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Le chef d’orchestre de l’antisionisme français, c’est bien le Quai d’Orsay

Bye, Fabius, bye…

Le chef d’orchestre de l’antisionisme français, c’est bien le Quai d’Orsay (info # 011203/16) [Analyse]

Par Ilan Tsadik © MetulaNewsAgency

 

Stéphane Juffa a eu doublement du nez dans son dernier article [d’avant-hier, jeudi, "L’AFP, outil de politique internationale". Ndlr.], d’une part en relevant le nouvel argumentaire de l’Agence France Presse suivie par l’ensemble de la presse francophone pour justifier les attentats commis actuellement par des terroristes palestiniens, de l’autre, pour déchiffrer que sa large diffusion synchronique dans les media n’est pas due au hasard, mais à une initiative diplomatique trouvant son origine au Quai d’Orsay.

 

La première phase de légitimation de ces attentats s’est répandue de manière rampante dans l’opinion jusqu’à y devenir monnaie courante, ce qui était son objectif ; elle consistait simplement à marteler, plusieurs fois dans la même dépêche relative à l’attaque d’un Israélien par un terroriste, qu’elle était liée à l’occupation des territoires palestiniens par les Hébreux -  et à leur annexion lorsqu’il s’agit de la partie orientale de Jérusalem. Quand cela est possible, l’AFP et ses perroquets, aspergent également leurs communiqués des mots "colonies" et "colons", procédant par déshumanisation de ces derniers lorsque l’un deux se trouve être la victime du terrorisme palestinien.

 

Mardi dernier, les Français sont passés à la phase II de la légitimation de ces crimes, en plaçant subrepticement dans un câblogramme AFP, répandu à la cantonade par les media tricolores et francophones, la justification absolue des agressions palestiniennes. A les en croire, les attentats commis par les Palestiniens lors de cette troisième Intifada ont un tronc commun, s’agissant d’un "mouvement" qui "résulte des vexations de l’occupation, de l’absence de toute perspective proche d’indépendance et des frustrations économiques" ; les auteurs de cette nouvelle livraison gratuite de haine antijuive rajoutaient "selon les experts",pour lui donner du corps.

 

Aucun expert authentique des affaires du Proche-Orient n’a évidemment jamais avancé de théorie de ce genre, de peur de se faire immédiatement moquer par ses collègues ; mais qu’à cela ne tienne : depuis que la curiosité des journalistes de l’Hexagone s’est éteinte en ce qui concerne le différend israélo-palestinien, dans cette bulle d’unanimisme nauséabond et en l’absence totale de détracteurs ayant pignon sur rue, le papier et les écrans d’ordinateurs souffrent en silence toutes les infamies.

 

Mardi, on a évacué les motifs de l’islamisme, du djihadisme, du nationalisme exacerbé, de l’antisémitisme délirant, des appels au meurtre du Hamas, du Fatah, de l’Iran, du Hezbollah, du Califat Islamique, ainsi que la jouissance qu’ils trouvent à tuer des êtres humains en général et des Israélites, en particulier, des raisons qui poussent les terroristes palestiniens à agir. On n’a même pas conservé le mot "terroriste", par trop pénalisant, qu’on a échangé avec "assaillant" ou "Palestinien", et on a remplacé le tout par un "rationnel politique", revendicable en Europe et parfaitement laïc afin de justifier l’assassinat de civils juifs par des terroristes palestiniens.

 

La boucle est hermétiquement bouclée. On peut bien, dans le même souffle, condamner symboliquement les agressions – en s’abstenant, toujours et soigneusement, de mentionner ceux qui les commettent -, on peut aussi exprimer sa sympathie aux victimes, cela ne coûte rien, le fait nouveau demeure : la presse française justifie désormais entièrement l’injustifiable, en fournissant au public un argumentaire tiré de sa grille de lecture, même s’il n’a traversé l’esprit d’aucun kamikaze palestinien pendant qu’il se transformait en shahid.

 

Il fallait l’œil avisé de notre rédacteur en chef, à la fois pour "intercepter" l’expression de ce nouveau positionnement au sein de la dépêche de mardi, et pour identifier qu’elle n’était pas due à un écart de plume fortuit, mais à l’œuvre mûrement réfléchie des théoriciens de l’antijuivisme du Quai d’Orsay.  

 

La preuve de ce que j’avance ? Je l’ai retrouvée dans un communiqué du Quai du 8 mars concernant les "Attaques à Jérusalem, Tel-Aviv et Petah-Tikva". On y lit que "La France est préoccupée par la poursuite des violences en Israël et dans les Territoires palestiniens, que L’ABSENCE D’HORIZON POLITIQUE ENTRETIENT".

 

C’est l’un des trois nouveaux rationnels proposés par l’AFP, et c’est suffisamment original et novateur pour constituer l’évidence à la fois d’une évolution politique, d’une interaction (c’est évidemment un euphémisme) avec la direction de l’agence de presse semi-étatique, et d’une synchronisation avec la presse nationale.

 

Il n’y avait nul besoin pour effectuer cette démonstration de détourner le communiqué des Affaires Etrangères françaises, comme l’a fait un certain Shraga Blum, repris par une partie des sites communautaires français, et crier au scandale en prétendant qu’elles avaient écrit : "La France se dit inquiète de la poursuite de la violence en Israël et dans les territoires palestiniens, qui est la résultante de l’absence de perspective politique".

