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Le troisème jour – Chochana Boukhobza

 

Le troisème jour – Chochana Boukhobza

 

 

Denis Billamboz

 

Deux violoncellistes, Elisheva, le professeur, rescapée des camps de la mort, et Rachel, l’élève qui a quitté sa famille pour devenir concertiste internationale à la fameuse Juilliard School de New-York, viennent passer trois jours à Jérusalem pour y donner un concert unique mais aussi, pour Rachel, visiter sa famille abandonnée dans la douleur, et, pour Elisheva, solder un vieux compte ouvert à avec son tortionnaire au camp de Majdanec pendant l’horrible guerre. Mais le chamsin, vent brûlant  et sec d’Israël, souffle quelques grains de sable pernicieux dans le plan patiemment ourdi par Elisheva et dans les retrouvailles de Rachel avec sa famille, ses amis et surtout son ancien amoureux qui ne l’a pas oubliée.

Un séjour en trois cantiques, deux histoires bien différentes et pourtant deux destinées bibliques qui se rejoignent dans un final christique, un portrait sans concession de la vie en Israël avec le poids de la tradition, de l’histoire, des croyances aveugles et de la crainte sans cesse renouvelée qui pèse toujours sur l’existence même du peuple juif.

Exubérant comme un récit séfarade, ce texte au langage, hélas, un peu banal, contenant des passages trop convenus, trop usités, mais aussi quelques belles pages est un regard acéré sur la religion, les origines, la tradition, la raison d’être et le devenir d’un état juif et aussi une interrogation sur la cohabitation entre les diverses communautés peuplant le Moyen-Orient. Mais il comporte trop d’invraisemblances, dans un contexte déjà très chargé par les événements ambiants et historiques, pour que l’émotion ne s’effrite pas, le souffle épique qui devrait porter ce récit sur ses ailes s’époumone avant la fin de ces deux aventures.

Les héros exultent, défaillent, explosent, se lamentent, pleurent, ont des égos débordants … ça grouille de vie comme dans un film réaliste italien. Ca aurait pu être une grande épopée tragique de plus dans l’histoire du peuple juif, une aventure puisant sa source aux origines des temps biblique mais ce n’est finalement qu’un élan pathétique, un peu grandiloquent, destiné à émouvoir un large public et à satisfaire les jurys des concours littéraires. Trop de complaisances concédées au marché peuvent nuire à la qualité de l’œuvre. Il en reste cependant quelques belles envolées sur des airs de Bach et une question obsédante : c’est quoi la justice ? La justice immanente ? La justice de Dieu ? La justice des hommes ? La Loi du Talion ?… L’humanité mérite-t-elle le sacrifice christique ?

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