31 décembre. S'étaient alors déroulés selon elle «quelques événements en Tunisie qui n'avaient rien à voir avec ce qui est intervenu après le 1er janvier». Et d'ajouter que le suicide de Mohamed Bouazizi à Sidi Bouzid, à l'origine de la vague de contestation, a eu lieu «à la fin de (s)on séjour, c'est le souvenir que j'ai». Or l'immolation par le feu du jeune homme a eu lieu le 17 décembre, avant l'arrivée de la ministre en Tunisie.

 

La prudence de Copé

 

Les interventions de Michèle Alliot-Marie n'ont pas convaincu dans les rangs de l'opposition. A l'Assemblée, quelques «démission !» ont fusé tandis que le député Vert Yves Cochet interpellait directement Michèle-Alliot-Marie : «Je vous dis Madame, partez!». Martine Aubry a jugé mercredi sur RTL que ce serait «grave» s'il s'avérait que le propriétaire du jet emprunté par la ministre était bien un proche du clan Ben Ali. À gauche toujours, le patron des députés PS, Jean-Marc Ayrault, a réclamé la démission de la ministre.

En juillet dernier, Christian Blanc et Alain Joyandet avaient été forcés de remettre leur démission suite à des polémiques sur l'utilisation dispendieuse de deniers publics. Dans un courrier daté du 28 juin adressé à François Fillon, Nicolas Sarkozy avait alors prévenu que les ministres ne payant pas leurs frais privés avec leurs deniers personnels, s'exposeraient à une sanction immédiate. Selon Michèle Alliot-Marie, Nicolas Sarkozy ne s'est pas prononcé sur le sujet lors du conseil des ministres de mercredi matin.

Interrogé pour savoir si «cette affaire (était) gênante», le patron de l'UMP, Jean-François Copé, a répondu, prudent : «Ca dépend, on va voir ce qu'il y a dans l'affaire. Il est arrivé parfois que ce qui était dit dans les journaux pouvait ne pas être la totale réalité». Plus direct, le chef de file des sénateurs UMP, Gérard Longuet, a jugé quant à lui que «la ministre des Affaires étrangères aurait pu passer ses vacances en France». Mais le gouvernement fait bloc autour de Michèle Alliot-Marie. Son porte-parole, François Baroin, a critiqué l'attitude «dérisoire» de l'opposition, et Laurent Wauquiez a dénoncé «une campagne indigne d'acharnement» contre elle.

Michèle Alliot-Marie avait déjà suscité la polémique en proposant devant l'Assemblée nationale, quelques jours avant la chute de Ben Ali, une coopération sécuritaire à l'État tunisien. Une offre qui lui avait déjà valu des appels à la démission.

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