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Karima Souid : « Le danger d’un Etat théocratique » en Tunisie

 

Karima Souid : « Le danger d’un Etat théocratique » en Tunisie

 

Entretien avec Karima Souid, députée de l’assemblée constituante (indépendante, élue de la circonscription France Sud), originaire de la région lyonnaise.

 

Que retenez-vous de cette manifestation du parti islamiste Ennahda hier ?

Deux slogans… Le premier était « Le peuple veut de nouveau une Ennahda de fer ». C’est le message radical de ceux qu’on appelle les « faucons », qui estiment que la légitimité est dans le parti, pas au gouvernement. L’autre slogan est : « Le peuple veut l’union nationale ». Cela veut dire qu’ils refusent un gouvernement de technocrates, qu’ils sont au pouvoir et veulent y rester. Ennahda dit aussi à la gauche, à l’opposition : vous étiez nombreux aux obsèques de Chokri Belaïd (opposant assassiné le 6 février), mais nous aussi, nous sommes nombreux.

 

C’est une impasse politique ?

Oui, nous sommes dans une impasse. Il y a deux projets de société qui se confrontent, et même qui s’affrontent, en particulier à travers le projet de nouvelle Constitution. Nous ne sommes pas d’accord sur la nature du régime, sur les droits et libertés… Rien n’est prêt, et à ce rythme, les élections ne pourront pas avoir lieu avant dix mois. Il faut revenir aux objectifs de la Révolution : « Emploi, liberté, dignité et pain ». Aujourd’hui, où en est-on ? Le pain, il est de plus en plus cher. L’emploi, il se dégrade. Les libertés sont menacées. Et de quelle dignité peut-on parler quand les assassinats politiques sont la seule réponse aux différences ?

 

Diriez-vous ce soir que grandit le danger d’un Etat islamiste?

Je veux garder espoir… Mais bien sûr que le danger existe, je ne dirai pas d’un Etat islamiste, mais théocratique. J’ai entendu crier dans la manifestation « le peuple veut l’application de la chariah »… Il nous appartient à nous, forces démocrates et progressistes, de nous unir. Mais après ce que j’ai vu aujourd’hui (ndlr : hier), je sais que le combat, le combat des valeurs, sera difficile. On voulait devenir comme la Turquie, avec un islam démocratique, mais ils nous emmènent vers le Soudan, vers la Somalie, vers le wahhabisme… Et ça, en tant que Tunisienne, je dis non.

Recueilli par Francis Brochet

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