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Lev Leviev, le bijoutier qui s’est fait voler 103 millions d'euros

Lev Leviev, le bijoutier qui s’est fait voler 103 millions d'euros
 
 
 
 
 

Russo-Israélien et juif orthodoxe, le patron de la maison Leviev a bâti un gigantesque empire du diamant, tout en réussissant à mettre un pied dans les mines d’Angola.

Les assurances couvriront-elles la perte ? Le manque à gagner est de taille : 103 millions d’euros ! Le montant estimé de la valise de diamants dérobée dimanche à l’hôtel Carlton de Cannes. N’empêche que pour Lev Leviev, la victime de ce fric-frac de tous les records, dont la société organisait l’exposition “Extraordinary Diamonds”, le coup est dur. Au cœur de sa fortune, les diamants ont en effet toujours été un îlot de stabilité – et de prospérité. Et lorsque son empire avait failli être emporté par la crise de 2008, ce milliardaire russo-israélien de 57 ans avait ainsi pu se consoler avec cette certitude : les diamants sont éternels.

On dit qu’en 1971, son père avait réussi à emporter quelques précieuses pierres lorsque les Leviev avaient quitté Tashkent, la capitale d’Ouzbékistan, alors république soviétique pour rejoindre Israël. Pilier de la communauté juive locale, l’une des plus anciennes de la diaspora, la famille échoue à Lod, morne cité du centre de l’Etat hébreu. Lev a 15 ans. L’adolescent est envoyé dans un pensionnat mêlant études religieuses et formation professionnelle. Il effectue ensuite ses trois ans d’armée au sein du rabbinat militaire. On a connu plus glamour.

Juger une pierre d’un coup d’oeil

Rendu à la vie civile, il se fait embaucher chez un tailleur de diamants de Tel Aviv, où il apprend à jauger d’un coup d’œil de la qualité d’une pierre. Rapidement, les affaires marchent bien pour Lev Leviev qui s’associe avec son frère pour créer une société de courtage, profitant qu’Israël soit avec Anvers la plaque tournante du commerce de diamants.

Mais c’est l’écroulement de l’URSS qui lui permet, à partir de 1989, de changer de dimension. Profitant du grand dérèglement post-soviétique, il parvient grâce à ses appuis dans la nouvelle administration, à mettre un pied dans les mines d’Angola, ancienne “république sœur”, dont les sous-sols regorgent de pierres précieuses.

La toute puissante De Beers, qui exerçait jusqu’alors un monopole exclusif sur l’industrie diamantaire, tentera bien de lui mettre des bâtons dans les roues. Trop tard cependant : Leviev est lancé et devient en quelques années l’un des géants mondial du secteur avec sa société LLD (Lev Leviev Diamonds) dont le chiffre d’affaire est estimé à 1,5 milliards de dollars.

Ebranlé par la crise

On dit encore que c’est pour être enfin reconnu par la bonne société israélienne qu’il acquiert en 1996 Africa-Israel, une holding financière locale. En quelques années, l’entreprise se transforme en un consortium international investissant tous azimuts, aussi bien dans l’industrie chimique, que dans la grande distribution, l’immobilier ou les stations services. En cherchant même à investir le marché des prisons privées. Un “machin” fragile qui se prend de plein fouet la crise financière de 2008.

Lev Leviev, qui avec Africa-Israel a beaucoup spéculé sur le marché immobilier américain, est menacé de ruine. En quelques mois, sa fortune de passe ainsi de 8 à 1,5 milliards de dollars. Mais le tycoon a de la ressource, et en empruntant 20 milliards de dollars, il parvient tant bien que mal à enrayer l’hémorragie. Ce qui ne l’empêche pas de continuer à traîner Africa-Israel comme un boulet. En 2012, l’entreprise a ainsi encore perdu un milliard de dollars.

Piscine carrelée d’or

Classé à la 209e place des plus grandes fortunes mondiales, Lev Leviev est, pour le reste, d’une étonnante discrétion. La seule folie bling-bling qu’on lui connaisse est l’achat en 2008 de la maison la plus chère de Londres où il est désormais installé. Pour 53 millions d’euros, il peut ainsi – entre autre – se baigner dans une piscine carrelée d’or ou admirer le hall d’entrée de sa propriété, copié sur la galerie des Glaces de Versailles.

Mais point de yacht démesuré ni d’équipe de football ou de compagne glamour, à la différence de son copain Roman Abramovitch, le propriétaire du club de Chelsea. On ne le voit jamais non plus dans les événements mondains, où ce juif très pratiquant  qui mange strictement cacher risquerait de toute façon de mourir de faim.

“Je n’ai jamais transigé sur mes principes religieux”

Ses largesses, il les réserve au mouvement hassidique Loubavitch dont il est l’un des principaux donateurs, à hauteur de 30 millions de dollars annuel. Marié depuis toujours à Olga avec laquelle il a eu neuf enfants, il ne sort jamais sans sa kippa, tandis que sa femme est coiffée d’une perruque, conformément aux habitudes de juifs pieux. “Dans les affaires, je n’ai jamais transigé sur mes principes religieux. Au contraire, je les ai toujours affichés sans honte et mes interlocuteurs, quels qu’ils soient, me respectent pour cela. C’est quand on se cache que l’on provoque l’hostilité”, explique-t-il parfois.

La promotion d’un judaïsme ultra-orthodoxe – il préfère dire “authentique” - lui a cependant valu des déboires, il y a quelques années, avec le ministère israélien de l’Education qui trouvait que le programme de soutien scolaire financé par sa fondation présentait une approche “pas assez humaniste et séculière”.

Un diamant rose monté en bague

En mai 2011, Lev Leviev s’était offert une folie : un magnifique diamant rose monté en bague acheté 11 millions de dollars – un record – chez Sotheby’s à Genève. Cette pierre, unique par sa pureté et sa taille, faisait sans doute partie de la collection dérobée à Cannes. De quoi briser un cœur de diamantaire : c’est un bout d’éternité, un miracle façonné par la nature durant des millions d’années qui a disparu, pas seulement une valeur monétaire. Mais allez expliquer cela à un assureur…

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