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Juifs et musulmans ensemble, la magie d'un pélerinage en Tunisie, par Marc Knobel

Juifs et musulmans ensemble, la magie d'un pélerinage en Tunisie, par Marc Knobel

 

 

La magie opère et comme par magie me voici transporté en un lieu d'une rare beauté, la Synagogue de la Ghriba, à Djerba, la plus vieille Synagogue d'Afrique du Nord, dit-on. Cette Synagogue se trouve dans la "Hara Kbira", le quartier Juif de l'île, où résideraient encore quelques centaines de Juifs tunisiens. Le pèlerinage de la Ghriba vient d'ouvrir ses portes et par petits groupes, les pèlerins, les visiteurs, les étrangers affluent. Les journalistes aussi, on distingue de partout des caméras, des micros et les gens vont et viennent dans un désordre indescriptible. La foule se masse ici et là. Ce pèlerinage organisé chaque année au 33ème jour de la Pâque juive, est le moment spirituel et festif, tant attendu par les Juifs de Tunisie, d'Afrique du nord, leurs enfants et petits-enfants.

Tout autour, pourtant, on voit des militaires lourdement armés et un hélicoptère tourne autour de nos têtes. Il est vrai que les terroristes sanguinaires et fous de Daech auraient, s'ils réussissaient à frapper ce lieu sacré, une cible de choix : Djerba, la douce, une Synagogue, des Juifs et des musulmans, des pèlerins, des officiels, des journalistes. Et ce serait le chaos, tant espéré par les fanatiques. Rappelez-vous : le 11 avril 2002, aux premières heures du jour, un camion-citerne explosait, tuant 19 personnes. L'attentat sanglant et lâche était revendiqué par Al Quaïda.

Mais, les pèlerins sont venus, ils sont là.

Deux bâtiments distincts, sont séparés l'un à l'autre de quelques mètres. Dans le premier, autour d'une grande cour, se sont massés toutes sortes de personnes, certaines sont assises, d'autres vont et viennent et circulent de partout à la fois, autour de petites choppes ou sont vendues toutes sortes de babioles touristiques. Sur la scène, des musiciens tunisiens entonnent des chants, en arabe. On entend ici ou là l'oud, l'instrument de musique à corde pincées, très répandu dans les pays arabes. Et la musique, fait son œuvre, les femmes font des you you, de longs cris aigues ou modulés qu'entonnent les juives et les musulmanes d'Afrique du Nord. Des hommes cris, dansent, et cela continue de partout de venir et d'aller.

Dans l'autre bâtiment, se trouve la Synagogue. Elle est un pur joyaux de magnificence et de toutes les beautés de la Tunisie. Des faïences dans toutes les nuances des bleus (turquoise, clair, ciel, marine...) recouvrent et tapissent la synagogue aux murs blancs, autour de quelques colonnes et d'arabesques ou d'inscriptions en hébreu. Des hommes prient, d'autres parlent, rigolent, s'embrassent, se touchent, tout le monde se photographie et tout le monde photographie tout le monde. Dans l'autre salle, se trouve l'Autel. Plus loin, des femmes et des hommes allument des bougies, sentent la chaleur des flammes, prient, une femme pleure. Des jeunes filles et femmes sont assises sur les marches de la Synagogue. Elles sont recouvertes de costumes traditionnels de Djerba. Elles sont toutes très belles, certaines sont musulmanes, d'autres juives. A côté, des enfants recouverts d'une kipa, parlent entre eux.

Il se dégage de ce lieu, une incroyable magie. Et moi, le laïque, je ressens profondément la spiritualité du lieu, son histoire, sa culture, les traditions, l'amour.

Parce qu'il n'ait pas de plus grande faute que l'oubli, nous sommes venus témoigner de notre amour pour un lieu chargé d'histoire et si l'émotion nous submerge, c'est que, en ce lieu, juifs et musulmans s'embrassent et se touchent. C'est bien qu'il y a comme de la magie.

Pourquoi devrait-on oublier que les Juifs ont vécu en Afrique du Nord ? Pourquoi devrait-on abandonner cette Synagogue, qui est et doit impérativement demeurer un lieu de culte et de pèlerinage ?
Et puis, même s'ils ne restent plus que 1500 juifs en Tunisie alors qu'ils étaient 100.000, il en reste encore. Notamment à Djerba.

Et quelque puisse être les difficultés, la Tunisie est un pays de tolérance et doit le demeurer et il n'y a pas de plus beau chant que lorsque des Juifs, des chrétiens et des musulmans, croyants ou laïques se rencontrent, se voient, s'embrassent, se sourient, se touchent, se disent, se lisent, se font.
La magie est en la rencontre des cultures, elle opère aussi lorsque la sacralité est protégée et lorsque la prière devient le point de rencontre et le point d'estime et de respect par excellence.

La magie porte alors un nom, elle s'appelle l'amour de son prochain.

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De la poudre aux yeux , les tunisiens arabe comme tout les autres pays arabe , n aiment pas les juifs , seul les juifs tunisiens nostalgiques ont gardés leurs reves d un retour en tunisie .

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