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La petit Sicile a La Goulette

La petit Sicile a La Goulette

 

 

"La Petite Sicile" est un très ancien quartier italien de la Goulette, située à 10 kms de Tunis et immortalisée par Ferid Boughedir dans son film "un été à la Goulette"

La Goulette est une traduction du nom venant de l'italien goletta (petite gorge), langue alors très usitée dans la région en raison du nombre important d'Italiens y vivant aux XIXe et XIXe siècles. Ce terme est lui-même une traduction du nom arabe du lieu, Halq al-Wādī, signifiant littéralement « gorge (ou gosier) de la rivière ».

Ce terme désigne le goulet d'étranglement — un canal large de 28 mètres — grâce auquel le lac de Tunis communique avec le golfe de Tunis et aux bords duquel s'élève la cité. Ce passage à proximité d'une rade a fait de La Goulette le principal port du littoral tunisois après la destruction des installations portuaires de Carthage au début de la conquête arabe. 

À partir de 1868, année de la signature du traité tuniso-italien de La Goulette qui encourage l'immigration en Tunisie, l'arrivée des Italiens se fait de plus en plus massive et finit par changer la physionomie de la ville.

La très grande majorité de ces colons — qui sont journaliers, artisans, mineurs et pêcheurs — formeront vite une communauté importante et donneront à leur quartier le nom de "Petite Sicile". Très vite, sera fondée une chambre de commerce en 1884, la Banca Siciliana, le quotidien L'Unione et d'autres organismes culturels et d'assistance dédiés aux Italiens : théâtres, cinémas, écoles et hôpitaux.

Italiens et tunisiens forment deux communautés qui se mélangent, particulièrement par les mariages mixtes. 

Parmi les célébrités originaires de la Goulette : l'actrice Claudia Cardinale, qui prend la route du succès après son élection en 1957 comme la plus belle italienne de Tunis, Achille Zavatta le clown et moins connu à l'étranger : Henri Tibi le chanteur, surnommé le Georges Brassens tunisien.

On comptait près de 25 000 italiens immigrés en Tunisie en 1870, et 89 216 à l'occasion du recensement de 1926, parmi lesquels une partie résident à La Goulette. La ville est également un lieu de vacances couru pour les familles modestes de la capitale qui arrivent par le petit train à vapeur de la Société de navigation gênoise Rubattino. La mise en fonction, en 1908, du chemin de fer électrique du TGM, la construction d'appontements pour le déchargement de combustibles et l'embarquement des minerais donneront un nouvel essor au petit port.

Le fameux pélerinage

L'église Saint-Augustin et Saint-Fidèle de la Goulette est animée par des frères capucins siciliens. Elle fut édifiée entre 1848 et 1872. À partir de 1898, le cardinal Lavigerie demande aux ermites de saint Augustin, originaires de Malte, de prendre en charge la paroisse ; le plus célèbre d'entre eux est le père Salibat qui apporte des modifications et embellissements à l'édifice. Elle devient vite un lieu d'attraction avec le pèlerinage à Notre-Dame de Trapani et sa procession à travers la ville, qui n'existe plus aujourd'hui. À partir de 2007, le bâtiment fait l'objet de travaux de réfection, un peintre italien, Alberto Bogani, donnant à l'édifice une nouvelle décoration.

L'église accueille une communauté anglophone, surtout africaine, chaque dimanche pour la messe. Une communauté de sœurs missionnaires de la Charité (sœurs de Mère Teresa) vit sur place, prenant soin de quelques grand-mères d'origine italienne et finissant leurs jours en Tunisie. Une communauté de pères de la congrégation de la Mission, dits lazaristes, vient s'installer dans les lieux à partir de septembre 2011.

La fin d'une époque

Mais en 1964, quand le président Habib Bourguiba ordonna la saisie de certains biens possédés par des étrangers, beaucoup prirent le chemin de l'exil. Les Italiens de La Goulette, n'ayant que des documents français, n'ont d'autre choix que de chercher une nouvelle vie en France où ils vont s'ajouter aux Pieds-Noirs en provenance d'Algérie. 

Les quelques vestiges du passé européen de La Goulette sont l'église Saint-Augustin et Saint-Fidèle, quelques maisons de style liberty et quelques phrases en dialecte sicilien restées dans la mémoire des plus anciens Tunisiens, "Il Corriere di Tunisi", périodique né en 1956 et diffusé outre-mer auprès de la diaspora de La Goulette.

La Goulette, un pezzo dell'antica Sicilia a Tunisi

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