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La Tunisie au bord d’une seconde révolution

 

La Tunisie au bord d’une seconde révolution

 

 

LE KEF. - Mardi matin, la ville de Siliana avait décidé d’une grève générale suite à un conflit entre une syndicaliste frappée – giflée – par le secrétaire du Gouverneur. Plus de 7000 personnes se sont rassemblés devant le siège du Gouverneur. Quelques pierres furent jetées contre ce lieu de pouvoir, rien d’exceptionnel sur l’échelle de la colère. Alors la police réprima avec une violence incroyable les hommes, femmes réunis pour demander que leur région se développe. Car la situation sociale est dramatique pour beaucoup d’entre eux. J’ai moi même raccompagné en voiture une journaliste de Radio Le Kef (radio d’Etat supposée irréprochable avec le droit du travail) à 10 kms de son travail, dans un no man’s land privé d’électricité. Son père est handicapé, sa mère cancéreuse, sa sœur divorcée et mère d’un enfant de sept ans dont le père a oublié l’existence. Inutile d’accumuler les témoignages, la situation est la même que sous Ben Ali. Et quand j’évoque le sujet avec le directeur de cette radio, il me répond, « je n’y peux rien ». L’administration serait plus forte que son patron. Foutaises.

L’embrasement qui se produit à Siliana a une seule explication : la brutalité policière. Matraque, tabassage en règle d’individus, gaz lacrymogènes à volonté, descente nocturne à l’hôpital en salle d’opération, tirs à la carabine (une arme fort peu policière) dans le visage des protestataires. Bilan : plus de 300 blessés, dont une trentaine transportée à Tunis afin de se faire soigner les yeux criblés de chevrotine. Certains ont perdu la vue.

A cette répression digne de Zaba, le Premier Ministre Hamadi Jebali a répondu que « le dégage c’est fini » et que les manifestants étaient soient des voyous soient des opposants politiques. Cette forme de non recevoir ressemble à celle de Ben Ali en janvier 2011 lorsqu’il faisait dire par certains journalistes de Watanya 1 que les manifestants étaient des « terroristes ». Le feu a pris à Siliana. Désormais la plupart des tunisiens est choquée par cette violence du Ministère de l’Intérieur. Comment justifier que six voitures de police débarque à l’Hôpital de Siliana durant la nuit, que les agents du MI fassent irruption pour arrêter des blessés en cours d’opération? Depuis la fin de la dictature, ce genre d’attitude semblait interdit. Le parti au pouvoir, Ennahdha, en a décidé autrement. En reléguant aux calendes grecques les élections (au mieux en 2014), en faisant trainer l’établissement d’une nouvelle Constitution ( promesse : un an pas plus pour l’écrire), le parti du Cheikh Ghannouchi a décidé de se moquer du peuple. De faire comme bon lui semble. Comme sous Ben Ali. Ce que les tunisiens n’acceptent pas. Ce soir, jeudi 29 novembre, la Tunisie est au bord d’une seconde révolution. Elle sera plus radicale, plus violente. La jeunesse (plus de 30% de la population) est en colère. En rage. Pas de travail, pas de perspectives, pas d’espoir. Ennahdha a voulu parler mœurs, alcools, chambre à coucher. Mais les tunisiens n’ont pas besoin d’un censeur de leur vie privée. Ils veulent du travail, de la sécurité, de la justice sociale. Que celui de La Marsa soit traité comme celui de Kasserine. 

Ce que j’ai vu ces jours-ci prouvent que le pouvoir en place n’a rien fait pour les démunis, les sans-rien, les pauvres. C’est dégueulasse. 

http://lewesternculturel.blogs.courrierinternational.com/archive/2012/11...

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