Le soleil, l’ami-ennemi des vacanciers
Si le soleil permet, entre autres, de guérir l’eczéma, de fixer le calcium sur les os et de nous donner la pêche en agissant sur la mélatonine (hormone de nos humeurs), il n’en reste pas moins un véritable ennemi dont il faut se protéger.
Les raisons de se protéger du soleil sont nombreuses. Déjà parce que ses rayons contiennent des ultraviolets (UV). Ces derniers sont totalement invisibles pour l’œil humain et ne procurent aucune sensation de chaleur : on y est exposés sans s’en rendre compte. «On distingue trois types d’UV : les UVA, les UVB que nous recevons même par temps nuageux (un voile nuageux d’altitude ne bloque que 10% des UV) et, moins connus, les UVC qui sont arrêtés par l’atmosphère», explique Lamia Belloul, dermatologue. À noter que les rayons UVA rayonnent dix-huit fois plus que les UVB. «Ce sont les plus dangereux, car les UVB sont arrêtés par la couche cornée tandis que les UVA pénètrent plus profondément dans la peau», poursuit-elle.
En trop forte dose, les UV provoquent le coup de soleil. Au premier degré, il s’agit d’une rougeur, qui peut foncer et devenir douloureuse. Au second degré, c’est une cloque, dont la peau se décolle. Notre spécialiste met particulièrement en garde le grand public contre ses effets secondaires immédiats et sur le long terme : «Le coup de soleil peut s’accompagner de nausées, de vertiges ou de fièvre. Avec le temps, on observe chez les sujets s’exposant régulièrement, un vieillissement de la peau de manière plus apparente sur le visage, le cou, la nuque, le dos des mains et des avant-bras. Des rides et des taches pigmentées apparaissent». C’est pourquoi elle conseille d’éviter l’exposition prolongée au soleil. «Quinze minutes maximum par jour suffisent», affirme-t-elle. Les adeptes de la bronzette ne sont pas non plus à l’abri de l’insolation caractérisée par une fièvre, de la fatigue, une gêne respiratoire, des maux de tête, des vertiges, des étourdissements, des éblouissements, des convulsions... ni par l’hydrocution, un accident fréquent correspondant à un choc thermique dû à un écart entre la température d’exposition au soleil et celle de l’eau. L’hydrocution provoque, entre autres, des maux de tête, des crampes et de l’angoisse... «Devant l’apparition de l’un de ces signes, tout nageur doit se rapprocher du bord, et sortir de l’eau le plus rapidement possible», met en garde la dermatologue.
Si les rayons bronzent la peau, ils peuvent aussi «bronzer» les yeux ! Les ultra-violets sont absorbés par le cristallin, contribuant à accélérer la formation de cataracte, autrement dit l’opacification du cristallin, laquelle empêche progressivement la lumière d’atteindre la rétine jusqu’à provoquer l’aveuglement. Jusqu’à 10-12 ans environ, le cristallin ne joue pas encore le rôle de filtre et laisse passer près de 75% des UV contre 10% après 25 ans. C’est pourquoi la spécialiste rappelle que toute exposition au soleil doit être «proscrite pour les nourrissons et les bébés». Pour les plus grands enfants, choisissez des lunettes de bonne qualité et bannissez les «lunettes gadgets».
À l’âge adulte, la protection des yeux reste, bien entendu, indispensable. Pour être sûr de la qualité de ses lunettes, choisir une teinte très sombre ne suffit pas, demandez l’avis de votre opticien. Pire, les UV peuvent «déclencher des cancers cutanés», se désole le Dr Belloul. «On distingue deux types de cancers résultant de l’exposition aux rayonnements UV : les carcinomes, cancers qui touchent la couche superficielle de l’épiderme, et les mélanomes, tumeurs malignes qui se développent sur les mélanocytes, que l’on trouve dans la peau, les muqueuses, mais aussi les yeux», explique-t-elle. Pour limiter ces risques, la spécialiste recommande «d’éviter les expositions entre 11 et 16 h». En effet, l’intensité des UV est liée à l’horaire d’exposition et non à la chaleur ressentie.
Lorsque le soleil est au plus haut, les rayons UV sont les plus dangereux. Elle a également tenu à préciser que le «T-shirt, le chapeau à bord large et les lunettes de soleil constituent la panoplie la plus sûre et la plus efficace contre les rayons UV, même face à une bonne crème solaire». En effet, les indices de protection des crèmes solaires sont particulièrement trompeurs. Avec un fort indice de protection anti-UVB, le «bronzeur» pensera, à tort, pouvoir s’exposer plus longtemps. Il ne ressent pas la sensation de coup de soleil, il se sent protégé et ne se rend pas compte qu’il est en train de «griller». De plus, s’il est protégé des UVB, il ne le sera pas des UVA qu’il recevra en doses massives. À noter que pour que ce type de protection soit efficace, l’application de crèmes solaires devra être renouvelée toutes deux heures, si ce n’est moins, et après chaque baignade, une fois sec.
