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La tuerie de Toulouse rouvre le débat sur l'aliyah des juifs de France

 

La tuerie de Toulouse rouvre le débat sur l'aliyah des juifs de France

 

JERUSALEM (AFP) - La tuerie de Toulouse a rouvert un débat au sein de la communauté franco-israélienne sur l'aliyah, l'immigration des juifs de France vers Israël, entre ceux qui souhaitent qu'elle s'accélère et d'autres qui refusent qu'elle réponde à la peur.

"Cet attentat horrible devrait avoir des conséquences sur l'aliyah car les juifs de France vivent dans la peur", écrit Avraham Azoulay, le directeur du P'tit Hebdo, un magazine gratuit populaire chez les Franco-israéliens, dans le quotidien de droite Makor Rishon.

Selon cet ancien Toulousain, les Juifs de France "ne sont plus en sécurité" après l'attaque contre une école juive à Toulouse qui a fait 4 morts, dont 3 enfants.

Au cours de la dernière décennie, entre 1.800 et 3.000 juifs français ont fait chaque année leur aliyah (littéralement "montée" en hébreu), selon des chiffres officiels.

Cette immigration a été plus importante au début des années 2000, en raison des tensions liées à la deuxième intifada, mais elle s'est ralentie ces dernières années. La France est passée au 5e rang des pays de départ.

La communauté juive de France --la plus large d'Europe-- compte selon diverses estimations entre 500.000 et 700.000 membres.

"La haine n'a pas de limite, notre soutien aussi", "Juifs de France, en danger. Votre place est en Israël", a-t-on pu lire sur certaines banderoles brandies par quelque 250 Franco-israéliens rassemblés jeudi soir à Tel-Aviv en hommage aux victimes de la tuerie de Toulouse.

Mais, au cours du même rassemblement, on a pu aussi entendre "La Marseillaise" et "la Hatikva" (l'espoir), les deux hymnes nationaux repris par la foule.

"Il est de notre devoir d'Israéliens francophones de surmonter les clivages qui d'ordinaire nous divisent pour ensemble affirmer: aujourd'hui, nous sommes tous des juifs toulousains", affirme Daniel Haïk, lui aussi ancien Toulousain et rédacteur en chef de la version française de l'hebdomadaire orthodoxe Hamodia. Le journal, qui paraît à Jérusalem, a consacré 15 pages à la tragédie de l'école Ozar Hatorah.

Mais certains dirigeants de la communauté franco-israélienne estiment que l'immigration en Israël ne doit pas être motivée par la peur.

"Nous n'avons pas besoin d'une telle tragédie pour parler d'aliyah, nous en parlions avant et nous continuerons de le faire", explique à l'AFP Sam Kadosh, directeur du Centre national des étudiants francophones d'Israël (CNEF).

"Après le meurtre antisémite d'Ilan Halimi (un Français juif enlevé, torturé et assassiné par un gang en banlieue parisienne en 2006, Ndlr), il n'y a pas eu de hausse dans les chiffres d'immigration et il n'y a aucune raison que les choses soient différentes cette fois", souligne M. Kadosh.

Près de 2.000 personnes, en grande majorité des Franco-Israéliens, ont assisté aux obsèques de Jonathan Sandler (30 ans), de ses deux fils Gabriel (4 ans) et Arieh (5 ans) et de Myriam Monsonégo (7 ans).

"Je pense que la place des Juifs est en Israël mais ça doit venir d'une prise de conscience identitaire, pas des conséquences de cet acte barbare", plaide Avi Zana, directeur d'AMI ("Aliyah et Meilleure Intégration"), une association chargée de l'accompagnement des nouveaux immigrants français en Israël.

L'ambassadeur de France en Israël, Christophe Bigot, relève que, malgré l'inquiétude provoquée par la fusillade de Toulouse, le nombre des actes antisémites est en recul en France.

"Si la France, comme d'autres pays est visée par le terrorisme, il ne faut pas oublier que le nombre d'actes antisémites en France est le plus bas depuis dix ans", souligne-t-il.

Le nombre total des actes antisémites enregistrés en France pour l'année 2011 s'élève à 389, toutes catégories confondues, contre 466 en 2010, selon un rapport du Service de Protection de la Communauté Juive (SPCJ), publié en février.

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