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Les mensonges médiatiques concernant les élections iraniennes

On comprend pourquoi Khamenei rigole Il a lu la presse française ?

Les mensonges médiatiques concernant les élections iraniennes (info # 010603/16)[Analyse]

Par Guy Millière ©MetulaNewsAgency

 

On le sait, des élections viennent de se dérouler en Iran. Les journaux et les magazines de toute la presse occidentale regorgent de commentaires débiles et contrefacteurs qui participent, une fois de plus, de l’imposture, et qui doivent donc être dénoncés.

 

La débilité tient au vocabulaire utilisé, mais doit-on parler de débilité ou de malveillance délibérée ? De tous côtés, on évoque de prétendus « modérés » ou des « réformistes ». On dit aussi très souvent que, face aux « modérés » (ou « réformistes ») se dressent les « conservateurs ». La notion de « modéré », comme la notion de « réformiste » n’a aucun sens dans le contexte d’un régime tel que la théocratie iranienne, ou, plus exactement, elle a autant de sens que les termes « terroriste modéré » et « assassin modéré ». Elle ne va pas sans rappeler l’expression « islamiste modéré », employée très souvent il y a quelques années. Il n’y a pas de « modérés » dans la junte iranienne, qui est un régime de type totalitaire, pour la simple raison qu’il n’existe pas de totalitarisme modéré.

 

Il n’y a pas de réforme possible dans un régime tel que le régime iranien. Ce régime repose sur les règles définies par l’ayatollah Khomeiny, celles du velayat e faqih, le gouvernement du docte, le « guide suprême », qui dispose seul du pouvoir. Ceux qui ne sont pas le « guide suprême » ne peuvent rien changer, et partant, rien réformer.

 

La notion de « conservateurs » n’a elle-même aucun sens : dans le cadre du velayat e faqih, le « guide suprême » perpétue les notions strictes qui composent le dogme inhérent au velayat e faqih, et ceux qui lui sont subordonnés doivent respecter lesdites notions et les conserver.

 

Employer le mot « conservateurs » en ce contexte est feindre d’ignorer, qui plus est, que l’Iran a été autrefois gouverné autrement, que le velayat e faqih ne peut être identifié à l’islam chiite, mais qu’il constitue une utilisation totalitaire et radicale de l’islam chiite.

 

Le « conservatisme » en question est né d’une rupture révolutionnaire et se situe dès lors aux antipodes de tout ce qu’on peut appeler conservatisme dans le monde occidental. Les continuateurs de Lénine étaient peut-être des « conservateurs » de la doctrine léniniste, mais être « conservateur » d’une rupture révolutionnaire n’a rien à voir, vraiment rien, avec être conservateur au sens où on pourrait qualifier Ronald Reagan d’avoir été un « conservateur » américain, ou Philippe de Villiers d’être un « conservateur » français.

 

La falsification déroule. Il y a certes des candidats en Iran, et des élus, mais tous, strictement tous – outre le fait qu’ils n’ont aucun pouvoir (tout comme le Président potiche Rohani, d’ailleurs) -, ont été préalablement sélectionnés par la junte de façon à s’assurer qu’aucun d’entre eux ne s’éloignera du velayat e faqih. Dès lors, il y a autant de différence entre les candidats qu’il peut y en avoir en France entre Olivier Besancenot et Jean-Luc Mélenchon.

 

Les deux assemblées qui ont fait l’objet d’élections en Iran sont l’ « assemblée des experts », 86 membres, et le parlement.

 

L’ « assemblée des experts » a un seul rôle : désigner le « guide suprême ». Tous les candidats à l’ « assemblée des experts » ont été choisis à l’avance par le « conseil des gardiens », composé de douze membres nommés par le « guide suprême » (six membres nommés directement par lui, six autres nommés par le ministre de la justice et entérinés par le « guide suprême ») : toutes les candidatures sont validées personnellement par le « guide suprême ».

 

Autrement dit : des gens nommés par le guide suprême sélectionnent des candidats conformément aux volontés du guide suprême, et ces candidats sont les candidats choisis par le « guide suprême ». L’incertitude électorale est ainsi à son comble : seront-ils très proches des positions du « guide suprême », ou extrêmement très proches de celles-ci ?

 

On peut ajouter que ces gens n’auront à décider de quelque chose que si le « guide suprême » meurt. Qui peut penser qu’ils nommeront quelqu’un de très différent du « guide suprême » précédent ? Ceux, sans doute, qui pensaient il y a plusieurs décennies que Leonid Brejnev serait très différent de Nikita Khrouchtchev, et considéraient que l’Union Soviétique était une démocratie.

 

Le parlement iranien est une chambre d’enregistrement, et les candidats au parlement doivent eux-mêmes avoir vu leur candidature entérinée par le « conseil des gardiens ». Il est arrivé que des membres du parlement semblent à même de s’en écarter, tout comme des candidats à la présidence (pourtant choisis eux aussi selon le même procédé) ont pu sembler susceptibles de s’écarter de la ligne. Les membres du parlement en question ont été écartés, ou éliminés physiquement. Les candidats à la présidence en question ont eux aussi été écartés.

 

Pourquoi des journalistes falsifient-ils les faits ? La question mériterait de leur être posée.

 

Je ne suis pas certain que, dans les écoles de journalisme occidentales, on apprenne encore la différence entre démocratie et totalitarisme.

 

Je dois constater qu’il y a, souvent, chez nombre de journalistes occidentaux, une préférence consciente ou inconsciente pour les despotes et le totalitarisme.

 

Je dois constater que la plupart des journalistes occidentaux, à l’époque, ont été soulevés d’enthousiasme quand l’ayatollah Khomeiny est arrivé au pouvoir en Iran, en 1979.

 

Ces mêmes journalistes ou leurs prédécesseurs s’étaient montrés enthousiastes quand Pol Pot avait pris le pouvoir au Cambodge, et ils voient dans un homme comme Mahmoud Abbas, qui se trouve dans la onzième année de son mandat de quatre ans, un président légitime.

 

Que leur dire dès lors ? Que ce sont des propagandistes ? Sans doute faut-il le leur dire : vous êtes des propagandistes, non des journalistes !  

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