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LA BATANIYA…YE NARI…, par Albert Simeoni

LA BATANIYA…YE NARI…, par Albert Simeoni

Chez nous, on aimait bien se couvrir….Avec une bataniya…SOUF MTA GAFSA …Autant dire que cette couverture en laine faite main, un célèbre produit de l’artisanat tunisien du SUD , n’avait pas son pareil pour nous tenir au chaud. 
Nous étions à cette dure époque sans chauffage.

BEL AFIE YE DIWEN.

Ni chauffage centrale, ni gaz, ni réchaud à pétrole ni rien, canoun certes. 
Donc aux hivers rugueux la BATANIA GAFSI était notre CHAUFFAGE CENTRALE…La notre était un peu spéciale.

Pour économiser, trois couvertures, Meiha avait eu une idée géniale. Elle avait cousu deux bataniat…Soit 4 mètres sur 2 mètres, soit 100 kgs de laine de quoi couvrir tout l’immeuble. Elle allait de la chambre à manger puis bifurquer par la porte de la chambre de mes parents et enfin elle terminait sa course sur le lit de mes deux frères, un grand parcours, plus long que le tour der France. Pour peu elle passait par la terrasse.

Bref, au soir venu, nous étions tous sous la BATANIYA…Qui sentait l’odeur du mouton, du lama et même du zèbre. 

Donc chacun de nous avait sa part d’étoffe, seulement voilà, c’est que, à force de tourner et de se retourner durant la nuit, elle se retrouvait parfois à terre ce qui faisait dire à MEIHA ‘…WINIYE EL BATANYAAAAAA… ? Echbiya kssarét.. ? Où elle est passée la BATANYA…Qu’est ce qui fait qu’elle a raccourci… ? 

Mon papa qui était logé à 4 mètres de nous, dans sa chambre, souvent un peu bu, disait entre deux hoquets ‘ . ..IN YADDIN RABCOM…KHDIDOU EL BATANIYAaaaa… ! JURON SUR D IEU…Vous avez pris toute la couverture… ? Moi qui dormais entre ma tante Poupée et ma GRAND MERE, j’avais souvent l’orteil de ma tante dans le nez, et la bataniya avait pour office justement de me protéger de cela. Donc, je disais à ma tante POUPEE….’. ..TATA…. ??? Ton pied… !’ Elle qui ronflait comme je ne vous dis pas sursautait alors que je lui pinçais l’orteil et là elle disait ‘…Echbi sobyi b’red … ? Pourquoi mon orteil gèle…. ?’ 

Une fois la couverture remontée, c’était au tour des pets, des manifestations de joie, nous retrouvions enfin cette douce chaleur très conviviale qui donnait un sens du partage à la promiscuité. 

Lorsqu’avec le temps, elle s’usait Mémé Meiha avait pour tache de la repriser sinon le trou s’agrandissait et ma tête passait à travers et Poupée disait ‘…Men yaiche ââlic, tewoua rassou yebred… ! Pauvre chérie, sa tête va attraper froid. ? S’il n’y avait que cela qui prenait froid… !

Puis un soir Papa nous fit l’honneur de nous offrir un DEMON, un réchaud à pétrole BEL FTILA, avec mèche et là, toute la nuit nous sentions le pétrole prendre le relais de nos pets. 

Le progrès remplaçait peu à peu la BATANYA YE HNINE….. ! 

Sans doute qu’aujourd’hui tout cela est bien fini mais je tiens à le souligner, l’époque de la BATANYA était bcp mieux que celle des édredons, savez vous pourquoi… ?? Parce que ceux et celles qui étaient sous la BATANYIA ne sont plus aujourd‘hui pour nous la rappeler, quand aux édredons à la senteur LAVANDE…Elles ne sont là que pour garnir nos lits lorsque qq’un vient nous rendre visite. 

A L’improviste.

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