Jérusalem, 31 janvier 2011
Vanessa Paradis Vanessa Paradis
Universal Music France Agence Adéquat
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Madame,
En annulant votre concert en Israël, vous adhérez, que vous le vouliez ou non, aux héritiers de ceux qui, il n'y a pas si longtemps, hurlaient dans les rues de Berlin "Kauft nicht bei Juden!" – N'achetez pas chez les Juifs.
Le seul résultat de votre démarche est d'affaiblir encore un peu plus ceux des Israéliens qui, comme moi, militent pour un compromis généreux avec les Palestiniens.
La manifestation de haine à laquelle vous avez prêté votre nom ne fait que radicaliser plus encore les positions de l'Israélien moyen, qui se convainc qu'en effet "le monde est contre nous". Et cette mentalité de forteresse assiégée, que vous venez de renforcer, ne prête pas au compromis.
Voilà ce que vous auriez dû comprendre, mais vous avez préféré hurler avec la meute des néo-staliniens, des fascistes rouges et verts, des héritiers de Goebbels qui se cachent sous un "antisionisme" qui ne trompe personne.
L'écrasante majorité des Palestiniens eux-mêmes adoptent une attitude bien plus constructive que la vôtre, ainsi qu'en témoignent le concert récemment donné en Israël par l'Orchestre National de Palestine ou la coopération qui va grandissant entre entreprises de hi-tech israélienne et ingénieurs informatiques palestiniens ( voir
http://www.haaretz.com/news/national/israeli-high-tech-companies-outsourcing-to-palestinians-1.331256 - Haaretz, 18.12.2010), pour ne prendre que deux exemples récents entre cent.
Peut-être, un jour, dans un moment de réflexion, verrez-vous comment en ce début 2011 vous avez apporté (ignorance? peur devant la menace?) votre soutien au camp de la haine et du refus dans ce conflit du Proche-Orient qui a tant besoin, au contraire, d'hommes et de femmes de bonne volonté.
A dire vrai, il n'y a rien de plus méprisable que les pousse-au-crime, bien calés dans leurs salons de Paris ou d'ailleurs, et qui jugent utile de verser de l'huile sur le feu d'un conflit sur lequel ils n'ont que clichés et idées reçues.
On me dit que je perds mon temps à vous écrire, ce qui est probablement malheureusement le cas. Je le fais cependant, car au-delà de vous il y a tous ceux qui liront cette "lettre ouverte" et qui, peut-être, en tireront quelque réflexion.
Vous me pardonnerez de ne pas éprouver le moindre respect devant votre attitude et de regarder vers l'avenir en me souvenant de ce proverbe arabe si suggestif: "Les chiens aboient, la caravane passe".
Yehoshoua AMISHAV, ancien diplomate
POB 7583
91074 Jérusalem
Israël
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