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L’histoire du roi qui porta l’étoile jaune

L’histoire du roi qui porta l’étoile jaune

 

 

Oyez, oyez, brave gens, apprenez l’édifiante histoire du roi qui porta l’Etoile jaune en signe de solidarité avec les juifs de son royaume,  pour les protéger des méfaits des nazis.
Il s’agit du roi Christian X, monarque du Danemark, qui s’opposa fermement à l’arrestation de la population juive de son Etat, allant à l’encontre des injonctions nazis. En réalité, il ne la porta pas cette fameuse étoile jaune (la légende était trop belle…) mais menaça «… d’être le premier citoyen de son royaume à la porter». Shakespeare aurait pu en faire un nouvel Hamlet…

Cette légende -que la monarchie danoise fut la première à reconnaître le caractère mythique, c’est tout à son honneur…- ne doit pas occulter la véritable action de Christian X, qui n’en fut pas moins héroïque, ainsi que celle de tout son peuple et même celle de quelques… dignitaires nazis.

Le  9 avril 1940, les allemands envahissent  le Danemark, sans réelle résistance. Dans un premier temps, l’accord conclu entre le roi et les nazis, qui prévoyait de laisser le Danemark libre de ses affaires intérieures et de respecter sa neutralité, n’engendra pas de réaction particulière. Le mécontentement de la population ne se manifesta que par quelques gestes ou actions symboliques comme de porter des insignes interdits en public -ce qui n’était pas rien…
Mais les choses vont changer dès lors que les exigences nazis deviendront plus intrusives et pressantes. Le 25 novembre 1941, les allemands imposèrent aux danois de renoncer à leur neutralité et de se ranger sans équivoque à leurs côtés contre les alliés, décision qui avait pour conséquence concrète, en interne, la suppression du parti communiste et l’emprisonnement de ses membres, mais aussi la création d’un corps de volontaires danois pour soutenir l’effort allemand en Russie. Immédiatement, des émeutes de grande ampleur éclatèrent dans le pays et une véritable résistance populaire se constitua, assortie d’un grand nombre de sabotages et de grèves. A tel point que les Allemands adressèrent au gouvernement danois un ultimatum très sévère.
Tout devait être fait pour supprimer le droit de grève, de manifestation et de réunion, et condamner les saboteurs à la peine de mort.
Au lieu de se soumettre comme en 1940, le gouvernement danois, motivé par la résistance de la population,  refusa l’ultimatum et cessa purement et simplement de fonctionner. Le roi se considéra désormais comme «prisonnier dans son palais», dans lequel il était d’ailleurs effectivement gardé par des troupes allemandes. La Wehrmacht prit alors le contrôle réel du pays.
Trois semaines après le refus de cet ultimatum, le 18 septembre 1943, Hitler ordonna de déporter les Juifs danois.

Cette décision engendra des réactions pour le moins surprenantes, à tous les niveaux, qui sont de nature à redonner confiance en la nature humaine…
En premier lieu, et ce n’est pas le moins héroïque (ou intelligent…), les dignitaires allemands qui occupaient le pays depuis plusieurs années et connaissaient l’attitude de la population refusèrent cet ordre. Le général Von Hannecker refusa de mettre ses troupes à la disposition du plénipotentiaire du Reich, le Docteur Werner Best. Rolf Gunther, un des hommes de main des nazis les plus redoutés (connu notamment pour sa cruauté et sa totale absence de pitié) fut donc dépêché sur place. Mais il ne parvint pas à convaincre ses collègues de Copenhague. Affront suprême à l’endroit des autorités centrales nazis, le général Hannecker refusa même de décréter que les Juifs pointent pour aller au travail…
Werner Best se rendit alors à Berlin pour négocier, et obtint la promesse que tous les Juifs du Danemark, quelle que soit leur catégorie, soient déportés en un même lieu, Theresienstadt en Tchécoslovaquie, et ce dans des conditions «favorables».
La capture des Juifs fut donc décidée, de même que leur évacuation immédiate. Comme il était apparu que les nazis ne pouvaient compter sur les danois ni même sur les troupes allemandes affectées au Danemark, ils  envoyèrent des unités de police d’Allemagne pour procéder à la recherche des Juifs, maison par maison.
Mais, quelques jours avant la date prévue de l’opération, un agent de transport allemand, Georg F. Duckwitz révéla tous les projets allemands à des fonctionnaires danois.
Les autorités danoises réagirent sans délai : le ministère des Affaires étrangères demanda aux dignitaires allemands en charge de l’occupation de  s’expliquer sur cette rumeur. Les syndicats, très puissants dans ce pays, sollicitèrent un démenti officiel. Et le roi Christian X lui-même -on y vient…- fit parvenir un avertissement écrit à l’ambassade d’Allemagne, menaçant d’être le premier citoyen à porter l’étoile jaune si les Allemands en imposaient le port aux Juifs. Plusieurs officiers supérieurs s’associèrent également à ces protestations, et certains sujets non juifs (et là, les faits sont authentifiés) portèrent d’eux-mêmes l’étoile jaune.
Pendant ce temps, la population danoise qui s’attendait depuis longtemps à l’arrestation des Juifs, les aida à rejoindre la Suède. Les réseaux de résistance et les syndicats prirent en charge financièrement leur voyage. La nouvelle de l’imminence des arrestations étant rapidement partagée, les Juifs n’eurent que peu de temps pour quitter leurs appartements et pour se cacher dans des familles non-juives. Autres faits authentifiés, les hôpitaux et cliniques de Copenhague ont « renvoyé » tous leurs patients portant un nom juif et, sans même qu’ils quittent leur lit, les ont réadmis sous d’autres noms. Certaines cliniques sont allées jusqu’à hospitaliser des familles entières de Juifs en parfaite santé….  Quant au Bispebjerg Hospital de Copenhague, il se transforma du jour au lendemain en un véritable camp de transit, admettant des groupes d’une centaine de Juifs, leur fournissant des vivres et de l’argent et les dirigeant vers des organisations de résistance.
Pour ce qui est de Werner Best, le plénipotentiaire du Reich déjà cité, il fit informer les policiers allemands qu’il leur était  interdit de pénétrer de force dans des logements habités par des Juifs. Cette décision faisait que les policiers allemands ne pouvaient donc capturer que les Juifs qui les laisseraient entrer de leur plein gré…

Au final, la résistance des danois et la non-collaboration de certains allemands «haut placés» aux consignes des nazis, obtint des résultats impressionnants : seuls 425 juifs sur les 8 000 que comptait la communauté danoise furent arrêtés soit 5% de l’ensemble, proportion infiniment moindre que celle qui fut observée dans les autres pays occupés. Quarante-huit d’entre eux moururent effectivement, chiffre très bas étant donné l’âge moyen de ce groupe -et sachant que 72 % de la population juive d’Europe fut exterminée !… Il est vrai que, comme l’a écrit Hannah Arendt, les Juifs danois déportés à Theresienstadt « jouissaient plus que tout autre groupe, de privilèges spéciaux parce que des institutions et des particuliers danois ne cessaient de s’enquérir de leur sort« .
Un constat qui sonne comme un réquisitoire implacable contre l’attitude de l’immonde régime de Vichy et de la Collaboration…

Gloire à ce petit pays et à son peuple 

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