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Nelson Mandela n’a jamais associé Israël à l’apartheid

Nelson Mandela ici avec son ami Shimon Pérès

Nelson Mandela n’a jamais associé Israël à l’apartheid (info # 010812/13) [Analyse]

Par Guy Millière © Metula News Agency

 

Hormis les dirigeants du Hamas et de l'Autorité Palestinienne, personne n'a encore tenu de discours anti-israélien à la suite du décès de Nelson Mandela. Une période de deuil international s'est ouverte, emplie par les éloges envers un homme dont on avait déjà fait une icône de son vivant, et que l'on va désormais invoquer comme un demi-dieu pour justifier tout et n'importe quoi.

 

C'est lorsque l'on parlera de paix comme on en parle dans les media occidentaux que cela deviendra dangereux, car le mot paix y revêt toujours des allures de défaitisme anti-occidental. Et le mot paix commence d'ores et déjà à se faire entendre.

 

Il sera sans doute suivi de près par le mot « apartheid », et on dira que Nelson Mandela a fait tomber l'apartheid en Afrique du Sud, en oubliant que c'est incomplet, et que l'apartheid est surtout tombé parce qu'il y a eu la chute de l'empire soviétique et que l'African National Congress - fragment du mouvement communiste international, financé par l'Union Soviétique à des fins très intéressées – avait cessé de représenter une menace.

 

On ajoutera vraisemblablement, dans certains cercles, qu'il existe aujourd'hui encore de l'apartheid quelque part dans le monde, et quand bien même l'affirmation sera aussi inexacte que celle prétendant que Nelson Mandela a éliminé l'apartheid à lui seul, elle n'en sera pas moins proférée. Il suffira pour cela advienne de suivre la voie ouverte par les dirigeants du Hamas et de l'Autorité Palestinienne.

 

On verra des groupes « propalestiniens » incriminer Israël, invoquant le nom de Nelson Mandela pour pointer du doigt, en son nom, le traitement « discriminatoire » et « raciste » subi par les Palestiniens, et la « colonisation » de la « terre palestinienne ».

 

On pourra compter sur des usurpateurs se drapant dans le symbole Nelson Mandela pour venir en rajouter à l'incrimination : je ne serais pas du tout surpris de voir Desmond Tutu venir jouer ce rôle. Je suis sûr qu'il frémit d'impatience.

 

Le seul problème est que, quand bien même Nelson Mandela a pu prononcer des propos regrettables sur Israël et la cause palestinienne, et a eu des fréquentations très douteuses, il n'était pas anti-israélien.

 

Cela doit être rappelé et d'urgence.

 

Dans ses mémoires "Un long chemin vers la liberté", parues en 1995, Nelson Mandela se réfère, pour expliquer son combat, non pas à des marxistes tels que Fidel Castro ou Ernesto Che Guevara, mais à Arthur Goldreich, un Juif d'Afrique du Sud qui a combattu au sein du Palmach – les célèbres Plugot Maḥatz, la force d’élite de la Haganah pendant la Guerre d’Indépendance d'Israël. Cela fut d'ailleurs rappelé, à juste titre, par la presse israélienne lors du décès d'Arthur Goldreich.

 

Arthur Goldreich, après qu'Israël eut gagné la guerre, retourna en Afrique du Sud pour combattre l'apartheid. Il a abrité Nelson Mandela pendant quelques mois avant d'être arrêté, condamné à la prison à vie, et de s'évader pour rejoindre à nouveau Israël, où il s'est éteint en 2011.

 

Nelson Mandela a entretenu des relations avec des dirigeants israéliens. Il s'est rendu en visite en Israël en 1999, voyage au cours duquel il a rencontré des membres du gouvernement israélien, notamment le Premier ministre Ehud Barak et le Président de l'époque, Ezer Weisman.

 

Lors de ce voyage, Mandela avait tenu des propos soulignant sa compréhension du fait que la reconnaissance d'Israël par les pays du monde arabe en général était « nécessaire ». Il a ensuite rencontré Yasser Arafat, certes ; il n'a, pour autant, jamais tenu de propos négationnistes ou infâmes à l’encontre d’Israël.

 

Il n'a, cela doit être souligné, jamais parlé d'apartheid à propos d'Israël.

 

Irshad Manji, auteur et professeur canadien, a, voici une décennie, écrit un texte délibérément parodique attribué à Nelson Mandela, et entendait que ce texte reste une parodie.

 

Ce texte a néanmoins été mis en circulation comme s'il s'agissait d'un vrai texte de Nelson Mandela, et Irshad Manji a eu beau faire et écrire sans répit que ce n'était pas le cas, et que c’était une parodie, il n'en continue pas moins à circuler. Il est également possible de consulter les positions authentiques d'Irshad Manji concernant Israël.

 

Le texte a refait surface, diffusé par des « défenseurs de la cause palestinienne ».

 

Qu'ils utilisent un faux s’inscrit dans leur logique : faire parler les morts en leur attribuant des propos qui ne sont pas les leurs est un fait coutumier des gens qui justifient le terrorisme et les meurtres les plus abjects, et qui ne cessent de falsifier l'histoire et les faits du présent et du passé proche.

 

Des amis d'Israël, sans aucun doute bien intentionnés, citent eux aussi ce texte, et il est indispensable de les mettre en garde : en citant un faux de bonne foi, ils contribuent à accréditer l'idée que ce faux n'en est pas un, et servent la propagande de ceux qu'ils entendent combattre.

 

Il faut laisser les faux à ceux qui pensent faux, et les dénoncer, sans jamais accréditer leurs impostures.

 

Nelson Mandela n'était pas un ami d'Israël. Il n'était pas non plus l’un de ses ennemis. Il était, disons, un ami du « processus de paix ».

 

Quand bien même on aurait d'autres positions que les siennes - et c'est mon cas, j'ai souvent écrit sur le fait que le « processus de paix » était l’autre nom de la guerre, simplement menée par d'autres moyens -, il n'empêche que Nelson Mandela n'a jamais nié le droit d'Israël à l’existence. Et il n'a jamais parlé d'apartheid à propos d'Israël. Non.

 

Ceux qui utilisent et utiliseront son nom pour incriminer vilement Israël, tenir eux-mêmes des propos négationnistes ou infâmes le concernant, et ceux qui font et feront usage de faux, doivent être renvoyés sur le banc d'infamie, qui est l’endroit qu'ils ne devraient jamais quitter. 

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