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Le mirage des touristes russes en Tunisie !

Le mirage des touristes russes en Tunisie !

 

 

L’arrivée jeudi du premier vol en provenance de Russie, organisé par le Tour opérateur «ANEX Tours, à Monastir, avec à son bord 238 touristes dont 42 représentants d’agences de voyage a constitué un espoir de relancer le marché russe.Ainsi , les responsables prévoient d’attirer 70.000 touristes russes vers la destination Tunisie entre avril et octobre 2016, soit la programmation de 9 à 14 vols hebdomadaires.

Récemment des déclarations réjouissantes de professionnels du tourisme en Tunisie ont laissé entendre que les touristes russes allaient déferler sur le pays relançant le secteur en plein décadence après les attaques terroristes du Bardo et de Sousse.

A la faveur de l’arrivée à l’île de Djerba d’une délégation russe d’environ 200 personnes composées de responsables de tours opérateurs et de journalistes, invités pour promouvoir auprès de leurs concitoyens la destination de la Tunisie, le président de la Fédération tunisienne des agences de voyages (FTAV), Mohamed Ali Toumi, a déclaré que ces touristes russes à Djerba ont permis d’améliorer le rendement du secteur touristique tunisien au cours du mois de Mars.

Un optimisme béat

Pourtant à y regarder de près, il s’agit d’un optimisme béat très loin de la réalité sur le terrain.

Selon de fins connaisseurs de la Russie, la Tunisie ne figure même pas parmi les destinations choyées par les touristes russes ni n’apparaît comme une destination attrayante de par ses tarifs compétitifs.

Ces mêmes sources indiquent aussi que la Tunisie n’apparaît pas dans les catalogues et les sites des tours opérateurs russes  et ne bénéficient, de ce fait, d’aucune promotion de nature à inciter les russes à se rendre dans notre pays.

La conjoncture en Russie

Donc miser sur les russes pour booster le secteur du tourisme en Tunisie serait aller vite en besogne pour diverses raisons.

D’abord la Russie fait face actuellement à une conjoncture économique difficile à l’instar de la plupart des pays dont l’économie repose en grande partie sur les revenus pétroliers notamment avec la chute des cours de l’or noir sur le marché mondiale, moins de 40 dollars le barils alors qu’il y’a une année, le baril de pétrole se vendait avec plus de 100 dollars.

Une situation qui a eu des impacts sur le niveau de vie des russes dont le nombre des touristes a baissé d’un tiers ces dernières années.

Cette baisse du pouvoir d’achat des russes va contraindre les touristes russes à se rabattre vers les marchés de l’Asie plus proches géographiquement et surtout affichant des tarifs très bas défiant toute concurrence.

En 2015, le nombre des touristes russes candidat au voyage à l’étranger a baissé de 31,3% par rapport à 2014, c’est la baisse la plus importante en 18 ans, selon des statistiques communiquées par l’Agence fédérale russe du tourisme qui précise qu’en 2015 la Tunisie a perdu 83% des touristes russes.

D’après les réservations des professionnels du tourisme russe, les principales destinations de vacances d’été 2016 pour les russes seront les pays suivants : la Bulgarie, Cuba, la Chine, Israël, la Grèce, l’Iran, le Vietnam, la Thaïlande et le Maroc.

Cibler l’élite

Certes tous les russes ne sont pas logés à la même enseigne, et il existe une oligarchie, une classe d’aisé et de bourgeois qui peuvent tout se permettre, mais cela exige tout une action pour cibler cette élite et l’attirer sur le marché tunisien.

Ainsi, les autorités compétentes en Tunisie et les professionnels du secteur n’ont pas déployés d’efforts sérieux pour conquérir le marché du tourisme russe.

Aucune campagne de marketing n’a été diligentée en Russie pour promouvoir la destination Tunisie bien que l’opportunité s’est présentée. 200 touristes ne représentent rien pour un vaste marché comme celui de la Russie. En plus, une campagne de promotion exige de gros investissements de l’ordre de plusieurs millions de dollars.

Occasions manquées

Fin novembre 2015 le président russe, Vladimir Poutine a signé un décret sur des mesures restrictives contre la Turquie, portant sur l’interdiction des vols charters vers la Turquie, et la vente des produits touristiques des agences de voyages dans ce pays. La raison est le bombardier Su-24, abattu par les forces aérienne turques.

Avant cela, les vols d’avions russes ont été suspendus en Egypte pour déterminer les causes de l’accident de l’avion de ligne A321 russe dans le Sinaï, qui a tué 224 personnes. Plus tard, le chef du FSB (ex KGB), a déclaré que la cause de l’accident était une attaque terroriste.

Ces incidents n’ont pas été exploités par les professionnels tunisiens du tourisme qui n’ont pris aucune initiative de conquête de ces quelque 3 millions de touristes russes qui pouvaient voir en la Tunisie une alternative à la Turquie.

C’est Israël qui a jeté tout son poids menant campagne à tambour battant pour attirer ces touristes en leur miroitant des promotions qui ont coûté une dizaine de millions de dinars ainsi que autres réductions de toutes sortes pour les amener à visiter l’Etat hébreu.

Il est rapporté que Maroc a prévu un budget de 2 millions dollars pour la publicité des ses produits touristiques sur le marché russe. Le Maroc négocie avec les compagnies de charters pour établir une liaison avec la Russie, beaucoup d’hôtels marocains sont prêts de s’adapter au formule « all inclusive » pour séduire la clientèle russe.

Des pays comme Cuba et Vietnam ont revu à la baisse les coûts des séjours  et de transport aérien, plusieurs autres ont facilité les visas pour les russes telle que la Bulgarie. La Grèce par exemple a augmenté le nombre des ses consulats en Russie, facilite l’octroi des visas pour les russes en diminuant le délai et en délivrant les visas de 3 ans. La Grèce a augmenté le nombre de vols vers la Russie.

Malgré tout les efforts des pays étrangers, les destination favorites des russes en cette été seront La Crimée et le sud de la Russie. Les Ruse semblent s’être tourné vers le tourisme interne certes beaucoup moins luxueux que celui de l’étranger mais peu onéreux.

A la lumière de toutes ces données, on se demande sur quoi se sont basés les acteurs du tourisme en Tunisie pour miser sur le marché russe alors que rien n’a été fait en amont pour consolider cette orientation en vue de sa réalisation.

Pour pallier cette récession enregistrée par le secteur du tourisme dans le pays, il faut de l’esprit de créativité et surtout l’initiative.

Des espoirs à consolider

Avec l’amélioration de la sécurité dans le pays depuis que les organes de sécurité ont pris une longueur d’avance sur le terrain sue les terroristes illustrée par la mise en échec de l’attaque de Ben Guerdane le 7 mars, tous les espoirs sont permis pour un retour des touristes sur le marché locale.

Toutefois, la volonté, la créativité et l’esprit d’initiative demeurent les principales recettes pour envisager une bonne saison touristes qui s’approche à grands pas.

Les mirages des touristes russes en Tunisie !

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