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LE RABBIN DE « JEBENIANA », « SIDI ABOU ISHAQ EJEBENIANI, par Victor Cohen

 

LE RABBIN DE « JEBENIANA », « SIDI ABOU ISHAQ EJEBENIANI 

 

 

 

A trente kilomètres au nord de Sfax en Tunisie il y a, un petit village appelé « JEBENIANA » ce nom est composé de deux mots en arabe « JEBENI » qui veut dire « il m’a emmene » et le mot « ANA » qui veut dire « ici ».

A l’époque ce village était peuplé uniquement par une cinquantaine de famille juives, ces dernières vivaient de la cultures des olives et de l’étude de la Thora, bien entendu le choix d’avoir choisi comme métier la culture des vergers d’oliviers n’était pas dénué d’intérêts, car cette culture laisse presque huit mois par an, de temps libre et donc, permettre de pouvoir se vouer pendant ce temps libre a l’étude de la Thora. Certaines de ces familles étaient de riches propriétaires terriens, et patrons de moulins d’huile d’olive ("MAASRA").

Il y avait un Bet-Hamidrash et un Talmud Thora dans ce village typiquement juif.

A l’époque des faits relatés, Le Rabbin de ce village s’appelait « Eliaou Hacohen », ZAL. C’était un grand érudit, bien imprégné dans l’étude de la Kabbale et initié au secret de l’ésotérisme (Le « Sod » kabbalistique). 

Ce rabbin était originaire de l’Ile de Djerba, c’est le Cheikh (chef) du village de l’époque « Haim Zeitoun » ZAL, qui avait fait le voyage a Djerba afin d’emmener un nouveau rabbin pour la petite communauté de son village afin de remplacer le précédent rabbin qui était décédé.

En arrivant à Djerba, le cheikh Haim Zeitoun ne trouva aucun rabbin qui voulait se déplacer dans son petit village, sauf le rabbin Eliaou Hacohen qui accepta ce poste.

Le rabbin Eliaou Hacohen, mis à part son érudition certaine, n’était pas représentatif dans ses élocutions et dans son apparence, il avait une voix très fluette, c’était presque une voix de jeune fille, aussi, il avait un défaut d’élocution, il bégayait.

Mais malgré sa modestie et son effacement, le rabbin avait d’autres atouts, a part la « Samkhout » (diplôme) de rabbin qu’il avait, il était aussi chokhét, (savait abattre les animaux selon le rite juif) de plus, il était « mohel « (circonciseur), c’est ces deux atouts qui décidèrent le cheikh Haim Zeitoun a embaucher ce rabbin.

Au début de son installation dans le village le rabbin Eliaou Hacohen fut la risée de tout le village de par rapport a sa voix de jeune fille, mais ce qui dérangeait le plus les villageois, c’est que les offices de prières étaient beaucoup plus rallongées qu’a l’accoutumée, de part, le bégaiement de ce nouveau rabbin.

Beaucoup de fidèles de ce village demandèrent le départ de ce nouveau rabbin, qui avait décidément, a leurs yeux, beaucoup de défauts, mais le cheikh Haim Zeitoun les fit patienter pour un nouveau remplacement de rabbin, en prétextant qu’ils pourraient êtres privés de rabbin pour les fêtes de Rosh-Hashana et Kippour qui s’annonçaient pour bientôt, mais il promit qu’après les fêtes, il ferait un nouveau voyage et essayerait de trouver un nouveau rabbin.

Entre temps le nouveau rabbin ne perdit pas de temps, il développa avec l’aide son fils aîné Ishaq, les études du Talmud Thora et le Bet-Hamidrash qui était dans l’enceinte de la petite synagogue du village.

Le rabbin n’était pas dupe, il avait compris que la population du village lui était hostile, et ces derniers lui faisaient bien montrer leur hostilité à son égard. 

A un de ses opposants qui lui demanda comment le cheikh Haim Zeitoun l’avait choisi ?

Il répondit en bégayant fortement, qu’il ne savait pas pourquoi, mais que de toute façon, « c’est lui qui m’a emmené » « JJJJJJJJEBNI-ANA » c’est lui qui « JJJJJJJJJJEBNI-ANA », a partir de ce moment, ses opposant se mirent a le singer et a répéter en le raillant a son insu : « JJJJEBENI-ANA, JJJJEBENI ANA, JJJEBENIANA etc. ». C’est depuis ce temps la, et jusque nos jours que ce village s’appelle « JEBENIANA ».

