Les Juifs de Tunisie - histoire d’une émancipation, par Albert-Armand Maarek (*)
Comme le dit fort justement Michel Abitbol dans sa préface, « Par cet ouvrage, Albert Maarek prend place dans le brillant petit cercle d’historiens, d’anthropologues et d’écrivains tunisiens, français, américains et israéliens qui, depuis la décolonisation, se sont employés à nous faire mieux connaître le passé de la communauté juive de Tunisie, l’une des plus vieilles du monde dont les débuts datent de l’époque carthaginoise ».
Et, de fait, lors de la « Semaine Tune » qui s’est déroulée au Centre Rachi, en octobre dernier sous l’égide du CRIF, Albert-Marek, lors de son intervention, a séduit le public et, de surcroît, a montré des talents incontestables de conteur. Son ouvrage retrace la saga des Juifs de Tunisie en prenant pour date de départ 1857 et pour date d’achèvement 1958. 1857, c’est la date de la tragique « affaire Batou Sfez » qui voit un malheureux cocher de fiacre juif, Batou Sfez, accusé d’avoir blasphémé la religion musulmane, condamné à mort et exécuté sur ordre du bey de Tunis malgré les interventions de nombreuses personnalités. Pour Albert Maarek, « d’une certaine manière, l’affaire Batou Sfez pourrait être considérée comme un « accélérateur » de l’histoire de la Tunisie de la fin du XIXème siècle ». Une analyse pertinente et bien documentée. 1958, c’est l’année qui marquera les esprits au sein d’une communauté juive quelque peu désemparée par l’accession de la Tunisie à l’indépendance, année de la confiscation du grand cimetière juif de Tunis et sa transformation en jardin public. L’auteur, d’ailleurs, en remontant le temps, nous rappelle fort opportunément que ce cimetière, remarquablement situé en centre ville, avait déjà suscité bien des convoitises quelques années seulement après le début du protectorat. Entre 1857 et 1958, Albert Maarek nous décrit plusieurs personnalités qui ont marqué le pays et nous montre comment s’est peu à peu développée la scolarisation des enfants juifs de Tunisie et, partant, leur émancipation, notamment à travers le réseau de l’Alliance Israélite Universelle. De belles illustrations agrémentent cet ouvrage d’une excellente qualité. À découvrir.
Jean-Pierre Allali
(*) Éditions Glyphe. Septembre 2010. Préface de Michel Abitbol. 288 pages. 21 euros.
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