Share |

"Justes" : Ma grand-mère disait toujours "c'est ce qu'il fallait faire"

 

"Justes" : Ma grand-mère disait toujours "c'est ce qu'il fallait faire"

Par Amélie Gautier

 

TEMOIGNAGE - Des petits-enfants de Justes parmi les Nations se rendent cette semaine en Israël pour honorer la mémoire de leurs grands-parents, qui, au péril de leur vie, ont sauvé celles de Juifs en danger. L'une de ces descendantes parle de sa grand-mère Renée Pallarès.

 

 

Ils ont entre 20 et 30 ans et vont rendre hommage à la mémoire de leurs aïeuls qui, au péril de leur vie, ont sauvé celles de Juifs en danger pendant la Seconde Guerre Mondiale. Cette semaine, sous l'égide de la Fondation France Israël, des descendants de Justes parmi les Nations se rendent en Israël.

Ces héritiers d'une histoire à "part", de cette France qui s'est élevée contre la barbarie nazie vont découvrir le nom de leurs grands-parents sur le Mur des Justes parmi les Nations, rencontrer des rescapés de la Shoah et surtout garder cette "mémoire en tête". "On est sur un travail de mémoire mais aussi et surtout de transmission", insiste Nicole Guedj, présidente de la Fondation France Israël. Cette jeunesse issue de tous les milieux a conscience qu'elle a ce devoir de partager ce dont elle a hérité avec les jeunes de leur génération. C'est très fort de sens et c'est faire acte de prévention pour l'avenir !"."Faire perdurer cette mémoire", voilà pourquoi Mathilde Touchard, 27 ans, a décidé de faire partie de ce voyage. Elle évoque sa grand-mère, Renée Pallarès-Pariselle.

"Ma grand-mère Renée nous a toujours parlé de ce qui s'était passé pendant la guerre. Elle vit alors à Montpellier avec sa mère Marie-Antoinette, sa sœur Paulette et son petit-frère Guy. En 1942, mon arrière-grand-mère décide de venir en aide aux familles juives persécutées. Avec ses filles, elles apportent des colis de ravitaillement à celles internées dans des camps mais aussi à celles se cachant dans les greniers notamment. Cette année-là, ma famille recueille une petite-fille juive de 2 ans : Diane Popowski. Elle y restera jusqu'en 1949. Aujourd'hui, Diane est mariée et vit au Canada.

"Ni haine, ni rancœur"

Mon aïeule nous a toujours parlé de ce qu'elle avait fait avec sa mère et sa sœur comme d'"une évidence" "C'était ce qu'il fallait faire", répétait-elle. Ma grand-mère a toujours été très pudique, très discrète. Elle n'aurait jamais parlé d'elle comme d'une héroïne ! Un jour, elle s'est portée volontaire pour convoyer une quarantaine d'adolescentes juives âgées de 14-15 ans de Montpellier jusqu'à Annemasse. Ce jour-là, ma grand-mère qui avait 18 ans, a mis son uniforme de scout, comme s'il s'agissait d'un camp d'été. Les Allemands patrouillaient alors partout dans les trains et les gares. Le train avant le sien avait été contrôlé, celui d'après aussi. Elle n'a réalisé que bien plus tard le risque énorme qu'elle avait pris. Elle a accompagné ces jeunes filles jusque dans une maison tenue par des religieuses d'où elles ont pu fuir vers la Suisse. En 1943, Renée, Paulette et Guy passent l'été à la colonie d'Izieu avec la petite Diane. Elles y viennent comme monitrices et participent activement à la bonne marche de la colonie. Quelques mois après, le 6 avril 1944, la Gestapo de Lyon, sur ordre de Klaus Barbie, arrête les 44 enfants juifs qui se trouvent alors dans la maison. 42 d'entre eux seront gazés à Auschwitz-Birkenau.

Dans les paroles de ma grand-mère, je n'ai jamais entendu ni haine, ni rancœur. Elle était profondément humaniste. Après la guerre, elle a continué à œuvrer pour les autres, dans des associations notamment pour l'alphabétisation, pour l'intégration. C'était tellement important pour elle, elle était tellement impliquée ! A la mort de ma grand-mère, je n'ai pas voulu perdre toute cette mémoire, je veux la faire perdurer !"

Lecture de la liste de déportés juifs entre 1942 et 1944

Une lecture ininterrompue des noms de déportés juifs de France sera effectuée de mercredi à 19h30 jusqu'à jeudi à 18 h devant le Mur des Noms au Mémorial de la Shoah, à Paris. Cette année, la lecture pour Yom Ha Shoah sera consacrée aux noms de chaque homme, femme, enfant juif déportés, du convoi n°17 au convoi n°53, principalement vers Auschwitz. Sur près de 76.000 personnes de confession juive déportées de France, seules 2.500 ont survécu. Depuis 1990, une lecture publique ininterrompue de 24h rappelle chaque année, un à un, les noms des déportés, convoi par convoi. Mercredi et jeudi, quelque 200 personnalités, anciens déportés, parents et bénévoles liront à tour de rôle, à partir des listes issues du livre Mémorial de la Déportation, de Serge Klarsfeld, les noms de "ceux dont il ne reste que le nom", selon Simone Veil.

Publier un nouveau commentaire

CAPTCHA
Cette question permet de s'assurer que vous êtes un utilisateur humain et non un logiciel automatisé de pollupostage.
2 + 2 =
Résolvez cette équation mathématique simple et entrez le résultat. Ex.: pour 1+3, entrez 4.

Contenu Correspondant