 

Entre la violence qui est "entretenue" par "l’absence d’horizon politique" (communiqué original), et la violence qui "est la résultante de l’absence de perspective politique" (communiqué bidouillé par Blum), il existe assurément une nuance.

 

Or, premièrement, le texte authentique est suffisamment éloquent pour qu’il ne soit pas nécessaire d’en rajouter, et, secondement, c’est le propre des méthodes de l’AFP de modifier le contenu des communiqués de l’Armée, de la Police ou du ministère de la Défense israéliens pour leur faire dire ce qu’il n’ont pas dit.

 

On ne peut tout à la fois condamner ces procédés et les reprendre à son compte, et il ne suffit pas d’être juif pour obtenir ce genre de passe-droit. Bien au contraire, si l’on entend demeurer dans le camp de la bonne foi et de la crédibilité, et si l’on entend contrer une offensive de la Guerre Sémantique que livre l’Etat français à Israël et aux Israélites, il convient de demeurer irréprochable au niveau de ses arguments.

 

La semaine qui s’efface a aussi vu le nouveau ministre français des Affaires Etrangères, Jean-Marc Ayrault, rectifier le propos de son prédécesseur Laurent Fabius, en déclarant que Paris ne reconnaîtrait plus "automatiquement" l’Etat de Palestine au cas où Jérusalem rejetterait la nouvelle initiative diplomatique de la France.

 

Cela sent à pleines narines les effluves d’un compromis arraché après une belle empoignade entre le Quai et Matignon, peut-être arbitré par l’Elysée. Reste que, suite à nos révélations, le feu ne va certainement pas s’éteindre. Il est impossible en effet de conjuguer dans un même exécutif le serment fait par Manuel Valls de lutter sans concessions contre l’antisionisme et l’antisémitisme qui sont synonymes, tout en constatant que la fabrique principale de l’antisionisme se situe dans un autre ministère de la République, qui prend, de plus, grand soin d’enfumer le paysage en mettant en œuvre les tous les moyens de l’Etat, de même que ses relations particulières avec les barons de la presse et les responsables des chaînes et des stations du service public.

 

La semaine prochaine, le Quai enverra Pierre Vimont en Israël, son "envoyé spécial pour la préparation de la conférence internationale de relance du processus de paix au Proche-Orient".

 

Nul doute qu’il sera mal reçu. Pour la triple raison que Jérusalem ne saurait accorder sa confiance à un pays qui s’efforce d’instiller la haine d’elle en menant à ses dépens une véritable offensive de Guerre Sémantique ; comment Israël pourrait-il confier son avenir à une diplomatie qui légitime l’assassinat de ses ressortissants et qui empêche, par des circulaires écrites, que l’on qualifie leurs auteurs de terroristes ? Deuxièmement, parce qu’aucune conférence internationale n’a jamais amené de solution à un conflit, mais souvent, elles ont paré leurs organisateurs d’un certain prestige ; lors, le prestige de la France ne revêt aucun intérêt pour Israël. Et, finalement, parce que tous les pays de la région, y compris l’Arabie et la plupart des Emirats du Golfe auxquels Paris tente de plaire, ont les yeux rivés sur la Syrie et surtout sur l’Iran, et qu’ils sont en train de s’allier avec Israël pour des raisons stratégiques en se détournant des Palestiniens.

 

Témoin de cette évolution d’importance majeure, l’élection, jeudi, de l’Egyptien Ahmad Abou el Rheit (communément appelé en Occident Ahmad Aboul Gheit) au poste de secrétaire général de la Ligue arabe. Cette élection confirme le rôle de leader du Caire au sein de l’union des Etats sunnites, et endosse la coopération stratégique avec Jérusalem, dont le Maréchal al Sissi est le principal fer de lance.

 

El Rheit succède à ce poste à ses compatriotes Amr Moussa (2001-2011), et Nabil el Arabi (de 2011 à nos jours). Tandis qu’Amr Moussa était un anti-Israéliens forcené, et el Arabi un diplomate réservé, el Rheit épouse la nouvelle politique anti-djihadiste et de rapprochement avec Jérusalem d’al Sissi. En 2008, il avait accusé le Hamas, qui contrôle la Bande de Gaza, d’avoir provoqué l’offensive israélienne sur l’enclave côtière.

 

Le premier effet du changement de secrétaire général ne s’est pas fait attendre : hier, vendredi, la Ligue arabe a ainsi décidé de déclarer le Hezbollah – supplétif armé de l’Iran au Liban et ennemi d’Israël – organisation terroriste. Cette décision ne va pas manquer de positionner encore plus clairement les Arabes contre Téhéran, et de montrer aux Occidentaux ce que l’on pense dans la région de leur rapprochement avec les ayatollahs. Au rythme où vont les choses, on ne va pas tarder à voir Riyad et les Emirats demander aux Européens de choisir entre eux et l’Iran comme partenaires commerciaux. Il sera semble-t-il impossible de vendre des Airbus à la fois aux Arabes et à leurs ennemis.

 

Pour parler français, au vu des préoccupations principales actuelles des Arabes et des Israéliens, il ne fait aucun doute que l’initiative de la France les emmerde.

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