La dernière mise en garde concerne les enfants, plus vulnérables face au soleil. «Jusqu’à l’âge de 3 ans, les enfants ont un système de défense cutané immature qui les rend très vulnérables au soleil : il est donc fortement déconseillé de les y exposer directement», conclut finalement la dermatologue. En effet, aujourd’hui, si les adultes sont convaincus des dangers du soleil pour la peau, ils ne sont pas encore conscients de l’extrême vulnérabilité de leurs enfants.
Près de 55% des parents avouent ainsi passer plus de 4 heures sur la plage en plein soleil avec leurs enfants. À savoir : 4 minutes d’exposition solaire pour un enfant est l’équivalent d’une heure pour un adulte !
Explications :
Les rayonnements plus dangereux en montagnes qu’en bord de mer
❶ Comment bien choisir son écran solaire ?
Il y a cinq points à vérifier avant d’acheter une crème solaire. Premièrement, qu’elle comporte la mention «très haute protection». Deuxièmement, qu’elle apporte une double protection anti-UVA et UVB. Elle devra notamment être composée de filtres minéraux. Préférer un écran de couleur teinté pour que vous puissiez clairement identifier les endroits où vous avez appliqué la crème. Elle devra bien entendu être résistante à l’eau. Même dans l’eau nous bronzons, alors gare à la réverbération !
❷ Comment bien préparer sa peau avant une exposition ?
Pour préparer sa peau au soleil, il faut bien s’hydrater, se protéger en mettant une crème solaire, porter des vêtements légers et protecteurs à la fois. Prendre avec soi un parasol avec de la toile de bonne qualité et des lunettes de soleil.
❸ Et comment en prendre soin ensuite ?
Après un coup de soleil il faut prendre un bain tiède presque froid, hydrater sa peau après le soleil, c’est réparer en utilisant un lait hydratant réparateur type après soleil pour nourrir la peau à la fin de chaque journée ou en appliquant des émulsions apaisantes et hydratantes type «Biafine», ou même utiliser des crèmes à base de corticoïdes, porter un habit léger pour ne pas irriter la peau. Il faut consulter lorsque le coup de soleil est très douloureux ou que la brûlure est étendue. On peut aussi s’hydrater avec une eau thermale (nombreuses dans le commerce) pour rafraîchir et hydrater la peau.
❹ Quels sont les risques d’une exposition si l’on est mal protégé ?
Il y a des effets à court terme comme la brûlure du coup de soleil, mais aussi sur le long terme.
En plus des fameux coups de soleil, la principale complication d’une exposition solaire intense et répétée est l’augmentation du risque de cancer cutané
(y compris le redoutable mélanome), ainsi que le vieillissement précoce de la peau. Celle-ci devient fine, flasque, sèche et déshydratée, avec des rides creuses et profondes. L’exposition peut donner aussi des troubles de la pigmentation comme des taches brunes, des taches blanches et des taches de kératoses actiniques.
❺ Est-ce un problème récurrent ?
Le nombre de cas de brûlures par coup de soleil est important étant donné l’intensité du soleil et de la chaleur dans notre pays. Bien que ce soit des peaux majoritairement mates ou foncées, qui bronzent facilement, ce sont aussi des peaux qui pigmentent facilement. Il y a des régions au Maroc, montagneuses ou à la campagne, où le soleil tape très fort. Là-bas, les peaux sont claires et le taux de cancers cutanés très élevé.
❻ Quelle est la population la plus touchée ?
Un peu tout le monde. Plus particulièrement les enfants et les sujets âgés pour lesquels une exposition peut être une atteinte directe à leur santé (risque de déshydratation, notamment).
❼ Comment protéger son enfant du soleil ?
Il s’agit de sélectionner correctement les crèmes et sprays adaptés à leur peau. Celle-ci étant beaucoup plus sensible aux ultraviolets que celle des adultes. Elle nécessite davantage de soins et de prévention solaire. Chaque coup de soleil subi durant l’enfance accentue la prédisposition au cancer à l’âge adulte. Jusqu’à l’âge de 3 ans, les enfants ont un système de défense cutané immature qui les rend très vulnérables au soleil : il est donc fortement déconseillé de les y exposer directement. Ils doivent impérativement rester à l’ombre avec une protection solaire et boire beaucoup d’eau. Pour les plus grands, difficile de les empêcher de courir sur la plage, mais demandez-leur de porter des vêtements légers et surtout enduisez-les régulièrement de crème solaire de la tête aux pieds et surtout faites leur porter un chapeau.
Mais pourquoi le soleil est-il plus agressif en montagne ? Parce qu’à mesure que l’on s’éloigne du niveau de la mer, l’atmosphère traversée par les UV se raréfie. Son action «filtrante» est ainsi atténuée. Le rayonnement UV augmente de 10% tous les mille mètres. De plus, la réverbération des rayons solaire sur la neige peut atteindre 90% pour de la neige fraîche contre seulement 10% pour le sable ou 20% pour la mer. Les doses d’UV reçues par la peau et les yeux sont ainsi décuplées. La température basse est un faux-ami, qui diminue la sensation de risque. Bien que les UV ne produisent pas de sensation de chaleur, les coups de soleil peuvent être sévères. Les zones découvertes comme le nez, les oreilles ou le cou sont particulièrement visées.
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