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La bénédiction, par Emile Tubiana

La bénédiction

 

 

 

 

 

 

 

 

Il était une fois, dans un petit village,

Un père de dix enfants, pauvre et sage.

Pour subvenir aux besoins de sa famille,

Tous les matins, même sous un ciel gris,

Il courait toujours, dans le vent et sous la pluie.

Les villageois s’étonnaient de le voir encore en vie.

Le village était assez riche mais on y manquait de boulot

Là où il habitait, il faisait chaud et on manquait de l’eau.

Le pauvre n’arrêtait pas de faire le va-et-vient

Près d’un café, dans l’espoir de faire un lien.

Comme celui-ci n’était pas du tout cher

Et que ses tables et chaises étaient en plein air

Tous les pauvres et les riches y étaient assis

En dégustant leur café matinal bien exquis.

Les riches se levaient et se mettaient tous à rire.

Il cherchait un travail et n’essayait pas de s’enfuir

Le père de famille criait : « Qui a du travail? »

Il recevait la même réponse n’importe où qu’il aille.

Le plus riche du village était assis près du seuil

Toujours bien habillé, avec son gros portefeuille.

Soudain un homme qui semblait être étranger

Lui demanda gentiment et d’un ton très léger :

« Monsieur puis-je m’asseoir auprès de vous? »

Le riche n’avait pas connu un homme aussi doux

Il était bien d’avoir un compagnon avec qui rire :

« Mais je vous en prie, monsieur, c’est avec plaisir. »

Le riche du village croyait être le seul charitable

Ce bonhomme bien habillé comme dans les fables.

Le riche: « Je suis Ricki Yanzess et ici c’est ma place. »

’étranger sans hésiter lui fit tous les hommages

« Mon nom est Bénédiction et je vous ai vu sourire »

Le riche croyait à un malentendu et se mit à rire,

Il dit : « Que faites- vous, Monsieur Bénédiction? »

L’étranger: « Je n’ai besoin d’aucune action,

Car je suis moi-même la vraie Bénédiction!

Je rends les gens heureux sans rire et sans façon. »

A ces mots Ricki Yanzess fit : « Moi aussi,

Je rends les gens heureux et sans soucis. »

Il appela le pauvre qui cherchait un travail

Celui-ci arriva : « Où voulez-vous que j’aille,

Que voulez-vous que je fasse, pour vous plaire ? »

Le riche : « Voici une pièce et vous n’avez rien à faire. »

Le pauvre, heureux, prit la pièce et fit demi tour

Avec cette pièce il avait tout juste pour un jour.

Le lendemain les bonshommes se retrouvèrent

Au café de la place où on vendait aux enchères.

A la surprise des deux, le pauvre malheureux

Cherchait, qui aurait pu le rendre heureux ?

Bénédiction tout étonné demanda à Ricki :

« Vous m’avez dit que vous pouviez aussi,

Que vous soulagiez le sort des malheureux,

Mais cet homme n’a pas l’air d’être heureux. »

Ricki Yanzess, essayant de lui montrer son tort,

Tendit au pauvre homme une autre pièce en or.

Comme à l’habitude il prit la pièce, et s’en alla.

Le surlendemain les deux étaient à nouveau là.

Ils se retrouvaient au même café du village

Le pauvre courait en criant : « Je suis en chômage ! »

Cette fois-ci Monsieur Bénédiction fit:

« Ne lui donnez rien, vous lui causez des soucis,

Moi je le rendrai heureux sans la pièce d’or. »

Ricki croyait qu’il se vantait assez fort.

Il va certainement donner une grande somme.

Mais Bénédiction se leva et appela l’homme :

« Allez-y vite à la grande maison rose,

Il cherche quelqu’un pour qu’il se repose,

Il est généreux, il vous donnera plein de choses. »

Le pauvre alla chez l’homme de la maison rose

Il frappa à la porte, un monsieur lui ouvrit le portail.

« C’est vous qui cherchez quelqu’un pour le travail ? »

Le bonhomme de la maison rose tout content :

« Peignez-moi cette maison toute en blanc !

Quand vous finirez, vous auriez encore des maisons. »

Le pauvre travailla jusqu’au soir en chantant

Les deux riches ne le voyaient plus, car il sortait tôt,

Il travaillait si bien que le riche lui fit un beau cadeau.

Après qu’il avait fini toutes ces maisons

Le riche lui donna des recommandations.

Le père de famille finit par avoir des ouvriers.

Il passa un jour près de la place bien habillé.

Il n’avait pas l’air de vouloir chercher autre chose.

Les deux : « Qu’avez-vous fait de la maison rose ?

Mais vous ne cherchez plus du travail ? »

Le pauvre leur répondit sans aucune faille :

« Vous rigolez ? J’en ai par-dessus la tête

J’ai pris des ouvriers pour finir avant la fête »

Ricki Yanzess tout étonné regarda bien Bénédiction :

« Vous avez dû pour son travail lui avancer des fonds ?

Lui avez-vous donné en cachette de l’argent ? »

Monsieur Bénédiction lui répondit gentiment:

« Lui donner de l’argent ? Je n’avais aucune raison

Mais, je lui avais donné ma bonne bénédiction. »

L’histoire de la Bénédiction m’a été racontée en tunisien par mon ami Said Abbas, fils du colonel Abbas, qui servait le dernier Bey de Tunisie. C’était son père, le colonel Abbas qui avait formé les premiers noyaux de l’armée tunisienne. Said Abbas, aussi connu sous le nom de Hedi Ben Salem, était lui-même un élève de Saint Cyr, capitaine de l’armée tunisienne et héros de la bataille de Bizerte. Mort en 1993 aux USA. Sa femme le transféra à Tunis où il reçut des funérailles avec tous les honneurs militaires.

A mon tour je trouvais nécessaire de traduire cette histoire d’abord en français, puis la transcrire en vers pour la relater en sa mémoire. « El Barka fih. » Un ami reste toujours un ami.

Copyright Emile Tubiana

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