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Khaled Mechaal, un pragmatique?

Richard Prasquier

 

Khaled Mechaal, un pragmatique?

 

 

Le grand article sur Khaled Mechaal signé par Benjamin Barthe dans l’édition du dimanche 9/ lundi 10 décembre 2012 du Monde est un superbe exemple de ce que j’appellerais, avec beaucoup d’optimisme pour les intentions de l’auteur, un exercice d’aveuglement volontaire.

 

Tout l’article en effet présente Khaled Mechaal, chef du bureau politique du Hamas venu pour la première fois dans la Bande de Gaza, comme un pragmatique, un homme qui « s’est rangé depuis quelques années déjà à  l’idée d’un Etat palestinien sur les frontières de 1967 ». Comme tel, il intéresserait beaucoup les chancelleries occidentales, même si celles-ci persistent à « boycotter ce qu’elles considèrent comme un mouvement terroriste ».

 

De fait on trouve dans les déclarations récentes de Mechaal, plusieurs allusions au fait que les Palestiniens pourraient pendant une trêve transitoire limiter leurs ambitions au contrôle des territoires palestiniens de « avant 1967 » (époque où, rappelons-le, ces territoires étaient entre les mains de la Jordanie, sans entrainer de réaction quelconque….). Ce qui signifie, bien sûr, que après la trêve le combat reprendrait.

 

De quoi faire de lui un « modéré » ? Mais alors pourquoi ne pas analyser le discours  de Mechaal prononcé à son arrivée à Gaza et relaté par tous les journaux de la planète ? Discours qui était connu au moment où B. Barthe a écrit son article et auquel il n’a pas accordé la moindre attention. Une seule référence indirecte, dans un petit encart dont le titre, venant probablement de la rédaction, signale « la Libération de la Palestine, toute la Palestine ».

 

Mais Khaled Mechaal a été bien plus disert que cela, et son discours a été d’une clarté extrême : la libération par les armes de la Palestine, c’est la libération de la Palestine du Liban à l’Egypte, et du Jourdain à la mer. Les Israéliens n’ont aucun droit à aucun centimètre carré de ces terres, qu’il s’agisse de Jérusalem ou de Haïfa.

 

Ces mots n’ont rien d’étonnant : ils sont dans la droite ligne des déclarations du Hamas, de sa charte jamais abrogée et si rarement lue. Comment permettraient-ils une quelconque négociation avec tout autre interlocuteur israélien qu’un candidat décidé au suicide ?

 

Mais pour le journaliste, il ne faut pas insister sur ces points qui fâchent, car l’important est de faire passer Mechaal pour un modéré. Dans ce but, les faits ne doivent surtout pas obstruer l’objectif. On décide donc que les paroles qui comptent sont celles que l’opinion internationale a cru entendre un jour de façon allusive, et pas celles qui sont clamées devant les foules palestiniennes transportées dans un tourbillon de haine.

 

Nous connaissons cette propension à s’aveugler en euphémisant, dont une forme est l’acharnement à comprendre et à justifier : ce fut celle des optimistes qui pensaient qu’il y avait moyen de s’entendre avec Hitler. Des optimistes, et des sympathisants….

 

La vérité terrible du Hamas, c’est celle des attentats suicides, celle de la prise en otage des populations civiles pendant que les chefs se terrent, celle des opposants précipités des immeubles les mains bandées, celle des suspects déchiquetés en public, celle d’un Dar el Islam étendu aux limites du monde, celle d’un pouvoir totalitaire interdisant toute critique et inculquant aux enfants la vénération de la mort qu’on donne et de la mort qu’on reçoit. La vérité du Hamas, c’est la vérité de l’article 7 de sa charte qui voue les Juifs à l’extermination, celle des autres articles qui promettent le djihad à tous les mécréants, chrétiens, agnostiques, francs-maçons, musulmans non conformes ou autres.

 

Et malheureusement, ce fanatisme obscène trouve des admirateurs, et encore plus des esprits compréhensifs : ceux qui pensent que la tâche originelle « coloniale » d’Israël est plus grave que tout le reste et qui cherchent à promouvoir leur vision du monde binaire et borgne.

 

Richard Prasquier

Président du CRIF

 

Khaled Mechaal, un pragmatique?

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