La Tunisie et son pèlerinage juif
Les Juifs sont de retour à Djerba.
Le nombre de visites effectuées dans la plus ancienne synagogue d'Afrique avaient chuté dans le sillage d'un attentat terroriste commis en 2002. De plus, le pèlerinage juif annuel à Djerba, en Tunisie, avait été annulé l'année dernière en raison de la révolution.
Mais la fréquentation de cette synagogue historique sur cette île tunisienne semble cette année laisser entrevoir un avenir meilleur.
"Nous attendions chaque année la saison du pèlerinage", a expliqué à Magharebia Faouzi Khanchouch, chauffeur de taxi, sur la route qui mène à la synagogue de Ghriba.
"Pour nous, cette saison a toujours rimé avec travail, car le nombre de touristes augmentait dans la région", poursuit-il. "Mais ces dernières années, le nombre de Juifs venant en Tunisie a fortement baissé".
Cette année, et alors que le pèlerinage vient de s'achever, il ajoute :"Nous espérons qu'ils reviendront ces prochaines années, parce que la population de Djerba est heureuse de les accueillir, en particulier dans la mesure où nous vivons ici avec eux dans l'amour et dans la paix, sans discrimination et sans problèmes".
Les Juifs se sont réunis en grands nombres le 7 mai dans leur synagogue historique, après que le Président Moncef Marzouki se fut engagé à garantir leur sécurité.
Perez Trabelsi, président de la synagogue, a annoncé que près de cinq cents Juifs venus d'Europe avaient rejoint les quelque 1 500 Juifs tunisiens à l'occasion de ce pèlerinage, dont le début est traditionnellement fixé au 33ème jour de la Pâque juive.
"La réussite de la saison du pèlerinage de Ghriba est un test augurant de la réussite de la saison touristique en Tunisie", a-t-il expliqué.
"Les Juifs tunisiens tentent d'aider l'économie de notre pays et disent à tous de venir ici, affirmant que la Tunisie est sûre", explique-t-il. "La sécurité est très importante et, grâce à l'amélioration des conditions, nous espérons que la synagogue de Ghriba saura retrouver son éclat mondial".
Une visiteuse a écrit une prière sur un oeuf qu'elle a a ensuite placé dans une cavité creusée dans le mur de ce lieu de prière.
"Ghriba est un endroit sacré et protégé", a expliqué Michele Lescia, une Juive tunisienne. "Seigneur, protège la Tunisie de tout mal", a-t-elle demandé dans sa prière.
"Je suis sûre de faire le voyage chaque année depuis la capitale pour me rendre au pèlerinage, et j'encourage mes amis juifs de l'étranger à venir dans notre pays", ajoute-t-elle.
Khoudir Henia, Juif tunisien et responsable au sein de la synagogue de Ghriba, partage le même avis, affirmant que la Tunisie est "sûre et stable". Il explique que cela fait près de deux cents ans que les Juifs accomplissent ce pèlerinage.
Kourin Mazouz, Juive tunisienne et veuve depuis peu, confie être en quête de confort et de tranquillité lors du séjour qu'elle effectue à Djerba.
"Je veux dire à mes enfants que la coexistence entre toutes les religions existe et qu'elle est possible. La Tunisie offre l'exemple de la coexistence entre Juifs et Musulmans", a-t-elle affirmé.
"Ma mère me dit toujours qu'il n'y a pas de différences entre les religions, parce que l'humanité est ce qui nous rassemble, et c'est ce que j'ai trouvé ici, à Djerba", explique son fils à Magharebia. "J'en suis très heureux et je tâcherai de revenir régulièrement durant les prochaines années."
Dans la déclaration de clôture de ce rassemblement massif, le ministre du Tourisme Elyes Fakhfekh a appelé les participants à devenir des ambassadeurs de bonne volonté en relayant le message suivant : "la Tunisie est un pays de tolérance et de communication entre cultures et religions".
"Le pèlerinage survient cette année à un moment où la Tunisie s'engage sur la voie du libéralisme et de la démocratie", a-t-il déclaré.
"Les Juifs de Tunisie sont attachés à leur pays et ils contribuent à son développement et à sa prospérité, au coeur de la patrie comme à l'étranger", a ajouté le ministre.
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