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Le test par le souvenir de la Shoah

Rafle menée par la police française : la première étape du voyage pour Auschwitz

Le test par le souvenir de la Shoah(info # 011505/16)[Analyse]

Par Guy Millière ©MetulaNewsAgency

 

Au moment où cet article paraîtra, je serai en voyage, vraisemblablement dans un avion, quelque part au-dessus des Etats Unis où j’ai décidé de vivre désormais le plus clair de mon temps. Une dizaine de jours se seront écoulés depuis Yom ha-Shoah, la journée de commémoration de la Shoah.

 

Si je m’étais trouvé en France le jour de Yom ha-Shoah, je sais que j’aurais pu me rendre au mémorial de la Shoah et assister à la lecture des noms de ceux qui ont disparu dans les camps d’extermination, simplement parce qu’ils étaient juifs. Je sais qu’ailleurs, partout ailleurs en France, rien n’aurait été dit.

 

Il y a des années maintenant que rien ne se dit en France pour le souvenir de la Shoah. Les media, presse écrite, radio, télévision, ont renoncé à en parler ou presque. Lorsqu’ils le faisaient encore, ils recevaient des commentaires frôlant de très près l’antisémitisme. Les hommes politiques eux-mêmes évoquent peu le souvenir de la Shoah. L’amnésie s’installe avec toutes ses conséquences.

 

Aux Etats Unis, et c’est une immense différence qui explique en partie pourquoi je puis me sentir mieux dans la société américaine, il est plus largement question du souvenir de la Shoah, et Yom ha-Shoah est évoqué par les media et par les hommes politiques. L’oubli ne s’installe pas, bien qu’à la différence de la France, les Etats Unis n’aient pas de responsabilité directe dans l’extermination des Juifs en Europe.

 

En France, parce que l’amnésie s’installe, le mot « génocide » se banalise : on l’emploie même quelquefois pour parler de ce qui est censé être arrivé aux Arabes palestiniens lors de la renaissance du pays juif, Israël ; on parle alors de la Nakhba [ara. La catastrophe, le désastre], terme utilisé par l’Autorité Palestinienne dans le cadre de ses activités de propagande. J’ai entendu ce mot être récemment utilisé dans une émission de la chaîne Arte, que je regarde en général avec parcimonie.

 

Aux Etats Unis, le mot « génocide » ne se banalise pas. "Nakhba" est utilisé par quelques gauchistes excités sur divers campus universitaires, mais quasiment jamais en dehors de cela. La propagande de l’Autorité Palestinienne a certes pénétré le pays, mais moins profondément. Je n’imagine pas que ce mot puisse être employé par un commentateur sur une chaîne de télévision.

 

En France, et cela me semble étroitement lié à ce que je viens d’écrire, je ne puis me rendre dans un lieu communautaire juif ou dans une synagogue sans voir des policiers ou des militaires en faction, chargés de veiller à ce qu’un acte antisémite ou une attaque terroriste ne se produise pas. Les actes antisémites se sont faits plus nombreux ces dernières années. Des attaques terroristes antijuives atroces ont eu lieu, comme on ne le sait que trop bien.

 

Aux Etats Unis, je puis me rendre dans un lieu communautaire juif ou dans une synagogue sans voir des policiers ou des militaires en faction. Des actes antisémites se produisent, mais ils sont rares, bien plus rares, et si des attaques terroristes ont eu lieu, hélas, aucune d’elle n’a été une attaque terroriste antijuive (une attaque de ce genre a été déjouée récemment au nord de Miami, mais je n’en connais pas d’autre).

 

Une dizaine de jours se seront écoulés depuis Yom ha-Shoah, et je ne puis m’empêcher de ressentir un malaise en songeant qu’en France, un pays qui a une responsabilité directe dans le processus d’extermination des Juifs, l’amnésie s’installe, le mot « génocide » se banalise, le mot Nakhba se trouve employé, les lieux communautaires juifs et les synagogues sont sous la garde de policiers et de militaires, des actes antisémites sont commis en plus grand nombre, des attaques terroristes antijuives sont perpétrées.

 

Je sais pourquoi je me sens mieux dans la société américaine.

 

Une société qui devient amnésique face à un crime aussi abominable que l’ethnocide nazi, le crime le plus absolu de tous les crimes, est une société malade. Une société où le mot « génocide » se banalise est une société où le relativisme vient éroder la perception de la réalité et détruire les repères éthiques les plus essentiels.

 

Une société où le mot Nakhba peut être employé est une société ouverte aux falsifications de l’histoire (et le vote de la France en faveur du texte de l’UNESCO sur la "Palestine occupée" montre où ce type d’ouverture peut conduire). Une société où les lieux communautaires juifs et les synagogues doivent être gardés en permanence par des policiers et des militaires, où des actes antisémites et des attaques terroristes antijuives se produisent est une société en train de se décomposer.

 

J’espère que la France se redressera. Je ne renonce pas à participer à ce redressement.

 

Je préfère pour l’heure une société qui, quand bien même elle est loin d’être parfaite, n’a pas besoin de ce redressement-là. Et je pense utile d’expliquer à mes interlocuteurs américains où en est la France, aux fins qu’ils prennent garde et restent vigilants.

 

L’économiste américain George Gilder, il y a quelques années, parlait d’un "test par Israël", et disait qu’on peut voir si un être humain ou une société est ouvert à l’amour de la réussite en examinant son attitude par rapport à Israël.

 

Je pourrais à mon tour parler d’un "test par le souvenir de la Shoah". On peut, je pense, évaluer le degré éthique d’une société à son degré de respect du souvenir de la Shoah. 

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