Malentendus en trois points entre les hommes et les femmes
Entre un homme et une femme ça ne tient qu'à un fil, celui où se rencontrent entremêlés les trois autres: corps, sentiments et culture. Evidence... mais souvent oubliée.
Par Mehdi Jendoubi
Trois fils majeurs unissent un homme et une femme. Quelle prétention de vouloir en parler en 500 mots, quand des milliers de livres et des millions de pages de littérature et de science traitent depuis toujours de cette question et proposent en vain les solutions introuvables. Osons à 60 ans, quelques brèves et naïves abstractions.
Un fil génétique, physiologique, physique et animal venant des lointaines origines de la vie amenant une énergie vitale perpétuée à travers des cellules voyageuses qui traversent le temps transmettant un feu non extinctible sauf par la mort, mais qui peut prendre des formes et des intensités multiples selon les âges et les cas particuliers de chacun, et qui donne à l'homme et à la femme leur énergie sexuelle qui rythme leur corps, toutes les étapes de leur vie.
S'élever par la culture et la civilisation de notre condition animale est l'honneur de l'homme, mais nier complètement cette origine et ses multiples formes de présence dans tout ce qui fait un homme et une femme et rompre les ponts avec ce qui fait que nous sommes des organismes vivants, est erroné. Le singe caché en nous ne doit pas toujours nous révulser; bien au contraire, il doit être notre signe de rattachement à ce qu'il y a de plus beau, chez mère nature qui nous a générés.
Un fil affectif, sentimental amenant notre besoin d'aimer et notre capacité à haïr qui enveloppe tout acte humain. Si nous avons peur ou si nous sommes courageux, si nous avons confiance ou si nous sommes dans le doute, si nous passons de l'amour à l'indifférence ou à la haine, si nous sommes mus par un élan vital et créateur ou si nous sommes dans une frigide passivité qui bloque ou complique l'action la plus simple..., ce sont nos sentiments les plus faibles ou les plus forts, les plus positifs ou les plus négatifs, qui en sont responsables.
Un fil intellectuel, cérébral, intelligent et calculateur qui nous donne toute notre connaissance de l'univers lentement transmise par la famille, l'école, les œuvres de l'esprit que nous avons la chance de lire ou de voir, les medias et les multiples expériences de vie de chacun. Cela va des recettes de cuisine les plus simples aux théories les plus complexes. De la chanson la plus répandue aux livres les moins disponibles.
Ce sont les différents vecteurs du capital universel de l'intelligence humaine dont nous héritons et que nous partageons avec nos semblables, et qui nous rapprochent de notre condition d'humain questionneur, débatteur, et acteur de sa propre vie, même quand les goûts et les idées divisent.
Si les hommes sont plus portés sur le fil qui les rattache à leur animalité première, même s'ils sont capables de beaux sentiments mais combien changeants, les femmes sont, elles, du moins nous le font-elles rappeler à longueur de reproches, plus attachées au fil sentimental qui devient parfois le seul qui vaille la peine, et tendent à condamner les hommes trop «cochons» à leurs yeux.
Le troisième fil culturel, s'il est largement valorisé dans la vie professionnelle et comme activité individuelle et collective dans certains milieux, est malheureusement peu partagé entre les hommes et les femmes que je connais, qui gagneront à voir ensemble des films ou des pièces de théâtre, à lire ensemble ou même à prier ensemble et surtout à en discuter.
Entre un homme et une femme ça ne tient qu'à un fil, celui où se rencontrent entremêlés les trois autres: corps, sentiments et culture. Evidence... mais souvent oubliée.
Illustration: "Man and Woman" par Gustav Vigeland.
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