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KIPPOUR : LE RÊVE ECOLOGIQUE Par Jacques BENILLOUCHE

 

KIPPOUR : LE RÊVE ECOLOGIQUE

 

Par Jacques BENILLOUCHE


 

 

Le jour de Kippour, le Grand Pardon, intervenant dix jours après le nouvel an juif, Rosh Hashana, est dans le calendrier juif la fête suprême. Cette période de dix jours, la « Téchouva », est consacrée à regretter les mauvaises actions commises, à demander pardon avec sincérité à Dieu et à ses semblables, à se réconcilier avec ses ennemis et à réparer les préjudices commis dans le feu de l’action. Le jeûne marque cette journée de prière et de repentir. L’homme est invité à une introspection personnelle pour faire le bilan de ses actions, reconnaître ses torts et prendre de nouvelles résolutions pour l’année qui commence.

 

La journée, très respectée par la communauté juive mondiale, est entièrement consacrée à la prière, qui comporte sept bénédictions, de nombreuses lectures, une longue confession, et une demande de pardon au nom de tous. Seuls les repentants sincères peuvent alors être inscrits dans le « Livre de la Vie » qui leur garantitune année de plus sur terre.

Ce jour avait pris une connotation dramatique en Israël depuis le 6 octobre 1973 lorsqu’une coalition menée par l'Égypte et la Syrie lança une attaque surprise contre Israël, faisant de cette guerre la plus coûteuse en victimes militaires évaluées à 2.689 morts. Cette fête est donc suivie avec une certaine appréhension car les ennemis existent toujours et les tentations criminelles aussi. L’histoire pourrait bégayer.

 

Mais un autre aspect de cette journée de Kippour est moins connu : le rêve écologique trouve en Israël son application stricte. Bien que la fête soit d’abord religieuse, toute la population participe à la célébration de ce jour saint. Le jour est chômé ; toutes les entreprises sans restriction ferment leurs portes. Les cafés, les restaurants, les centres commerciaux baissent leurs rideaux. Sans être soumis à aucune loi, les voitures cessent de rouler par conviction ou par respect pour les repentants. Les lumières sont éteintes dans tous les lieux privés et publics ; les télévisions et les radios cessent d’émettre. Les trains, les bus et les avions restent dans leurs dépôts ou hangars. La consommation d’électricité est, durant ce jour de Kippour, la plus basse de l’année en Israël. L’air devient enfin respirable.

 

Ce jour est le règne des enfants, des promeneurs et des cyclistes qui occupent les chaussées et les routes normalement vouées à la circulation des véhicules. L’écologie à l’état pur voit une application concrète puisque le règne du tout-électricité est battu en brèche. La population se souffre pas et elle accepte cette journée de restriction comme une aubaine pour le retour aux fondamentaux de la vie simple et naturelle.

 

Kippour fête religieuse juive pourrait ainsi devenir la journée de l’écologie pour les laïcs et surtout la journée de la paix puisque les esprits sont uniquement préoccupés par la repentance et la réconciliation avec les ennemis. Un rêve écologiste éveillé en Israël.

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