Les deux jeunesses de Tunisie
Depuis la Révolution, certains ont "perdu" des amis qui se sont radicalisés.
La Tunisie enterre l'opposant politique Chokri Belaïd, abattu mercredi à Tunis. Son assassinat a soulevé une vague d'indignation dans le pays, mais a aussi mis en exergue une insécurité grandissante ainsi qu'une radicalisation de toute une frange de la population.
Dans les quartiers chics de Tunis, Aziz et ses amis aiment se retrouver le soir pour boire une bière et discuter. Ce jeune homme a plus de 600 amis sur Facebook, mais depuis la Révolution de jasmin - qui a entraîné le départ du président Ben Ali et vu arriver au pouvoir le parti islamiste Ennahda - il en a supprimé une bonne quinzaine, qui ont basculé dans l’islam radical.
"On leur a lavé le cerveau"
Pour repérer "ceux qui ont changé", Aziz utilise une méthode simple : regarder la photo de profil de ses amis. "S’il y a un drapeau djihadiste noir avec écrit Allah dessus ou si toutes les photos de soirée où il y a des filles ont été effacées ou encore s’il y a des passages de prêche ou des conneries d’Arabie saoudite, et bien moi j’efface, tout simplement", raconte le jeune homme, à Europe 1.
Avant, ils étaient des camarades de classe, des voisins d’immeuble ou encore des amis de terrain de foot. Mais ces deux jeunesses, aujourd’hui, s’éloignent l’une de l’autre. Certains se sont complètement métamorphosés, raconte Montasar. "C’est comme si on leur avait lavé le cerveau", estime le jeune homme, au micro d’Europe 1. "Tu ne peux plus discuter avec eux, c’est ça le problème", ajoute-t-il. Le dialogue est donc aujourd’hui impossible entre ces anciens amis. Montasar et Aziz iront, eux, manifester vendredi contre le pouvoir islamiste
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