Les mères juives ne meurent jamais
Natalie David-Weill (Editions du Seuil)
Pour son premier roman, Natalie David-Weill, titulaire d'un doctorat de philosophie et scénariste, a choisi d'aborder sous le titre "Les mères juives ne meurent jamais" le thème de la mère juive à travers l'histoire des mères de sept hommes célèbres.
Usant de la rencontre fictionnelle en l'occurrence au paradis, mais le paradis des mères juives (encore un ghetto) dans lequel elle introduit une jeune défunte, professeur de littérature à la Sorbonne, qui va leur faire passer un véritable interrogatoire autant pour se rassurer d'avoir été une bonne mère que pour vérifier sa théorie en forme de jugement sévère à l'encontre de ces mères qui avaient infantilisé leur rejeton en leur refusant toute autonomie.
Un roman qui traite de la mère juive, même s'il ne s'agit pas d'une thématique nouvelle, a de quoi susciter la curiosité voire l'intérêt d'autant que la mère juive possessive et envahissante envers son fils constitue une des figures de proue de l'humour juif et une thématique récurrente du roman juif-américain newyorkais en tant que vecteur principal de la névrose familiale.
Toutefois, en l'espèce, l'opus déçoit même si, résultant d'un recyclage d'un travail de recherches effectuées initialement pour l'élaboration d'un documentaire, il lève le voile sur certains moments de la biographie peu connue du grand public des mères de Albert Einstein, Romain Gary, Albert Cohn, Sigmund Freud, Marcel Proust et des Marx Brothers, celle annoncée de Woody Allen jouant l'Arlésienne, encore qu'il soit difficile dans ce genre d'exercice de faire la part des choses entre la réalité et la fiction.
Bien qu'étiqueté "humour", l'humour n'est pas la caractéristique principale de cet opus qui, de surcroît rédigé d'une plume qui n'a rien de romanesque et s'épuise à l'artificialité du procédé, reste inféodé à une démarche théorique et didactique, celle de déduire des règles d'éducation à partir de quelques histoires particulières et pour le moins singulières, qui conditionne l'écriture en chapitres thématiques.
Toutefois, la bibliographie citée in fine donnera des pistes de lecture à ceux qui voudraient en savoir plus sur la mère juive, mythe ou réalité, et sur les mères évoquées.
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