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L’enquête d’Israël juge légal l’assaut de la flottille pour Gaza

 

L'enquête d'Israël juge légal l'assaut de la flottille pour Gaza

Le blocus israélien de la bande de Gaza et l'assaut mené par l'armée israélienne sur une flottille se dirigeant vers l'enclave palestinienne sont légaux, a conclu dimanche une commission d'enquête israélienne chargée de faire la lumière sur la légalité de l'offensive. 

Si le rapport juge le blocus légal, il invite néanmoins Israël à étudier comment concentrer les sanctions sur les dirigeants du Hamas, qui contrôlent Gaza, tout en épargnant les civils.

Neuf militants turcs propalestiniens ont été tués le 31 mai lors de l'abordage par des commandos de Tsahal du "Mavi Marmara" dans les eaux internationales au large d'Israël. Cette attaque avait suscité l'indignation de la communauté internationale et mis à mal les relations entre la Turquie et Israël.

Les autorités turques se sont dites "consternées et effondrées" devant les conclusions des enquêteurs israéliens.

La Turquie a rappelé que dans son propre rapport sur le raid du 31 mai dernier, remis en septembre aux Nations unies, elle avait conclu à des violations du droit international par Israël.

Selon le rapport israélien, le "Mavi Marmara" est devenu un objectif militaire en résistant à l'arraisonnement.

La commission accuse en outre l'IHH, une ONG islamiste turque propriétaire du "Mavi Marmara", d'avoir préparé une résistance extrêmement violente directement liée au conflit armé qui continue d'opposer Israël et le Hamas.

Ses conclusions serviront de base à une présentation israélienne des faits qui sera remise aux enquêteurs des Nations unies. Elles risquent d'être mal accueillies par la Turquie qui a réclamé en vain des excuses officielles et une indemnisation pour les morts et les blessés.

La commission Turkel a conclu que le blocus de Gaza était justifié compte tenu des risques de livraison d'armes au Hamas et des efforts d'Israël pour assurer l'approvisionnement humanitaire des citoyens ordinaires de la bande de Gaza.

"Même s'il était considéré que le blocus naval (...) ne respectait pas les obligations du droit international, des particuliers ou des groupes n'ont pas le droit de prendre eux-mêmes les choses en main et de briser le blocus", dit le rapport de 245 pages.

BALLES PERDUES

Les commandos qui ont abordé le "Mavi Marmara" ont eu recours à des tirs à balles réelles lorsque des passagers ont mis leur vie en danger, ajoute le rapport, rejoignant ainsi les conclusions d'une enquête militaire israélienne publiée en juillet.

A l'aide de vidéos prises par des caméras équipant les casques des commandos ou confisquées à des passagers, et s'aidant des récits de témoins, la commission a étudié 133 cas d'utilisation d'armes à feu ou de violence non létale par les Israéliens.

Dans 127 de ces cas, les commandos ont riposté de manière appropriée face à des passagers qui les attaquaient, a déclaré un responsable. Dans les six autres cas - pour lesquels des armes à feu ont été utilisées - on ne peut tirer de conclusion.

Une centaine sur les quelque 600 passagers qui ont opposé une résistance violente aux militaires israéliens ne peuvent être considérés comme des civils mais plutôt comme des participants directs à des hostilités que l'on pouvait légalement combattre au titre de combattants, a estimé la commission.

Des images montrent des passagers portant des coups de bâton ou de couteau aux militaires. Les Israéliens ont affirmé que des coups de feu avaient été tirés contre eux, ce qu'ont contesté les activistes.

Prié de dire si les neuf Turcs tués - dont un jouissait aussi de la nationalité américaine - avaient participé directement aux hostilités, un membre de la commission a répondu qu'il n'avait pas été possible de le déterminer, faute de précisions sur leurs blessures.

"Nous savons que les commandos ont tiré sur le centre critique de la menace", a-t-il dit, tout en ajoutant que dans pareille situation, des personnes en retrait peuvent être touchées par des balles perdues.

La commission a recueilli des témoignages d'Arabes israéliens passagers du "Mavi Marmara", mais son appel à des témoins turcs et d'autres nationalités est resté pratiquement sans réponse. Des transcriptions des interrogatoires des passagers par la police israélienne après leur interpellation ont aussi été examinées.

La commission a noté que la marine israélienne manquait de préparation en cas de violence, mais elle ne va pas jusqu'au blâme. Elle invite par ailleurs Israël à étudier la manière d'assurer un meilleur accès aux soins médicaux pour les Palestiniens de la bande de Gaza.

La commission Turkel, du nom de l'ancien juge de la Cour suprême Jacob Turkel, compte quatre Israéliens et deux observateurs étrangers, l'Irlandais David Trimble, lauréat du prix Nobel de la paix en 1998, et le magistrat canadien Ken Watkin.

Les commandos qui ont participé à l'opération n'ont pas témoigné et leurs récits ont été relayés par des officiers. La commission a aussi interrogé des généraux, le ministre de la Défense Ehud Barak et le Premier ministre Benjamin Netanyahu.

Avec Maayan Lubell; Marine Pennetier et Nicole Dupont pour le service français

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