Cette première année, de l’installation du rabbin Eliaou Hacohen dans le village, il faisait très chaud, beaucoup plus chaud que d’accoutumée, il y avait une grande sécheresse dans toute la région de Sfax,beaucoup d’oliviers des vergers alentours se desséchèrent et la future récolte s’annonçait être illusoire.

Le rabbin s’aperçut de la détresse de ses fidèles de par cette situation de sécheresse, et décréta un « TAANIT » (jeune de pénitence) collectif pour le lundi et le jeudi prochain, et que le prochain Shabbat pendant l’office on récitera une prière spéciale pour demander au tout puissant de déversé des pluies, et que lui de son coté, il ferait aussi des prières a part celles des offices, et il promit aussi de faire « Taanit » tous les lundi et les jeudis pendant toute l’année et aussi pour les futures années, il dit aussi aux villageois qu’il était certain que le tout puissant accomplirait leurs prières. 

Malgré la forte chaleur de la journée et la puissante clarté du soleil de ce shabbat, juste après la prière de Shahrit (prière du matin) du Shabbat, tout d’un coup le ciel s’assombrit et une pluie abondante se mit à tomber sur le village et à arroser tous les nombreux vergers d’oliviers aux alentours mais aussi à plusieurs lieues à la ronde et sur la totalité des vergers aux alentours de la ville de Sfax.

Il ne faut pas oublier que la région de Sfax et une des plus grandes forêts d’oliviers de Tunisie s’étalant sur plusieurs dizaines de kilomètres. 

Mais le lendemain et les jours suivants, de nombreuses autres pluies se mirent à tomber sur la région et ce, jusqu'à la totale récolte des olives. C’était évident qu’un miracle s’était produit.

Cette année la, la récolte fut très abondante, Rabbi Eliaou Hacohen continuait, a faire ses prières et a observer le « taanit » « ce jeune de pénitence » les jours de lundi et de jeudi, qui sont en fait, les jours spéciaux de sortie du tabernacle et de la lecture des rouleaux de la Thora. 

Ishaq son fils avait beaucoup de charme et de par son charisme et sa sympathie il réussit a attirer beaucoup de fidèles dans les études approfondies du talmud données par son père.

Les villageois qui commençaient a réaliser l’étendue du savoir et le mérite (zkhout) du rabbin, renoncèrent a tout jamais a le remplacer, d’autant plus que le miracle de la pluie se répétât pratiquement tous les ans, pendant toute la vie du rabbin, et notre rabbin ne renonça pas a son engagement et continua tout au long de sa vie a faire « taanit » et a prier pour l’abondance de la pluie.

Aussi un deuxième miracle se produit, les oliviers de Jebeniana donnaient de plus grosses récoltes que les autres vergers d’oliviers des autres régions de Sfax, le prix des vergers d’oliviers de Jebeniana grimpaient et coûtaient beaucoup plus chers que les autres vergers de la région de Sfax, car ces vergers étaient prisés par les fellahs juifs et non juifs des alentours. 

Le Rabbin Eliaou Hacohen fut vénéré et considéré comme étant, un saint homme, et ce, de son vivant et aussi après sa mort, de par les villageois juifs de Jebeniana, mais aussi par tous les autres villageois musulmans aux alentours de Sfax qui l’appelaient : « Sidi Abou Ishaq Ejebeniani ». 

Je ne sais pas si son mausolée existe toujours ou si, il a été détruit et à quel endroit exact il se trouve, ou, ou il se trouvait? Mais quand j’étais enfant mon père m’emmena le voir, je me rappelle que ce mausolée était grand, avait une belle architecture ancienne, et qu’il avait plusieurs coupoles au dessus.

Il me fut raconté à l’époque, ou j’avais pris connaissance des faits, dans les années 1960, que depuis longtemps il n’y vivaient plus de juifs à Jebeniana, mais que la plupart de vergers d’oliviers de Jebeniana appartenaient à des juifs de Sfax.

Victor Cohen.

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