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Les juifs de France affluent en Israël

Les juifs de France affluent en Israël

Par Marie de Vergès

 

L'an dernier, plus de 3000 Français ont fait leur "alya" dans l'état hébreu. Le gouvernement israélien prépare un plan pour encourager cette vague d'immigration.

Emmanuel Schwab est un Israélien heureux. Impossible de déceler la moindre trace de regret ou de nostalgie chez ce Strasbourgeois d'origine quand il raconte sa décision de quitter la France pour vivre en Israël et en acquérir la citoyenneté. C'était il y a douze mois tout rond. "J'ai trouvé un pays en mouvement, où l'économie est dynamique et les gens osent se lancer", explique ce diplômé en économie et gestion de l'Ecole normale supérieure, aujourd'hui installé à Tel-Aviv. "Ici, j'ai l'esprit libre, je ne suis plus pollué par le climat souvent hostile qui règne en France à l'égard des juifs et d'Israël", poursuit le jeune homme de 26 ans qui s'afflige du dernier scandale provoqué par Dieudonné et son fameux geste de la "quenelle". 

Un chiffre en hausse de 63% en 2013

Le nouvel arrivant fait partie des 3120 juifs de France qui ont choisi, en 2013, de faire leur "alya", autrement dit d'émigrer en Israël. Un chiffre en hausse de 63% par rapport à l'année précédente! Jamais, depuis 2005, l'immigration juive en provenance de France n'avait connu une telle vitalité. Et pour la première fois depuis de longues années, les Français fournissent un contingent plus important que les juifs en provenance des Etats-Unis (2680 personnes, en baisse de 13%). 

Les experts s'accordent sur les causes de cette vague d'arrivées: d'un côté, il y a le malaise qui grandit dans l'Hexagone face à une série d'actes antisémites, dont la tuerie de Toulouse en mars 2012 a été le point d'orgue. De l'autre, la morosité économique d'une France où le chômage atteint des sommets. En face, Israël joue à plein sur sa réputation de "nation start up", jeune et innovante. 

Cette poussée de l'immigration française n'a pas échappé au gouvernement de Benyamin Netanyahou. Un plan est en préparation pour la faciliter et l'encourager. Certains diplômes, aujourd'hui non reconnus par les professions médicales et paramédicales (opticiens, physiothérapeutes...), pourraient être acceptés, de même que le métier de conseiller fiscal. Les immigrants pourront aussi bénéficier d'aides financières pour la recherche de logement et d'emploi, et la vie familiale.  

Pourquoi ce déploiement de moyens? "Ces olim [immigrants en hébreu] représentent un vrai potentiel pour Israël, explique Mickael Bensadoun, directeur de l'association Gvahim qui aide les nouveaux arrivants dans leurs parcours professionnels. Ils sont souvent très diplômés et s'intègrent vite. Ils viennent par choix et non pour fuir une situation désespérée. La qualité de leur formation et leur savoir-faire sont appréciés." Surtout, avec près de 500 000 membres, la communauté juive française est la plus importante d'Europe - ils sont entre 5 et 6 millions aux Etat-Unis. L'Etat hébreu pense pouvoir attirer 40 000 d'entre eux d'ici à 2017. Un apport bienvenu alors que l'époque de l'alya de masse, alimentée par les juifs de l'ancienne Union soviétique, est bel et bien révolue. 

Parallèlement, une nouvelle réalité s'impose: la perception d'Israël comme une terre d'émigration pas seulement religieuse et nationaliste, mais aussi économique. Les immigrants juifs ne sont pas seuls à vouloir en profiter comme en témoigne l'arrivée accrue d'Africains depuis quelques années. Mais ceux-là peinent à trouver leur place. Ces derniers jours, ils ont été des milliers à défiler dans les rues de Tel-Aviv contre la politique israélienne d'immigration. 

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