Le plus grand aviateur de la Résistance était un juif tunisien
Par Jonathan Aleksandrowicz
Destin exceptionnel que celui de Max Guedj, juif français né en Tunisie. Résistant, il sera le seul français à être nommé Wing Commander dans la Royal air force. Retour sur une légende.
Dans « La promesse de l’aube », Romain Gary évoque son parcours d’aviateur, de pilote de guerre dans les FFL (Forces française libres). A ses côtés, combattra notamment un certain Pierre Mendès France. Pourtant, l’écrivain s’incline avec respect devant celui qui aura été considéré comme le plus grand pilote des forces aériennes françaises libres : Max Guedj.
Né à Sousse (Tunisie) en 1913, Max suit les pas de son père comme avocat. Ce dernier était en effet bâtonnier au barreau de Casablanca. De fait, il est avocat à Paris. Nombreux confrères témoignent de sa droiture, comme si la disposition à l’héroïsme existait déjà sous la forme éthique la plus quotidienne. Max Guedj a « l’instinct de l’ange », il rajoute des ailes à son auréole en passant le brevet de pilotage.
La drôle de guerre le voit mobilisé à Meknès dans les Zouaves puis dans la défense anti-aérienne. A l’armistice pétainiste, il est de ceux qui diront non. Comme d’autres, il parvient à passer en Grande-Bretagne. Son engagement dans les Forces aériennes françaises libres fera de lui un pilote. Son courage inouï lui vaut même l’admiration des britanniques.
« A peine arrivé, le 17 mai 1942, il participe à l'attaque au canon et à la mitrailleuse du croiseur Prinz Eugen, qui est de plus escorté de quatre torpilleurs de gros tonnage. Le rôle de Guedj est le suivant : faire un passage, essayer de maîtriser la DCA ennemie, l'attirer et permettre ainsi aux Beaufighter torpilleurs d'opérer... Ils partent à quatre appareils : au premier passage, l'un est abattu, les trois autres sont touchés sérieusement. Il semblerait normal de rentrer à la base, mais avec un autre Français, Sabbadini, ils repartent de nouveau à l'attaque ; cette fois-ci Sabbadini est abattu. Alors, pour la troisième fois, avec un appareil criblé de trous, Max Guedj repart faire un dernier passage. Son retour, avec un avion en lambeaux, est un exploit peu ordinaire. » (Extrait du site www.ordredelaliberation.fr)
Ses missions périlleuses lui valent d’être décoré du Distinguished Service Ordre pour bravoure exceptionnelle et de la Distinguished Flying Cross pour actes de courages accomplis en vol face à l’ennemi. La Royal Air Force ne laisse d’ailleurs pas bien longtemps un élément d’une telle qualité sans lui confier d’importantes responsabilités. Max Guedj sera le seul français à être désigné Wing Commander (l’équivalent de Lieutenant-colonel) par la Royal Air force.
Héros pour ses propres camarades, Max Guedj est devenu « le Commandant Maurice ». Loin de se reposer sur ses lauriers, il multiplie les missions audacieuses et participera au Débarquement de façon intensive, prenant part à toutes les sorties, faisant trois patrouilles par jour ! En septembre 1945, il prend le commandement du 143 squadron.
Mais l’histoire s’achève cruellement. Le 15 janvier 1945, il mène une action très dangereuse en Norvège. Encerclé par douze avions ennemis, il entre dans la légende. Ce jour-là, la Royal Air Force mit ses drapeaux en berne. Il avait 32 ans.
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