LENDEMAIN DE DÉFAITE : La chronique de André NAHUM
Il est surprenant que la classe politique ait été surprise par les bons résultats du Front national aux municipales, lundi dernier, alors que cette victoire était prévue par tous depuis longtemps. Seuls ceux qui n’ont pas voulu voir enfermés dans leur dogmatisme et leurs certitudes n’ont rien vu.
Peur sur les villes
Lundi matin, Libération titrait en pleine page «peur sur les villes» et les socialistes, qui croyaient naviguer sur un long fleuve tranquille parce que détenteurs de tous les pouvoirs de l’état, ont paniqué. Pour contenir le parti d’extrême-droite, ils n’ont trouvé que le «front républicain», comme si empêcher le Front national de gagner deux ou trois villes allait régler les problèmes qu’affronte actuellement notre pays en passe de devenir l’homme malade de l’Europe. Pourquoi n’ont-ils pas plutôt le courage de reconnaitre leurs échecs et leurs faiblesses ?
On parle d’un possible remaniement ministériel. Suffira-t-il à apaiser ceux des Français qui attendaient tout du pouvoir actuel et qui, ne voyant rien venir, ont offert leur bulletin de vote à Marine Le Pen ? Face à cette crise de régime, on attend de nos gouvernants qu’ils aient un projet cohérent, une vision d’avenir et non des rafistolages et une simple gestion au jour le jour au gré des vents et des marées.
Réponses aux graves questions
Les électeurs du Front national s’imaginent, à tort, que ce parti saura donner de bonnes réponses aux graves questions qui se posent et qui s’appellent : chômage, insécurité, crise sociétale, intégration ratée, crise de l’école, montée de l’antisémitisme et du racisme, manque de libéralisme à l’égard des entreprises, l’exemple des pressions d’un ministre dans la vente de la société SFR est là pour en témoigner. Ce n’est pas en diabolisant ses électeurs que l‘on peut diminuer l’impact du front national, mais en remédiant aux causes qui ont favorisé son ascension.
Au traumatisme et à la terreur qu’a provoqué le succès de Marine Le Pen, il faut répondre par des mesures exceptionnelles. À défaut d’une dissolution de l’Assemblée nationale, s’impose un changement de cap en mettant en place un gouvernement de combat non-sectaire avec un premier ministre audacieux, pour remettre la France sur les rails. Il faut oser renverser des tabous, affronter des réalités que jusque-là on a voulu occulter. Cela suppose la fin des coteries, de l’enfermement sur soi-même, une large ouverture vers les autres y compris l’opposition, la fin des invectives stériles et des haines tribales, bref une véritable révolution dans les mentalités et les pratiques
Il faut à la France, non seulement des gestionnaires mais aussi et surtout des visionnaires. François Hollande qui a certainement pris conscience de la gravité de la situation, comme en témoigne son retour précipité de La Haye, sait maintenant que tout est à revoir.
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