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La Boulette (Tune) et la Tempête (Sandy), par Avraham Bar-Shay

 

La Boulette (Tune) et la Tempête (Sandy)

 

Je vais vous raconter une histoire qui est arrivée, il y a quelques jours seulement, à un ami d'enfance qui habite Paris.  C'est difficile d'y croire, mais je vous jure qu'elle est authentique.

D'abord,  quels liens peut-il y avoir entre, ces délicieuses boules parfumées, nées depuis des siècles, sur les rives de la Méditerranée Africaine et cette Tempête, qui vient de naitre et qui dévasta les rives de l'Atlantique Nord Américain?  De prime abord, aucun lien.

Je le croyais aussi, mais ce qui va suivre nous prouvera autre chose. 

Un jeune parisien talentueux, de parents Tunes, s'expatriait il y a un quart de siècle, vers New York, pour exercer ses talents dans la recherche, et il y réussit  admirablement.

Il  fonde une très belle famille américaine.

Mais même les meilleurs restaurants de New York n'arrivent pas à lui faire oublier la Cuisine Tune de sa Mère. Il réussit, non sans efforts, à  remplacer certains des plats qu'il aimait, par la cuisine italienne ou orientale, mais ce sont les Boulettes Tunes de sa mère qui lui manquaient le plus.

Il était sur qu'elles étaient les meilleures de tout ce qu'il avait gouté. Quand il était jeune, il avait vu sa mère au travail. Comme une pro, elle nettoyait la viande de tous les tendons et autres morceaux qui se mâchaient  difficilement. Elle hachait sa viande à la main (plutôt à deux mains) en passant les  morceaux entre les tranchants de deux couteaux qu'elle "croisait" comme des épées.

La viande hachée à la machine se perd dans la masse, tandis que dans ses boulettes,  les petits morceaux de viande coupés à la main, noyés dans les autres ingrédients, s'écrasaient tendrement entre les molaires, c'est ça la Boulette.

Ces morceaux sont comme les Solistes d'une grande chorale de gouts et de parfums, ils se distinguent tout en restant en harmonie avec tout ce qui les entoure.

Pour les herbes aromatiques, elle n'en prenait que les feuilles, aucun brin ou bâton  comme elle aime les appeler. Son mélange d'épices était son plus grand secret. 

Le fils ne ratait aucun congrès de sa profession, qui se tenait à Paris. Lors de ses visites entre deux conférences, elle lui  servait ses mets préférés et il repartait toujours avec un grand paquet de Boulettes congelées.

Ces paquets  avaient intrigué pas mal de fois les inspecteurs de l'aéroport et ont failli lui causer des ennuis. Aux Etats Unis, on ne rigole pas avec  l'importation de produits comestibles ou agricoles.

Sa nouvelle famille Américaine devint  aussi friande que lui de cette Manne et les "provisions" ne duraient plus longtemps.

Alors, un jour que ses parents (mes amis d'enfance) étaient venus passer un séjour chez lui, à New York, sa bonne Maman lui dit qu' avant de partir elle voulait lui laisser un souvenir;  lui préparer autant de boulettes qu'il lui serait possible de garder dans son congélateur .

Elle prépara la liste des ingrédients et les quantités requises pour quelques dizaines de boulettes. Il doubla la mise et combla  la cuisine. Tous les membres de la famille s'étaient  libérés ce jour là de leurs besognes et se mirent à la disposition de la Patronne. Aidée de son "Equipe"  elle arriva  à réaliser plus d'une centaine de ces boules parfumées, qui allèrent droit au congélateur.

La méthode fut adoptée et appliquée: à chaque fois que les parents venaient visiter leurs petits enfants. Quand la fin du séjour approchait,  toute la famille se transformait, sous la baguette magique de la Maman-Chef, en un orchestre bien rodé, pour  jouer le Concerto des Boulettes.

Vous croyez qu'il n'avait pas essayé de ne plus déranger sa Maman et de faire ses boulettes,  lui même ? Bien sur, mais il manquait  toujours, à notre Savant,  ce petit parfum qui venait de là bas, de la Méditerranée, et surtout des doigts de sa mère.

Tout le monde y trouvait  sa part de bonheur et le congélateur, qu'on avait presque vidé  auparavant, se trouve à la fin, bourré de ces belles Boules arrangées dans les boites qui avaient attendu  dans l'armoire, depuis la dernière visite.

Cela a bien marché pendant plusieurs années. Mais cette fois (fin octobre 2012) les parents rentrèrent  d'Amérique juste  avant que la Tempête Sandy n'atteigne la ville de New York. Quelques heures après que leur avion ait décollé,  l'aéroport JFK  fut fermé (quelle chance pour eux).

Toute la ville de New York, et notre Savant, se trouvèrent privés d'électricité. Il réalisa tout de suite que son congélateur ne pouvait pas continuer à veiller sur son trésor, de plus d'une centaine de boulettes. Il fallait tout faire pour les sauver.

 Il pensa même les garder dans les congélateurs de ses laboratoires, qui ne devaient jamais s'arrêter,  mais là aussi la place manquait, et puis les aromes des boulettes auraient alerté tout le monde. 

Finalement il trouva deux ou trois amis qui étaient munis de groupes électrogènes, chez qui il déposa les paquets,  jusqu'au  rétablissement du courant. 

A la prochaine occasion, il installera surement un générateur. 

Ainsi les boulettes Tunes furent sauvées de la tempête Sandy, et notre ami aura gardé les délicieuses boules faites des mains de sa mère.

 

Avraham Bar-Shay (Ben-Attia)

absf@netvision.net.il

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Bonjour
Félicitation pour votre excellent beau travail
C’est super. Bonne continuation

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