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La communauté juive de Montréal ne voulait pas de Dieudonné

 La communauté juive de Montréal ne voulait pas de Dieudonné

 

Le CERJI a envoyé une lettre à evenko, qui gère le Théâtre Corona

 

Raphaël Gendron-Martin

Dieudonné devait se produire au Corona, du 14 au 17 mai. Mais le théâtre, par le biais d’evenko, a décidé d’annuler les spectacles à une semaine des représentations.

 

extraits de la lettre du CERJI* à Evenko

 

«

La communauté juive du Québec est troublée et déçue par la décision d’EVENKO de louer du 14 au 17  mai prochains le Théâtre Corona à Dieudonné, l’humoriste français devenu virulent propagandiste antisémite. »

 

«

Il est notoire que le fonds de commerce de Dieudonné n’est plus l’humour, mais la haine des Juifs. C’est pourquoi, aussi, la justice française l’a trouvé coupable à plusieurs reprises d’incitation à la haine. Tant et si bien que boudé par le monde du spectacle français et québécois, Dieudonné en est réduit à se présenter dans son propre théâtre et d’obscures salles de spectacles. »

 

«

Notre communauté s’explique mal qu’une entreprise de renom comme EVENKO ait accepté d’offrir une tribune à cet homme qui a depuis longtemps cessé d’être un comédien et se dédie désormais à semer la haine et la division. »

* Centre consultatif des relations juives et israéliennes

 

 

Dénoncé en Europe, on dirait bien que Dieudonné soit aussi persona non grata au Québec. Quelques semaines après avoir reçu une lettre du Centre consultatif des relations juives et israéliennes, evenko a décidé d’annuler complètement les spectacles de l’artiste prévus du 14 au 17 mai au Théâtre Corona. Il semble bien que la liberté d’expression ait ses limites.

Les derniers jours n’ont pas été faciles pour Dieudonné. Le 9 mai, l’artiste voyait débarquer les autorités belges, envoyées par le gouvernement, en plein milieu de son spectacle à Bruxelles.

Le lendemain, il recevait une lettre du Théâtre Corona, signée par Jacques Aubé, vice-président exécutif et directeur général d’evenko, qui mentionnait que les spectacles prévus à peine quelques jours plus tard, à Montréal, devaient être annulés.

« Nous avons été avisés que le contenu du spectacle de monsieur Dieudonné, en tout ou en partie, constitue de «l’incitation publique à la haine», ce qui constitue un acte criminel en vertu du Code criminel du Canada, de même qu’une cause de nullité absolue du contrat de location puisque prohibé par la loi et contraire à l’ordre public », écrivait Jacques Aubé.

Changement d’avis

Fâché par la tournure des événements, Dieudonné a publié, hier, l’intégralité de la lettre sur sa page Facebook, avec la mention: «Voici la scandaleuse décision d’annulation du Théâtre Corona à Montréal. « Nous avons été avisés... » Mais par qui? Sachant que quelques jours avant, ce même théâtre avait reçu des pressions et menaces d’associations juives ! »

Le Centre consultatif des relations juives et israéliennes (CERJI) a effectivement envoyé une lettre à evenko, à la mi-avril, sans toutefois faire des pressions sur la compagnie. « Nous voulions nous assurer qu’evenko comprenait bien avec qui ils avaient affaire, dit David Ouellette, directeur associé, affaires publiques (Québec) pour le CERJI. »

Le CERJI a reçu une réponse d’evenko par écrit le 4 mai, dans laquelle on indiquait avoir pris note des remarques de l’organisme, tout en mentionnant qu’on était tenu d’honorer le contrat avec Dieudonné. « À mon avis, étant donné tous les événements de la semaine dernière en Belgique, je pense qu’evenko s’est ravisé  », dit David Ouellette.

Pas le promoteur

Du côté d’evenko, Jacques Aubé n’a pu commenter, étant parti en vacances. Caroline Audet, relationniste de l’entreprise a tenu à préciser qu’evenko n’était pas le promoteur des spectacles de Dieudonné.  « C’était seulement une location du Théâtre Corona, que gère evenko. On n’avait aucun investissement dans le spectacle et on n’en faisait pas la promotion.  »

Sur sa page Facebook, Dieudonné martèle que l’annulation du contrat est illégale. Est-ce qu’il y aura des suites au niveau judiciaire ? « C’est en discussion avec des avocats », répond Caroline Audet. Il n’a pas été possible de parler à la direction du Corona, hier, de même qu’à l’entourage de Dieudonné.

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