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Nucléaire iranien. Les scénarios israéliens

 

Nucléaire iranien. Les scénarios israéliens

 

Alors que les négociations ont repris, hier, en Turquie, sur le très controversé programme nucléaire iranien, Israël se prépare à toute éventualité. Si l'hypothèse d'une attaque préventive n'est pas exclue, les Israéliens assurent cependant que, pour l'heure, l'option militaire serait leur dernier recours.

Il fut un temps, juste avant la révolution iranienne de 1979, où il existait deux vols hebdomadaires reliant Tel Aviv à Téhéran. À cette époque, les relations entre l'Iran et Israël étaient intenses. Les juifs perses, qui constituent la plus ancienne diaspora juive au monde, étaient alors 80.000. Aujourd'hui, tout cela semble de la pure science-fiction. Le changement de cap est donné dès les années 80 par le père de la Révolution iranienne. Dès son retour en Iran après plusieurs années d'exil en France, l'ayatollah Khomeini qualifie l'État hébreu de «petit satan», «d'ennemi de l'Islam», de «cancer implanté au coeur de la nation musulmane».

Une menace régulièrement proférée

Plus proche de nous, l'actuel président iranien, Mahmoud Ahmadinejad, organise à Téhéran, à l'automne 2005, une conférence intitulée «Un monde sans sionisme», où, dans un discours qui fait date, il déclare: «Israël doit être rayé de la carte». Une menace qui n'a cessé d'être régulièrement proférée depuis, et qui pour la population israélienne fait écho aux appels d'Hitler à détruire le peuple juif lancés dans les années 30. Tommy Lapid, ancien rescapé de la Shoah, journaliste et député, exprimait parfaitement le sentiment suscité par ces propos: «Nous ne prendrons pas le risque que d'autres musées de la Shoah soient inaugurés à notre mémoire».

L'offensive ne serait pas imminente

La peur d'une nouvelle tentative de destruction du peuple juif implique-t-elle que les responsables israéliens décident de mener une attaque préventive contre les installations nucléaires iraniennes? L'hypothèse n'est pas exclue. Cependant, comme l'ont souvent dit les responsables israéliens successifs ces dernières années, «l'option militaire est la dernière option». Position rappelée cette semaine par Shaul Mofaz, ancien chef d'État-major. Mofaz, désormais chef de Kadima, le principal parti d'opposition, et qui ambitionne de devenir Premier ministre, souligne d'ailleurs qu'il n'y aura pas de «coalition et d'opposition» en la matière. Autrement dit, les choix à faire sur l'Iran ne seront pas une source de discorde de politique intérieure. Enfin, à ses yeux, «l'épée n'est pas encore au-dessus de notre tête». En d'autres termes, l'offensive israélienne n'est pas imminente.

Du temps à donner à la diplomatie

Ces propos font écho à ceux du Premier ministre, Benjamin Netanyahu, qui déclarait en mars qu'une telle offensive «n'était pas une question de jours ou même de semaines. Mais la question ne se pose pas non plus en termes d'années». Il s'agit donc toujours de donner du temps à la diplomatie, d'exercer des pressions en tous genres, qu'il s'agisse de déclarations officielles, de fuites organisées, voire d'opérations de sabotage, l'ensemble de ces actions consistant à repousser l'échéance d'une bombe nucléaire iranienne davantage qu'à l'éliminer. Cependant, Netanyahu a précisé que les États-Unis et Israël ne percevaient pas nécessairement la situation de la même manière. «Les États-Unis sont grands et loin de l'Iran, Israël est petit et plus proche de l'Iran, et - bien sûr - nous avons des capacités d'action distinctes. Par conséquent, notre compte à rebours fonctionne sur un autre rythme». Il reste que, selon Netanyahu, si jamais Israël devait agir en Iran sans l'accord des États-Unis, cela ne générerait pas de rupture avec Washington. Et de rappeler que David Ben Gourion a prononcé l'indépendance de l'État hébreu en 1948 malgré l'opposition américaine, que la guerre de 1967 a été lancée contre l'avis américain et que la décision de détruire le réacteur nucléaire irakien Osirak a été prise en dépit du désaccord de Washington.

  • Catherine Dupeyron

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